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La violence gratuite, moyen d’expression courante, favorisée par l’impunité de fait.

Rédigé par leral.net le Dimanche 29 Juin 2014 à 13:38 | | 0 commentaire(s)|

« La violence, sous quelque forme qu’elle se manifeste, est un échec. »

de Jean-Paul Sartre. Extrait de Situations II


S’il y a un fait remarquable et notoire dans la gestion du régime en place, c’est assurément sa faiblesse face à

la recrudescence d’une violence gratuite, qui sévit partout dans le pays. Ceci, sans que des mesures radicales

ne soient prises avec fermeté et détermination, en tout cas pas jusque-là, pour maitriser et juguler ce mal,

qui prend aujourd’hui dans notre pays, des proportions et ampleurs inquiétantes. Il est évident que, qui dit

violence doit penser sécurité, surtout quand on dirige un pays. Alors, tel n’est malheureusement pas le cas

encore chez nous. Et justement, c’est cela qui est en fait grave pour un Etat, car cela suppose laisser pourrir

une situation, qui peut engendrer demain des conséquences dramatiques et difficilement maitrisables après.

Nous sommes souvent tympanisés par l’Etat, avec pleins de discours sur la sécurité, mais qui sont tous,

inefficaces et inopérants sur le sujet réel, jusque-là. L’Etat, par entêtement de son chef, a maintenu malgré

tout de s’engager dans une fausse route, par la création et la mise en œuvre à tout prix, de cette fameuse

agence de sécurité de proximité, et de surcroit, sous un commandement civil. Une Agence pour laquelle,

les nouvelles qui nous proviennent d’elle, ne sont guère rassurantes pour l’instant, car certaines ne sont

relatives qu’au trafic de drogue, qu’à la corruption, qu’aux actes de violence et d’incivisme caractérisés,

etc. Tout Sénégalais de bonne foi, peut témoigner parfaitement que l’ASP, n’influe, en tout cas pas de

manière décisive et positive dans le réel, sur la permanence de la violence qui nous préoccupe tant. Il est

formellement établi, que la violence et la sécurité ne peuvent cohabiter dans une même société. Leur

coexistence est incompatible, parce qu’elles sont antinomiques, et l’une doit exclure nécessairement l’autre,

pour pouvoir exister. L’exclusion de la violence dans la société est une condition sine qua none d’existence

de l’être humain, certes pas suffisante, mais nécessaire pour la tranquillité et la quiétude des populations.

Par conséquent, les populations souhaitent vivement et ardemment une paix constante.

Osons l’avouer tout de même, parce que ceci n’est pas de notre souhait, mais objectivement, nous avons

un Etat très faible dans le maintien de l’ordre public et la discipline. Ceci, à cause de son manque d'autorité

notoire, de fermeté et de prise de mesures justes, radicales et appropriées quand il le faut, contre ceux qui

violent les lois et menacent la sécurité publique des citoyens sur l’étendue du territoire national. Ces citoyens

d’un « genre particulier », quels qu'ils puissent être du reste, devraient en cas de délit, être traduits sans

exception en justice, selon les lois de la République. Tout naturellement, si toutefois nous nous considérons

bien, comme étant en République. Un Etat de cette nature, complaisant à souhait, peu rigoureux sur les

principes de droit et agissant sur le plan de la justice sur deux registres différents, faisant deux poids et deux

mesures entre les citoyens, est un réel danger pour toute la Nation. Ainsi, au vu et au su de tous, aujourd’hui

encore plus qu'hier, l'impunité, l'indiscipline, le parti pris, le désordre, etc., sont encore bien présents chez

nous. Et tout cela fort justement, révèle cette absence de rupture effective dans certains domaines, que

nous ne cessons de souligner et condamner, depuis le 25 mars 2012. Les moyens exorbitants déclarés être

investis pour ou au nom de la sécurité publique, ne se justifient nullement, au regard des maigres résultats

obtenus sur le terrain et aussi, parce que les citoyens ne sont absolument pas satisfaits de leur protection et

sécurité publique par l’Etat central.

Où sont donc passées tous ces moyens-là, et à quoi servent concrètement ces 10000 agents de sécurité de

proximité, éparpillés on ne sait comment et où? Par ailleurs, nous nous interrogeons en outre, si ce sont les

forces de sécurité publique qui fuient devant le danger et les menaces des manifestants, mais que feront

alors les populations aux mains nues? En ce moment précis, beaucoup d’entre nous, qui s’étaient battus

pour une seconde alternance, passent à juste titre le plus clair de leur temps, à s’interroger sur ce que sont

devenues les promesses relatives aux urgences et ruptures qui avaient été bien identifiées sous Me Wade

et qu’il fallait opérer dans les plus brefs délais. Pour rappel, la sécurité publique et la lutte contre la violence

étaient notées en bonne place parmi les priorités. Mais, jusque-là encore, nous n’arrivons pas à déceler

quelques parts, des débuts d’exécution ou de réponses adéquates et appropriées à nos interrogations. Et

moins encore, la preuve de leur mise en œuvre.

En vérité, l’Etat du Sénégal ne se préoccupe réellement pas avec la rigueur requise, d’assurer comme il se

doit, la sécurité publique des populations et leurs biens dans l’ensemble du pays. Il ne sévit pas non plus de

manière ferme et à la hauteur de la gravité des faits commis, à l’encontre des auteurs de la violence sous

toutes ses formes. La complaisance manifeste à leur endroit, est un signe évident de faiblesse incontestable

des autorités étatiques, voire de la Justice. Et cependant, la lutte contre la violence donc, pour la sécurité

des biens et de personnes, constitue bien, une des obligations primordiales régaliennes, que l’Etat devrait

assumer infailliblement, quoi qu’il advienne. Mais hélas ! Les failles dans ce domaine sont si criardes,

qu’elles exposent même le pays et les populations tous genres confondus, dans une insécurité publique

généralisée.

Dans ma dernière publication à propos des inégalités, je prévenais et j’alertais justement sur les gros risques

qui nous guettaient, à cause de la permanence d’une impunité sélective dans l’application de la loi chez

nous, qui se fait véritablement à deux vitesses. Et pourtant à priori, nul ne doit et n'a le droit de se faire

justice soi-même dans la République et un Etat de Droit. Voilà pourquoi, la violence qui couve en ce moment

partout dans le pays, sans que l’Etat comme également les citoyens ne lui accordent toute l'importance

requise, ne présage pas à nos yeux, des lendemains qui respirent la paix et la sécurité. Il existe en fait chez

nous, et il faut le dire tout net, des irresponsables qui attisent malheureusement le feu par des propos

malveillants qui ne militent pas en faveur de l’unité nationale bien comprise, pour ne pas dire lui est fatale.

Ces derniers, agissent comme si le pays s’embrasait demain, eux et leurs proches seraient hors d'atteinte.

C'est une erreur monumentale de leur part, de nourrir une telle pensée! Voilà pourquoi, l'Etat qui est investi

des prérogatives régaliennes pour assurer la sécurité de tous, doit assumer entièrement et avec rigueur,

toutes ses responsabilités, puisque c’est de son rôle et son devoir, et non à nulle autre personne.

Alors, même après Me Wade, l’impunité perdure encore de fait au Sénégal. Et, même bien qu’étant hors du

Pouvoir aujourd’hui encore, Me Wade continue de tirer les ficelles, manigance et fait tout pour actionner ses

ouailles et inconditionnels à semer des troubles et la violence. Et malgré tout il n’est pas inquiété jusque-là.

Alors, la nature ayant horreur du vide, la violence se propage ainsi, s’intensifie et se manifeste à tous les

niveaux de la société. Ainsi, pour peu, certains individus usent de la violence pour régler eux-mêmes, leurs

différends ou conflits. En d’autres termes, ils se font justice eux-mêmes, en dehors des juridictions régulières

de l’Etat. Tout cela, sous le nez et la barbe des autorités habilitées de l’Etat, sans la moindre réaction idoine.

Et le cas est plus frappant encore, lorsque la question se rapporte particulièrement aux foyers religieux

musulmans, précisément des marabouts, qui ne semblent pas être concernés par les lois de la République.

Au nom de notre commune volonté de vouloir bien vivre ensemble, dans le respect mutuel et la convivialité

dans ce grand ensemble qui est le Sénégal, nous devons tous savoir raison garder. Mais tout particulièrement

encore c’est surtout en direction de nos marabouts, au nom de qui, certains prétendent agir, soi-disant

pour les défendre. Alors qu’il est sûr et certain, que Seul Dieu est l'Unique Protecteur avec une assurance

infaillible. En tout cas, s’agissant de Serigne Touba, Khadimou Rassoul, il est formellement établi qu’il était

un fervent militant de la non-violence. Il pardonnait à tous ceux qui lui causaient du tort, et recommandait à

tous ceux qui se réclamaient de lui, d'en faire autant. Il n'a jamais sollicité quoi que ce ne soit de personne,

à fortiori de protection, en dehors de son Créateur (SWT), ce qui est une matérialisation indéniable de sa foi

sans réserve à Dieu et son Prophète Mohamed (PSL).

Il faudrait tout de même, que tout le monde le sache une bonne fois pour toutes, que le Sénégal n'est pas un

pays à part. Ce qui arrive aux autres pays, pourrait bien y arriver aussi, si nous commettons maladroitement

et inconsciemment les mêmes erreurs que, ces pays-là. Alors, si nous sommes réellement sincères avec

nous-mêmes, et croyons profondément aux propos que nous proclamons tout le temps selon lesquels : « le

Sénégal est un et indivisible », et que « nous sommes tous des frères d'êtres humains et créatures de Dieu,

avant tous », nous devons dans ce cas-la, emprunter pour le règlement des différends entre nous, des voies

de solutions humaines, non violentes et plus conformes à nos propos et aux recommandations divines de

notre Créateur et de son Prophète (PSL). Les tragiques et dramatiques évènements qui naissent de conflits

bénins un peu partout dans le monde perdurent encore faute de leur trouver une juste solution, pour une

paix définitive. Et pourtant cette paix, est parfois recherchée avec une réelle volonté par une des parties,

mais sans succès. C'est un exemple assez suffisant à notre avis, pour nous ramener tous à la raison. L'Irak,

la Syrie, le Mali, le Nigeria, etc. devraient nous servir vraiment de leçon, car nos pays, précisément au plan

l’unité nationale, sont très fragiles et pour un rien, ils peuvent imploser.

La Justice, pour qui la majorité des citoyens réclame fortement l’indépendance, semble avoir elle aussi du

plomb dans l’aile ou les mains liées, en attendant alors de recevoir des ordres de la hiérarchie pour agir.

Ainsi, même pour des cas avérés où elle devait pouvoir normalement s’autosaisir au nom de la Nation

et de ses prérogatives pour dire le droit et rétablir l’ordre public, là aussi hélas, c’est l’immobilisme. La

revendication de l’indépendance de la justice, suppose d’abord celle des magistrats eux-mêmes, en vérité,

celle-là n’est que de façade, puisqu’elle est reléguée au second plan au profit de leurs propres revendications

pécuniaires et autres privilèges. Quel dommage !

Notre pays a perdu trop temps et d’argent en matière de sécurité, et même continue à en perdre encore

malheureusement, sans aucun résultat probant. Il est temps maintenant de revenir à l’orthodoxie, en

confiant la sécurité publique nationale à qui de droit, c’est-à-dire aux forces nationales de sécurité publique,

l’Armée nationale y comprise, avec les moyens nécessaires et suffisants pour l’accomplissement correct de

cette haute mission de sécurité nationale. Toute autre voie que celle-là, mènera à un échec de plus et une

perte de ressources.

La violence dans cette campagne électorale a montré à suffisance les limites réelles de l’Etat, qui n’a pu rien

faire pour l’endiguer. C’est la preuve manifeste et suffisante, qui démontre encore, que l’Etat ne maîtrise pas

la sécurité dans le pays.

En matière d’élections libres et apaisées, c’est plutôt à un recul sans précédent que nous assistons à

l’occasion de cette campagne électorale. Car, elle a été hélas ponctuée de part et d’autre, par une violence

gratuite injustifiable entre les protagonistes. Cette campagne nous renvoie tristement à plus de 60 ans

en arrière, à savoir à l’époque des élections opposant Lamine Guéye contre Senghor (SFIO contre BDS).

Assurément, il est indéniable que certains candidats en lice- de vrais corps étrangers à une confrontation

saine- sont tellement intolérants, qu’ils ne supportent même pas la présence à leurs côtés, d’autres

candidats, sollicitant librement comme eux, le suffrage des électeurs. Une telle ignorance politique et de

la démocratie simplement, sont inadmissibles et constituent une nouveauté ou la résurgence de pratiques

barbares dans l’arène politique. Sans doute, les acteurs l’ont confondue avec celle bien connue de la lutte.

Il ne serait pas faux d’ailleurs, de penser que ceci a été introduit par les nouveaux venus, subitement aussi

avides de pouvoir. Ils pensent peut être, que bander les muscles, user de violence et d’invectives feront

voter les électeurs en leur faveur. C’est vraiment triste ! De tels individus, manquent à l’évidence de culture

politique et ignorent totalement, qu’il est exigé dans une compétition électorale démocratique, de laisser

chaque candidat s’exprimer librement, objet de la campagne, pour permettre à l’électeur de faire son choix

objectivement et sans la moindre intimidation, mais seulement selon son intime conviction, que tel candidat

est meilleur à ses yeux, que tel autre.

Tout cela justifie encore amplement, une fois de plus, la nécessité absolue d’une réforme et refondation de

nos institutions d’urgence. Vraiment, plus jamais cela !




Mandiaye Gaye

Gaye_mandiaye@hotmail.com