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La déliquescence du PDS dans la région de Matam

Les observateurs qui s’intéressent aux évènements et à l’effervescence politiques au Sénégal peuvent constater que les débats, les publications et les colloques se rapportant à ces sujets sont essentiellement articulés sur l’élection présidentielle de février 2012. Cette contribution ne vise pas à participer aux échanges forts intéressants sur la recevabilité de la candidature de Me Abdoulaye WADE cristallisée par une position divergente des doctrinaires, des hommes politiques et du citoyen lamnda de notre pays. Elle se propose plutôt d’analyser la stratégie électorale du PDS notamment dans la région de Matam. Il s’agit d’une alerte qui se voudrait à la fois réaliste et thérapeutique. En effet malgré les nombreuses réalisations du PDS, le parti se trouve aujourd’hui dans une situation assez confuse. Nous allons, à l’instar des politologues, partir de l’hypothèse selon laquelle la connaissance d’un objet nécessite d’abord une recherche sur les conditions de sa production. Aussi, un faisceau d’éléments explicatifs sera-t-il recherché pour décrypter les bases de la déstabilisation et de la fragilisation de notre formation politique.


Rédigé par leral.net le Mardi 11 Octobre 2011 à 21:50 | | 0 commentaire(s)|

La déliquescence du PDS dans la région de Matam
Certes tous les acteurs politiques sont unanimes à reconnaître l’importance des réalisations du gouvernement dit de l’alternance. Dés lors, il est inacceptable que cet investissement se désintègre au point de créer le doute chez certains militants de notre parti.
Au demeurant, la machine politique est un vaisseau qui file à la vitesse des événements et des réalités du moment. Tantôt elle attaque, tantôt elle se défend ou se transforme en capsule de sauvetage. C’est de sa capacité d’adoption, de son sens combatif ou de sa mollesse et de son manque d’ingéniosité que des situations nouvelles se créent avec parfois des postures inconfortables qu’il sied de comprendre, de diagnostiquer à la loupe et de corriger à temps réel.
De ce point de vue, les militants libéraux de la région de Matam seraient bien heureux si certains responsables politiques osaient définir une stratégie capable de fortifier la suprématie électorale de leur parti ou à défaut, lui fournir les instruments lui permettant de contrarier son éclatement.
Devenue une activité mentale et sociale et un mode d’organisation des comportements, la stratégie électorale est considérée comme un instrument de mise en œuvre des moyens pour faire aboutir un projet politique. Elle s’articule autour d’un triptyque dont les éléments constitutifs suggèrent à la fois un besoin de maîtrise, une obligation de conception et un art dans la combinaison des moyens.
Mais pour ces politiciens, soucieux de dégager les relations « objectives » entre la représentativité et l’accession aux postes de responsabilité, la mobilisation à tout prix et par n’importe quel moyen constitue la meilleure grille d’analyse. Dans la conduite des luttes politiques qui se focalisent de plus en plus sur des ressources et qui exigent la mise en place des réseaux, les moyens et les voies de communication ont pris une part stratégique exceptionnelle. Le développement fantastique des nouvelles technologies de communication a fait des médias un facteur dont l’importance n’est plus à démontrer. Ils ont, en effet, la capacité de conditionner l’opinion publique et d’exercer des pressions significatives sur le Président de la République, clé de voûte de nos institutions.
C’est sous cet angle qu’il faut comprendre les agissements de certains ministres réputés proches du Chef de l’Etat et qui, à la lumière des images de la télévision tentent de le convaincre que la région de Matam reste encore un bastion imprenable au service du PDS.
Leur animation politique se réduit à quelques voyages furtifs, en solo ou en compagnie de militants triés sur le volet et se manifeste par des sorties déguisées et inopinées; simple coup d’épée dans l’eau que mon cousin appelle malicieusement « boy laawi nay ».
Le terrain politique, à en croire le sociologue Pierre Bourdieu, est perçu comme « le champ de forces et de luttes visant à transformer le rapport de forces qui confèrent à ce champ sa structure à un moment donné ». Comment alors comprendre l’ostracisme et le mépris dont sont victimes les cadres de notre région ? S’il est particulièrement difficile de trouver une réponse et une explication à une telle attitude, il est en revanche aisé d’en déterminer l’influence sur nos mauvaises performances électorales de 2009.
La défaite électorale du PDS qui s’est pourtant traduite par la perte d’une trentaine de collectivités locales au profit de l’opposition amenée par les troupes de l’APR n’a pas suscité le déclic normalement attendu. Curieusement, ces élections, jusqu’au moment où nous écrivons ces lignes, n’ont pas encore fait l’objet d’une évaluation parce que justement les mots manqueraient à nos responsables pour expliquer au Secrétaire général du PDS les maux qui ont conduit à cette débâcle, lui, à qui on avait promis une réussite électorale incontestable. Aujourd’hui encore, on s’entête à banaliser la remarquable percée de l’APR dans notre région et dans la diaspora. J’ai pu personnellement mesurer, à l’occasion de mes déplacements à l’étranger l’engouement que suscite l’APR et la massification qui en a résulté, « weddi guis bokoucci » aurait entonné le chanteur. Les autorités politiques de notre parti doivent en être fidèlement informées et, ce faisant, en apporter les réponses appropriées.
L’architecture organisationnelle du PDS est devenue rigide voire inopérante et les chemins qui mènent vers le secrétaire général national continuent d’être obstrués : les demandes d’audience et échanges épistolaires des cadres sont systématiquement bloqués par cet entourage politico-administratif dont le seul souci est paradoxalement la préservation de ses avantages.
Au surplus, les instruments de régulation politique ainsi que les facteurs psychosociologiques et la nouvelle dynamique du positionnement appellent à rectifier le titre pendant qu’il est temps. En effet, au moment où des partis de l’opposition font l’épreuve du terrain allant au seuil des concessions, partageant avec les populations leurs joies et leurs misères, touchant par là même notre identité collective et, en douceur, captant l’adhésion massive des électeurs, les leaders du PDS de Matam dorment sur leurs lauriers de 2007 ,naguère remis en cause par la puissante déferlante de Benno Siggil Sénégal en 2009.
Ce pari est risqué et l’attitude décevante car nous vivons une séquence historique critique où le champ politique en ébullition devrait créer une rupture d’avec cette léthargie sourde et muette.
Notre ambition n’est pas de jeter l’anathème sur certains responsables ou de faire du « grawaalé » mais d’aider à relever le courage visant à reconnaitre que le parti traine les pieds et à annihiler toute velléité de mépris.
Pourtant le potentiel de cadres de tout genre dans cette partie du Sénégal est capable - c’est une certitude !- de prendre en charge efficacement tous les défis. Malheureusement l’enfermement de ces cadres les réduit au silence et au découragement en raison notamment d’un manque criard de moyens. De toute évidence, notre parti a baissé sa garde et laissé libre cours à l’adversaire.
A dire vrai, nombreux sont les cadres qui, marginalisés, frustrés et déçus s’impatientent de voir les mesures correctives que le parti envisage de prendre et d’exécuter. Ce sont des acteurs politiques assez représentatifs, au regard de leur appartenance socioculturelle, de leur légitimité historique et académique et de leur investissement sans répit dans le terroir. Ils ne sauraient restés confinés dans ce mutisme de leur parti qui ne semble pas alarmé par ce qui risque d’arriver. Notre parti est un terrain miné de l’intérieur, sa force de frappe est lourdement affectée. Il est tout simplement en déliquescence dans la région de Matam. Or, la politique est considérée comme le jeu trouble des forces en action dans l’arène dont la finalité est la conquête ou la conservation du pouvoir.
C’est un véritable travail que le parti doit impérativement et dans les plus brefs délais faire au risque de voir le fusible sauter en éclats. Le Président WADE ne le mérite pas. Il faut instaurer un débat démocratique, impliquer les cadres, les rapprocher davantage et surtout les laisser participer dignement à la conception et à l’animation de la vie politique sans les torpiller.
Les cadres, forces de lutte du moment sont capables de renverser la tendance. Nous pensons dès lors qu’il urge de se mettre autour d’une table, de sérier les pathologies, d’affiner des stratégies de lutte, et donc de prendre le taureau par les cornes.
L’élite politique de notre région est décidée à prendre ses responsabilités et continuera de s’interroger avec la lucidité et la détermination requises sur la persistance de ces comportements préjudiciables au fonctionnement démocratique d’une structure politique. Car la démocratie, ainsi que le théorise Georges Gurvitch, est la voie indispensable, la seule possible, vers la réalisation du droit au sein d’une organisation sociale. Dans ce merveilleux combat d’ores et déjà pris en charge par la structure régionale des cadres en gestation et qui sera très prochainement portée sur les fonts baptismaux, nous savons pouvoir compter sur la clairvoyance de notre secrétaire général national et sa capacité à opérer les ajustements nécessaires. Ce n’est pas loyal de continuer à faire croire au Président de la République que l’APR et le Benno constituent une quantité négligeable qu’on se fera plaisir d’anéantir sans aucune difficulté. Si on y prend garde, le réveil sera brutal !

La victoire promise au soir du 26 février 2012 invite à faire sereinement une véritable introspection, à prendre des mesures courageuses et probablement douloureuses et à mieux communiquer sur l’action gouvernementale.

Dr Amadou Tidiane LY
Responsable politique PDS à Bokidiawé/Matam

Conseiller régional
lamadoutidiane@yahoo.fr




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