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La leçon du petit juge d’Evry

Un coup de tonnerre dans un ciel serein. Telle est apparue la nouvelle de la mise en examen par un juge d’instruction d’Evry de l’ancien Premier ministre Mame Madior Boye ainsi qu’une belle brochette de hautes personnalités sénégalaises pour leur responsabilité présumée dans le naufrage du « Joola », la pire catastrophe maritime de tous les temps. Cette décision du « petit juge » français est d’autant plus surprenante qu’elle intervient quelques jours seulement après la visite du Président Wade en France où il a été reçu par Nicolas Sarkozy. Même si en France le principe de la séparation des pouvoirs demeure un principe sacro-saint dans la forme, difficile de croire que l’omniprésident Sarkozy, l’homme le mieux informé de France et Navarre, n’était pas au courant d’une décision qui va peser lourd dans les relations franco-sénégalaises et qui traduit éloquemment la perte d’influence de notre diplomatie sous Wade.



Rédigé par leral.net le Vendredi 26 Septembre 2008 à 21:58 | | 0 commentaire(s)|

La leçon du petit juge d’Evry
En effet, peut-on imaginer un seul instant des autorités gabonaises ou congolaises inquiétées sérieusement par la justice française ? L’argent n’ayant pas d’odeur et Elf étant vital pour l’économie française, un officier proche du Président Sassou Nguesso, impliqué dans « l’affaire du Beach »-en fait un massacre en règle de réfugiés Congolais- avait pu tranquillement rejoindre son pays après avoir été arrêté en France. Mieux, un autre officier, mauritanien celui-là, accusé d’avoir commis des actes de torture sur ses compatriotes Negro-mauritaniens avait pu se retrouver « miraculeusement » à Nouakchott alors qu’il était censé être dans une prison française. De la même façon, Simone Gbagbo, soupçonnée d’être impliquée dans la disparition du journaliste Guy-André Kieffer, ne risque rien tant que son mari présidera aux destinées de la Côte d’Ivoire pour qui la France a les yeux de Chimène. De ce point de vue, les cris d’orfraies poussés par le ministre de la Justice Me Madické Niang ne sont qu’un aveu d’impuissance qui témoigne le peu d’égards que l’Elysée a désormais pour l’ex-pays chouchou de la Métropole. Cela dit, il serait tentant, au vu de la procédure infamante lancée contre les autorités sénégalaises, de se replier dans un nationalisme à deux balles et de hurler à l’atteinte à la souveraineté nationale et autres calembredaines. En réalité, le coup d’éclat du magistrat d‘Evry est une piqûre de rappel adressé à tous nos compatriotes et singulièrement au premier d’entre nous. Habilement, Me Wade avait cru se débarrasser de cette tragédie indicible en octroyant d’une indemnisation aux familles de victimes, l’argent étant devenu sous le régime dit de l’alternance, le sésame qui règle tous les déboires. Ainsi, un troc indécent avait été proposé aux familles de victimes : contre espèces sonnantes et trébuchantes, laissez vos morts reposer en paix dans leur linceul aquatique. Les mandats d’arrêt émis contre Mame Madior Boye et compagnie sont aussi un pied de nez adressé à la justice sénégalaise qui a réussi l’exploit peu commun de ne trouver aucun coupable pour un drame qui a envoyé près de deux mille personnes au fond de l’océan. Les morts ayant bons dos, les autorités s’étaient empressées de rejeter la responsabilité de la catastrophe sur Issa Diarra, l’infortuné commandant du Joola. Au même moment, aussi incroyable que cela puisse paraître, après un simulacre de sanctions, les hauts responsables de l’époque, coupables au moins de négligence et de légèreté, avaient tous retrouvé des postes de sinécure. Pis, six ans après une catastrophe qui a occasionné plus de victimes que le naufrage du Titanic, on ne semble avoir tiré aucune leçon. Le Sénégal reste toujours un foutoir où des bus Tata remplis à ras bord roulent à tombeau ouvert en plein centre ville et où le « Petit train bleu » est pris d’assaut par des milliers de banlieusards sans respecter les règles les plus élémentaires de sécurité, autant de potentiels mini-Joola au quotidien. Vous avez dit introspection ?

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