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La Cour des comptes diagnostique les anomalies dans les hôpitaux


Rédigé par leral.net le Jeudi 28 Août 2014 à 11:25 | | 0 commentaire(s)|

La Cour des comptes diagnostique les anomalies dans les hôpitaux
L'étude sur la gestion des urgences dans les hôpitaux publics du Sénégal constitue le premier rapport thématique de la Cour des comptes. Faisant l'état des lieux des urgences pré-hospitalières et hospitalières, l’étude a permis de déceler qu’il existe un réel manque d’infrastructures et de personnel dans les services d’urgences pré-hospitaliers que sont le Service d’assistance médicale d’urgence (Samu), le Groupement national des sapeurs-pompiers (Gnsp) et les autres opérateurs de transport sanitaire.

«Outre le manque de médecins urgentistes, le Samu ne disposait pas de siège et de locaux fonctionnels, même si la décision de construire des locaux dans l'emprise de l'Hôpital de Fann et d'équiper un Centre de réception et de régulation des appels a été prise», note le rapport qui précise que «les équipements mobiles d'intervention (ambulances médicalisées) du Service mobile d'urgence et de réanimation (Smur) se réduisent, durant la période de l'étude, à 4 ambulances médicalisées et 2 ambulances pré-positionnées l'une à l'hôpital Le Dantec, l'autre à l'hôpital régional de Saint-Louis, ce qui est dérisoire par rapport aux besoins du pays».

S’agissant du Groupement national des sapeurs-pompiers (Gnsp), le document renseigne que «même si les statistiques montrent que le Gnsp est la structure la plus importante de l'évacuation primaire dans l'urgence pré-hospitalière, il y a lieu de noter que ce service connaît une insuffisance en matériel de télécommunication et en véhicules d'intervention, ce qui justifie le fléchissement des évacuations
pré-hospitalières».

Problème de gestion dans les services des urgences pré-hospitalières

Dans les services d’urgences pré-hospitalières se pose également un problème de gestion. En effet, le rapport explique que «les focus group pratiqués avec les familles des patients ont relevé que les services privés sont inaccessibles à la plupart des populations en raison de la cherté du coût d'évacuation ». Et la cause principale des difficultés à assurer le transfert des malades vers les établissements de santé réside dans «la cherté du coût du transport, l'absence de Smur dans les hôpitaux, la difficulté de transférer en interne les patients dans les services spécialisés, une fois l'urgence levée, faute de lits d'hôpitaux fonctionnels en nombre suffisant », entre autres.

Principal, le seul hôpital aux normes

Dans les hôpitaux du Sénégal se pose un réel problème d’infrastructure. Selon le rapport, seul l’hôpital Principal de Dakar répond, tant soit peu, aux normes. «Seuls les Services d'urgences de l'hôpital de Pikine et de l'hôpital Principal disposent d'une configuration qui respecte la norme exigeant la réservation de l'accès au service des urgences exclusivement aux patients en urgence. Tous les services d'accueil des urgences visités disposent de salles de consultation, d'unité d'hospitalisation de courte durée et de soins. Cependant, aucun ne dispose de salle de déchoquage, de salle d'examen fonctionnel, de sanitaires pour le personnel et pour les familles, à l'exception de l'hôpital régional de Saint-Louis, de l'hôpital Principal et de l'hôpital de Pikine», note le document.

«A part l'hôpital Principal, aucun des hôpitaux visités ne dispose d'un local confidentiel de réception des familles pour l'annonce d'un pronostic grave ou de décès. Il n'y a ni bloc opératoire ni salle de réveil au niveau des Sau. Les 2 blocs opératoires de l'hôpital de Saint-Louis, seuls à en disposer, ne sont pas fonctionnels par manque de personnel», souligne le rapport qui, pire, renseigne que «les Sau de Ziguinchor, Ourossogui et Ndioum sont dans un état de dégradation avancé».

La gestion du matériel et des consommables est un véritable problème aussi. «Aucun des hôpitaux visités, à l'exception de l'hôpital Principal et de l'hôpital de Pikine, ne disposait de matériel adéquat. Les salles ne sont pas équipées en matériel d'examen de base (otoscope, ophtalmoscope, négatoscope)», se désole le rapport qui indique encore qu’à l'exception notable de l'hôpital Principal, il n'existe pas d'inventaire du matériel disponible, encore moins de suivi dans la maintenance. Il n'existe aucune procédure de relevé des incidents et accidents de matériel (matériovigilance) ou de tableaux de bord de consommation du petit matériel (seringues, compresses, coton, alcool) qui, lui-même, n'est pas disponible en quantité suffisante».

L'analyse montre également que pour sept hôpitaux sur dix, les charges de personnel dépassent les recettes propres. «Seuls les hôpitaux Principal, Fann et Pikine dégagent des recettes propres qui couvrent les charges de personnel», note-t-on.

Absence de ressources humaines qualifiées

La Cour des comptes a relevé également le problème de ressources humaines qualifiées dans nos hôpitaux. «Les services d'urgences connaissent des disparités de statut de leurs personnels. En effet, les chefs de service des Sau des hôpitaux de Dakar sont des médecins spécialisés. L'Hôpital Principal, établissement de santé militaire avec un statut particulier, dispose de médecins spécialisés agrégés de l'hôpital du Val de Grâce, de spécialistes des hôpitaux des armées et d'urgentistes brevetés dans les spécialités d'anesthésie-réanimation et d'urgence. Quant aux hôpitaux de Ziguinchor, Ndioum et Ourossogui, leurs chefs de service sont des médecins généralistes contractuels». Aussi, «au moment de l'étude, seul l'hôpital Principal disposait de médecins urgentistes avec un personnel paramédical bénéficiant de formation continue en médecine d'urgence. Les personnels des autres hôpitaux ne bénéficient d'aucune formation continue dans le domaine de la prise en charge des urgences. Ils n'ont même pas l'occasion de participer à des rencontres scientifiques en matière d'urgences, notamment pour le personnel des hôpitaux régionaux de Ziguinchor, Matam et Saint-Louis».

En ce qui concerne l'analyse des états financiers sur les exercices 2006 à 2008 couverts, l'étude montre que «le fonds de roulement est négatif pour les hôpitaux de Fann, Le Dantec, Hoggy et Saint-Louis et positif pour les autres hôpitaux».

Le Plan Sésame et la gratuité des césariennes aggravent la dette de l’Etat vis-à-vis des hôpitaux

A cause de la gratuité de la prise en charge de certains malades dans le cadre de la politique sociale, l’Etat du Sénégal accumule des dettes vis-à-vis des hôpitaux. Le rapport renseigne que les activités, respectivement appelées Plan Sésame et la gratuité des césariennes, ont un impact négatif certain sur l'équilibre financier des Etablissement publics de sante (Eps). En ce qui concerne le plan Sésame, «il en découle une aggravation des difficultés de trésorerie que rencontrent les hôpitaux et un risque pour la continuation du plan. A titre d'exemple, au 31 décembre 2008, l'Etat devait 1 150 727 494 francs Cfa à l'hôpital Principal au titre du Plan Sésame».

Concernant la gratuité des césariennes, «les prestations concernées par la gratuité des césariennes ne sont pas régulièrement payées aux Eps par le ministère de l'Economie et des Finances. Au surplus, il faut souligner que tous les Eps ne facturent pas systématiquement lesdites prestations à l'Etat».

Source:Populaire