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« La concomitance dans la libération d’El Malick Seck et des douze nervis est perverse dans son fond »

NETTALI.NET- Mbaye Sidy Mbaye, professeur d’éthique et de déontologie au Cesti trouve que la concomitance notée dans la libération du journaliste El Malick Seck et des douze nervis condamnés pour le saccage des journaux l’As et 24 heures chrono, est perverse dans son fond. Dans un entretien avec Nettali, M. Mbaye a également abordé d’autres questions liées aux médias.


Rédigé par leral.net le Mercredi 6 Mai 2009 à 03:52 | | 0 commentaire(s)|

« La concomitance dans la libération d’El Malick Seck et des douze nervis est perverse dans son fond »
Que pensez-vous de la libération du journaliste El Malick Seck en même temps que les douze nervis qui avaient saccagé les locaux de l’As et de 24 heures chrono ?

Ce qui me dérange beaucoup c’est la concomitance dans le cas d’El Malick, c’est le président lui même et son fils qui étaient visés. Il a parfaitement le droit en tant que plaignant, mais aussi en tant que président de le gracier. Le problème c’est qu’il a, en même temps gracié des personnes qui avaient détruit des biens privés et qui ont blessé des journalistes. Ce sont des délits que l’on n’a pas fini d’exploiter. Les propriétaires de ces journaux ne sont pas encore indemnisés et les personnes blessées non plus. Le président aurait dû, je pense, se dire qu’avec cette mesure de grâce, ces personnes allaient être blessées et frustrées parce que leur jugement n’est pas allé jusqu’au bout. Cette concomitance est perverse dans son fond. En vérité, j’écoutais les émissions interactives dans les radios privées, lorsque le président avait demandé à El Malick de solliciter sa grâce, les citoyens avaient dit, attention si vous le faîtes, vous allez permettre au président de gracier les nervis. Il y a là une concomitance perverse qui n’est pas très respectueuse pour la presse.

Ne sentez-vous pas un parfum de deal derrière cette libération ?


Je ne sais pas s’il y a un parfum de complot. Je sais juste qu’à sa sortie de prison El Malick était dans une bulle d’émotion, mais c’est normal qu’il remercie le président car, quand quelqu’un vous gracie, vous êtes tenu de le remercier. Il a bien fait de le remercier. Concernant son appréciation sur la libération des nervis, il dit qu’ils ont été utilisés. C’est vrai, mais ils ne sont pas des robots. Ils ont commis un forfait sur contrat. Écrit ou pas c’était un contrat de voyous. Ils ont exercé de la violence sur des gens qui ne leur avaient rien fait. Pour toutes ces raisons, je pense qu’ils ne sont pas dignes de pitié.

Que pensez-vous de l’article qui a valu au directeur de publication de 24 heures chrono huit mois d’emprisonnement ?

Je n’aurais pas conseillé de faire cela. Quand vous écrivez quelque chose de si grave, il faut pouvoir le prouver et, visiblement El Malick Seck n’était pas en mesure de le prouver. Il n’avait pas les preuves de ses écrits. Au tribunal, il ne pouvait pas se défendre et ses avocats, non plus, n’étaient pas en mesure de le défendre. Il faut éviter cela à l’avenir.

Depuis quelque temps, le débat sur la dépénalisation des délits de presse occupe les médiats. Quel est votre avis sur cette question ?

Je pense que le texte est prêt. Le Synpics, le Cred et la magistrature ont travaillé sur un texte, il y a trois ans. Nous avons remis ce travail aux autorités concernées. Il paraît qu’un autre travail aurait été fait sur ce document. Je ne sais pas quelle est la teneur de ce nouveau texte, s’il existe. Je ne peux pas me prononcer sur le contenu de ce texte, je ne sais pas quand il va entrer en vigueur. Le président de la République durant la campagne pour les locales avait réitéré cette promesse de dépénaliser les délits de presse. J’attends de voir pour me prononcer sur ce nouveau texte.

nettali

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