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La gifle de trop - Par Tidiane Kassé


Rédigé par leral.net le Vendredi 2 Octobre 2015 à 15:18 | | 0 commentaire(s)|

La gifle de trop - Par Tidiane Kassé
Un entraineur c'est d'abord un homme (une femme aussi). Une personnalité avec ses pulsions et ses ressentis. Le stress, la tension, l'excitation le mettent souvent à nu. Quand il ne reste plus rien de son masque et que ses dernières parcelles de retenue tombent, la réalité peut révulser. Le banc de touche est souvent révélateur de tous les excès. Mais c'est un miroir qui déforme peu. Voire très peu. La gifle que Tapha Gaye a infligée mardi à Ramata Daou, lors de Sénégal-Egypte, est alors d'une énormité à dénoncer.

Quand la claque est tombée, on ne l'a pas entendue retentir. Les micros baladeurs ne sont pas assez sensibles dans ce championnat d'Afrique de basket. Mais on a pu mesurer qu'il ne s'agit nullement d'une caresse. Ce n'est pas non plus un réflexe mal contenu.

Les témoignages entendus ne militent guère pour Tapha Gaye. L'homme ne doit pas être commode. Les coups de fil se sont multipliés mardi soir au sein de la rédaction, pour s'indigner de l'acte qu'il a commis, mais tous ceux qui ont appelé ont préféré condamner sous le sceau de l'anonymat. Peut-être par prudence, car nul ne sait de quoi il en retourne dans la "Tanière".

Quoi qu'il en soit, le geste reste inqualifiable.

Gifle ou claque qui a rebondi sur la bouteille d'eau que buvait Ramata Daou, l'acte est inqualifiable.

La violence est le degré zéro de la raison. Elle trahit une incapacité à vaincre par la réflexion, à persuader par la méthode, à se faire comprendre par l'exemple. Jadis sélectionneur national, Mamadou "Pa" Sow n'était pas commode. Ousmane Pouye Faye ne l'était guère plus. Mais leur nervosité faisait partie du spectacle. Ils pouvaient aller à l'extrême limite de la rupture, ce n'était pas pour lever la main sur un joueur.

Aucune légitimé ne peut justifier l'acte posé à l'endroit de Ramata Daou. On n'a entendu ni remords ni regret de la part de Tapha Guèye et c'est le comble de la violence assumée, le déni de toute estime de l'autre. Un coach en colère n'étonne plus. C'est comme une seconde nature chez l'homme du banc. Mais une telle agressivité étonne. Surtout quand elle vise une joueuse en particulier.

A regarder cette équipe des "Lionnes", avec les faveurs qui s'expriment et les personnalités qui s'affirment, on se dit que les gifles ne sont pas faites pour tout le monde. Suivez les regards. S'en prendre ainsi à Ramata Daou est un manque de respect pour elle.

Moustapha Gaye n'en tire rien de valorisant. Ce n'est pas dans ces formes d'agressions physiques qu'il détermine et fait comprendre la portée de ses responsabilités et l'étendue de sa domination sur le groupe.

On connaît des vestiaires qui sentent le soufre. Mais c'est entre quatre murs. Celles de Manchester United offraient de merveilleux cas d'école au temps d'Alex Ferguson, quand le sang du "Vieux" ne faisait qu'un tour. Mais ce que des mots ne peuvent dire, ce que la violence verbale ne peut faire sentir, ce n'est pas l'intensité d'un soufflet qui peut l'ancrer dans les cerveaux.

Qu'importe la manière dont la "Tanière" a pu gérer ce dérapage, le fait est révulsant. On n'en sort pas avec l'impression d'une autorité affirmée pour le coach. On en tire plutôt la conviction d'une personnalité bafouée et piétinée. Cette agression portée au corps de Ramata Daou ne peut la laisser intacte au plan mental. Performante ou défaillante, elle restera habitée par l'angoisse et la peur.

Dans une équipe du Sénégal qui paraît si mal assemblée, la faillite collective ne peut être l'expression des limites d'une joueuse. Et comme pour anticiper le désastre qui semble s'annoncer, c'est le sélectionneur national lui-même qui tient la météo. Dès l'élimination aux Jeux africains, on a pu comprendre que les "Lionnes" ne dégageaient pas la personnalité et le talent d'une équipe capable de remporter le championnat d'Afrique. La défaite devant le Nigeria est venue instruire sur le faible mental du groupe, sur son manque de volonté et de détermination.

Si on se fait éliminer par le Mali, cela ne surprendrait personne…