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La problématique du contrôle à priori de l’information sanitaire à diffuser destinée au grand public au Sénégal.

Rédigé par leral.net le Samedi 12 Octobre 2013 à 13:03 | | 0 commentaire(s)|

Depuis l’aube de notre indépendance, le SNEIPS, le Service National de l’Education et de l’Information pour la Santé (qui ne s’appelait pas autrefois SNEIPS), a été toujours investi de la mission de produire et de diffuser de l’information sanitaire en direction des populations mais jamais il n’a été doté d’un pouvoir statutaire de contrôle à priori de l’information sanitaire à diffuser destinée au grand public. Ce qui en fait un service statutairement et idéologiquement agi qui mérite d’être repensé.


Cette situation de laisser aller quasi anarchique sans contrôle à priori de l’information sanitaire à diffuser destinée au grand public sape bougrement les efforts déployés par les autorités gouvernementales notamment le Ministère en charge de la santé publique visant à protéger et à améliorer la santé des populations par le truchement de l’information, de la communication et de l’éducation pour la santé.
Dans le cadre de la gestion du secteur de l’audiovisuel au Sénégal, une difficulté à la fois d’ordre structurel et juridique demeure. En effet, la gouvernance de ce secteur est éclatée en plusieurs entités qui empêchent la maitrise et la sanction des programmes télé et radio à savoir : L’ARTP dont le rôle est d’attribuer les fréquences et le CNRA qui a un rôle très limité qui consiste à surveiller et à émettre des avis de rectification sans aucun moyen de sanction à effet exécutoire immédiat. De surcroit, eu égard son statut et sa mission, le CNRA intervient en aval et non en amont c'est-à-dire après diffusion.
Et compte tenu du caractère sensible de l’information sanitaire et des conséquences graves et incommensurables qu’une fausse information est capable d’entrainer sur la santé des populations, ce mode de contrôle en aval n’est pas efficace et encore moins adapté à l’objectif poursuivi dans ce cadre en matière de santé publique. La publicité sur le produit de loterie de la LONASE BINGO ayant amené le CNRA à réagir en est une parfaite illustration de l’inefficacité du contrôle en aval des produits. Non seulement la publicité est passé mais le fait de l’enlever après coup en fait une autre publicité sans parler de la saignée financière que cela entraine en de pareilles de circonstances.
Aussi, quand le CNRA avait demandé à la RDV d’arrêter de diffuser il y a quelques années la diffusion de son spot tv sur NGORA KENG pour des raisons d’incompatibilité avec nos convictions religieuses ,politiques et morales ,la direction de ladite structure a simplement refuser d’obéir. Le CNRA, dépourvu du pouvoir de sanction, était resté complètement désarmé face au refus de la RDV et était obligé de constater son impuissance de pouvoir agir car statutairement handicapé.
Bref ! En ce qui concerne le contrôle des programmes de santé, le CNRA, vu la composition de ses membres semble être une structure inadaptée pour apprécier la pertinence et la justesse de ces programmes de santé du fait qu’il ne compte en sein aucun médecin spécialiste en santé publique.
Par ailleurs, sur ce même chapitre, on a pu observer que les annonceurs du secteur agro-alimentaire fabriquent et diffusent des spots publicitaires sur les chaines de télévision et radio sans aucun contrôle à priori des messages qu’ils véhiculent et l’éventuel impact à effet d’entrainement nuisible à la santé des populations. Le spot publicitaire JUMBO VITAMINE A en est un cas illustratif suffisamment éloquent non seulement du manque de contrôle mais aussi et surtout de la nécessité du contrôle pour protéger la santé des populations.
Le manque de structure nationale publique de contrôle à priori de l’information sanitaire à diffuser destinée au grand public fait courir les populations des risques et dangers sanitaires pourtant évitables.
Parmi ces risques et dangers encourus par les populations il faut noter, le développement du charlatanisme et de l’escroquerie de toute sorte, l’aggravation de l’état des malades par ignorance, la publicité mensongère tout azimut sur la santé, la diffusion de fausses informations sanitaires en direction des populations et l’annihilation des efforts déployés par le gouvernement notamment par le ministère en charge de la santé publique pour protéger et améliorer la santé des populations,
En considération de cette situation statutaire congénitale handicapante du SNEIPS et la sensibilité de l’information sanitaire, le Ministère en charge de la santé publique se doit de prendre deux initiatives d’intérêt majeur en sortant des chantiers battus pour combler deux vides juridiques et structurels.
1. L’absence de structure publique dotée du pouvoir de contrôle à priori de l’information sanitaire à diffuser destinée au grand public.
2. L’absence de structure publique pourvue du pouvoir de contrôle et de veille à l’impression de message standard d’avertissement à la santé sur tous les supports de communication à caractère publicitaire sur les produits alimentaires.
L’objectif final est de doter le SNEIPS, le pouvoir de contrôle à priori de l’information sanitaire à diffuser destinée au grand public sur les supports de communication de santé à caractère publicitaire ou informationnel et de veille à l’impression de message d’avertissement à la santé sur les supports de communication agro-alimentaire destinés à être diffusés sur les chaines de télévision.
En résumé, l’idée est d’instituer un système de quitus ou de visa pour les supports de communication de santé pour un contrôle à priori de l’information sanitaire à diffuser destinée au grand public.
Pratiquement, il s’agira de soumettre à tout support de communication sur la santé ou à incidence sur la santé publique à diffuser par le biais de la télé ou de la radio ou d’un film destiné au grand public à un examen de contrôle du PAD ( prêt à être diffusé) à priori par le SNEIPS du fait que le CNRA ne peut pas jouer ce rôle, eu égard son statut, sa mission et la composition de ses membres.
Pour atteindre cet objectif qui protège la santé des populations, il faut étoffer la mission du SNEIPS au contrôle à priori de l’information sanitaire à diffuser destinée au grand public. Ce qui n’est pas encore le cas. Ainsi, cette situation réduit malheureusement le SNEIPS à une structure agie, parce que dépourvu de pouvoir juridique de contrôle à priori de l’information sanitaire à diffuser destinée au grand public.
En conséquence, le ministère en charge de la santé publique se doit se donner les moyens qu’il faut pour contenir les effets néfastes induits par ces deux vides juridiques et structurels sur la santé des populations en prenant un arrêté étoffant la mission du SNEIPS au contrôle à priori de l’information sanitaire à diffuser destinée au grand public. Car prévenir vaut mieux que guérir.



Par Baba Gallé DIALLO
Email : bbgd70@yahoo.fr