leral.net | S'informer en temps réel

La fin d'une époque! - Par Amadou Tidiane Wone


Rédigé par leral.net le Lundi 22 Février 2016 à 16:02 | | 0 commentaire(s)|

La fin d'une époque!  - Par Amadou Tidiane Wone
Les signes concordants de la fin de l'époque coloniale et post-coloniale s'amoncellent à regarder la tragédie burlesque qui fait office de "jeu politique "dans notre pays et dont les principaux acteurs montrent leur véritable visage à l'occasion de ce qui va constituer un tournant majeur dans l'Histoire de notre pays. C'est là, au demeurant, le seul intérêt du dédit du Président Macky Sall car, sa décision de prolonger l'exercice de son mandat en 2019, en dépit de son engagement ferme à le remettre en jeu en 2017, ne relève ni du Droit ni de la Constitution. Il s'agit d'une décision personnelle qui remet en cause un engagement personnel. Seule sa responsabilité est engagée devant Dieu et devant les hommes. Ne nous égarons donc pas.

Cela étant dit, l'autre intérêt de ce feuilleton est lié au fait que les masques tombent: Les enregistrements audiovisuels, diffusés depuis quelques jours, rappellent à tous qu'il ne faut jamais oublier ses propos d'hier et que, comme on le dit dans les séries policières avant de mettre les menottes à un prévenu :" Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous!" En réécoutant les archives sonores, force est de constater que la plupart des politiciens sénégalais mentent. Pis, ils font du mensonge un instrument de promotion sociale en comptant sur la mémoire courte des électeurs. Mais voilà que les nouvelles technologies, ainsi que les nouveaux médias, ont changé la donne: tous les faits et gestes des hommes publics sont épiés et consignés. À la moindre contradiction, les réseaux sociaux s'enflamment et étalent sur la place publique les forfaits et les forfaitures... Dommage que la honte ne soit pas mortelle. Elle nous aurait débarrassé de tant de bonimenteurs! En effet, le rôle accru des réseaux sociaux annihile l'impact des médias aux ordres ou en diminue la nuisance. Nous avons tous noté le "cadrage" audiovisuel consécutif au discours présidentiel, un silence convenu pour ne pas dire négocié, quelques plateaux aseptisés pour faire décor ! Mais qui peut arrêter la mer avec ses bras? Personne! Les médias sont forcés de suivre le sens de l'opinion et de se faire l'écho de ses interrogations. La clameur de désapprobation est ainsi quasi unanime et les lignes de fracture se précisent.

Il y'a un autre enseignement à tirer des dégâts collatéraux du dédit présidentiel: on constate que la Justice peut se rendre complice des tours de passe-passe des politiciens et aller jusqu'à légaliser leurs torts, reniements et trahisons. À qui se fier dès lors ?

Passons donc aux choses sérieuses : Les temps actuels offrent une opportunité historique et une occasion unique pour lancer un audit en profondeur du premier demi-siècle de notre "indépendance". C'est le moment de revisiter la décolonisation et d'en expurger les tares congénitales pour remettre sur les rails nos institutions, nos valeurs culturelles et sociales et lancer, enfin, un projet politique et économique qui nous ressemble et nous rassemble. Ne perdons plus de temps avec les politiciens si véreux que tout le monde voit à travers! À preuve, même eux ne croient pas en ce qu'ils disent et, lorsqu'ils sont confondus par les archives sonores, ils nous regardent les yeux dans les yeux en disant:" Ma tey!"

- construire une nouvelle coalition politique et citoyenne capable de concevoir et de mettre en œuvre la PREMIÈRE RÉPUBLIQUE SÉNÉGALAISE sur les décombres de la "Republique zéro " issue de la colonisation.

- Énoncer un corpus de valeurs fondatrices de cette Republique et de ses institutions pour rédiger une NOUVELLE CONSTITUTION qui soit enracinée dans nos valeurs spirituelles, culturelles et morales.

- Définir un code de conduite irréprochable pour les hommes et les femmes qui aspirent à servir la Republique ainsi définie.

- Enfin, dresser un casting rigoureux d'hommes et de femmes en capacité de porter la mise en œuvre de ce projet refondateur sur une période allant de cinq à dix ans.

- s'accorder sur un plan d'urgence économique et social mettant en valeur nos ressources naturelles et humaines pour améliorer le mieux- être de notre Peuple et en confier la mise en œuvre à ceux, parmi nous, dont les compétences sont éprouvées.

Tels sont me semble t-il les vrais défis de l'heure. Les prochaines élections législatives donnent l'occasion de la conquête d'un premier bastion de cette REFONDATION : l'Assemblée Nationale. Il faut y aller en rangs serrés autour d'un vrai projet. C'est le premier défi à relever.

Les enjeux de l'heure dépassent donc, et de très loin, le destin présidentiel de Macky Sall et celui de tous ceux qui se disent ses amis en le caressant dans le sens du poil. Et pourtant, en déroulant juste un peu le film des dix dernières années , le Président Macky Sall n'aurait pas besoin d'un dessin pour savoir qui est qui: les mêmes "amis" lui tourneront le dos à la première déconvenue. En en prenant conscience avec gravité, il lui resterait encore une chance de sauver sa place dans l'Histoire et même, qui sait, de gagner un nouveau mandat! En politique, le courage est une vertu, le culot en est l'aiguillon.

Les véritables enjeux et défis de l'heure concernent l'avenir de notre nation, de notre pays, de notre continent. Ces enjeux ne sont pas tributaires d'un avis de cinq fussent-ils sages! Sous ce rapport, ce n'est donc pas le référendum convoqué qui remettra les pendules à l'heure. On peut même en faire l'économie. À défaut, nous dirons NON à un exercice de prestidigitation dont même les nouveaux nés ont compris les ficelles. Ce non peut également s'exprimer par un boycott pur et simple car, c'est vraiment la fin d'une époque et, comme d'habitude, les premiers concernés sont les derniers à s'en rendre compte! Le chantier du Sénégal Nouveau s'ouvrira à leur insu.

Amadou Tidiane Wone
woneamadoutidiane@gmail.com