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La naturalisation des Tirailleurs: Gloire ou Opprobre?

Rédigé par leral.net le Dimanche 23 Avril 2017 à 16:26 | | 0 commentaire(s)|

La naturalisation des Tirailleurs: Gloire ou Opprobre?
Des tirailleurs sénégalais ont reçu ce samedi  15 avril 2017, des mains du Président François Hollande, la nationalité française. Faut-il célébrer une gloire ou pleurer de tristesse et de honte ?
 
Après le sacrifice sur les champs de bataille pour la libération de la France, les tirailleurs sénégalais avaient entamé un second combat beaucoup plus long et dur, celui de la réparation et de la justice. Dans cette bataille pour la dignité et l’équité, près de soixante-dix (70) tirailleurs sont tués le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye.  Des victimes dont le seul tort était le fait d’avoir demandé le paiement de leurs pécules. Leurs parents ont-ils été indemnisés ? Ceux qui ont échappé au lâche massacre de Thiaroye, luttent pour bénéficier d’un traitement à la hauteur du sacrifice consenti sur le sol français.
 
Plus de soixante (60) ans de « traversée du désert », « le cortège de tirailleurs » s’est considérablement « dégarni » pour ne pas dire vidé. Voilà que 28 d’entre eux se voient octroyer une nationalité française, pour une soi-disant réparation d’un tort. A Thiaroye, ceux qui sont morts sous les balles du colon ne demandaient pas une naturalisation, ils réclamaient juste que leur dû leur soit rendu. Leur combat, c’était celui de la justice. Le journaliste à la RTS, Oumar DIAW a posé cette question dans l’une de ses belles  chroniques : « Naturalisation pour qui et pour quand » ? En effet, selon le Figaro, les tirailleurs qui viennent de bénéficier de ces fameux documents français, ont entre 78 et 90 ans. Alors, une nationalité française à quelle fin ?
 
Cette naturalisation n’est pas une bonne publicité pour l’Afrique encore moins une bonne image pour la jeunesse du continent. Dans les traditions africaines, la personne du troisième âge symbolise la sagesse, le gardien des traditions et des valeurs. En acceptant ces documents au crépuscule de leur vie, les tirailleurs sénégalais viennent d’administrer une très mauvaise leçon de « citoyenneté africaine » à toute une génération devant les caméras du monde entier. 
 
Les tirailleurs sénégalais peuvent et doivent rentrer dans leurs droits et obtenir réparation et justice sans la détention de documents français. Pour cela, la France doit  également assumer ses responsabilités et arrêter sa politique dilatoire, la raillerie sur le « tir ailleurs ».
 
Momath Talla Ndao