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« La xénophobie est un crime contre l’humanité »

Rédigé par leral.net le Lundi 27 Avril 2015 à 16:20 | | 0 commentaire(s)|

« La xénophobie est un crime contre l’humanité »
La nation arc-en-ciel, terme utilisé pour la première par la légende Madiba pour démontrer le caractère multiracial de ce pays est fortement secouée ces derniers temps par des violences xénophobes. Ces soubresauts sont a la fois paradoxal et inacceptable pour un pays qui a connu environ un siècle d’Apartheid, (1911 à 1989) qui est une forme extrême d’institutionnalisation du racisme. Basé sur une ségrégation raciale, ce système donnait à la minorité Afrikaner (30% de la population) les pleins pouvoirs politiques et économiques sur la population indigène.

Toutes les nations et tous les peuples épris de paix et de justice s’étaient levés comme un seul homme pour dénoncer ces mesures ségrégationnistes traduites d’ailleurs en lois en 1948 avec l’avènement du Révérend Daniel Malan. Ces lois adoptées prévoyaient le développement séparé des deux communautés : la première composée de Zoulous, bantous, indiens et métis, la seconde des blancs majoritaire Afrikaners. Les pays africains ont non seulement soutenus les combattants de l’ANC, parti du congrès africain principal mouvement de résistance mais aussi, ils ont offert l’asile a tous ceux qui ont été persécutés le cas de Myriam Makeba ne passe pas inaperçu. Au plan diplomatique, le pays a été forcé de vivre recroquevillé sur lui-même a cause de l’embargo imposé par l’essentiel des pays du monde. Jamais la communauté dite internationale n’a été aussi sensible à une situation d’injustice.

La preuve dès 1950 les sanctions ont commencé à tomber : le Commonwealth exclut l’Afrique du Sud de ses rangs en 1961 ; le Canada et les Etats Unis accentuent les pressions économiques sur le pays ; Amnistie internationale consacre d’importantes campagnes contre ce que tout le monde a qualifié de « crime contre l’humanité ». Jeune élève, j’avais retenu par cœur cette assertion qui me revient encore comme une réminiscence de mes premières heures a l’école ; une époque fortement marquée par ce combat porté vers l’abolition de l’Apartheid.

A la faveur de tous ces combats menés par les peuples du monde mais aussi et surtout il faut le souligner, par la clairvoyance de De Klerk qui a procédé a une abolition graduelle des lois ségrégationnistes qui facilitera l’élection de Nelson Mandela a la tête de l’Afrique du Sud en 1994. Madiba comme l’appelait affectueusement les sud africains, qui a accès son mandat autour de la tolérance et le pardon avec sa célèbre formule « Forgive but not forget » qui peut être traduit par (pardonner mais ne pas oublier). Grace a cette posture humaniste, d’un homme qui a subi toutes sortes de brimades et de privations que lui a infligé le régime de l’apartheid, le pays a eu le temps de panser ses plaies et s’est mis au travail. Ce qui a donné les résultats économiques que l’Afrique du Sud a connu, pays le plus riche de ce continent. Sans tolérance et pardon on n’aurait pas connu de tels succès.

Ces derniers ce pays a basculé dans des violences non pas interethniques mais xénophobes et c’est la où réside le paradoxe comme on l’a évoqué plus haut , c’est un peuple qui a bénéficié du soutien et de l’onction de tous les pays et surtout africains qui ont beaucoup contribué a le sortir des griffes de la ségrégation raciale. On pourrait s ‘attendre a tout sauf a ces scènes de barbaries qu’on voit et qui témoignent des atrocités que subissent les ressortissants africains dans ce pays.

L’histoire doit servir de leçon, l’Apartheid devait être ce parchemin grâce auquel les sud africains entreverraient l’avenir en tournant le dos de façon inexorable à toute forme de violence. Le massacre des enfants de Soweto est encore frais dans nos mémoires. Il est encore temps pour ce ressaisir et combattre les démons du mal. Le véritable combat se trouve ailleurs. L’Europe ferme ses portes aux africains, il est important qu’on préconise cette coopération sud sud pour faire face aux défis économiques qui sont les seules voies de salut pour remédier à l’immigration qui est un véritable drame démographique. D’autant plus que selon la Banque Mondiale « la croissance de l’Afrique subsaharienne devrait marquer le pas en 2015 et repasser sous la barre des 4,4 %, soit le rythme moyen qu’elle a affiché ces 20 dernières années ». Même si certains pays ne sont pas concernés par ce ralentissement de la croissance économique, il n’en demeure pas moins qu’on doit resserrer les coudes pour relever ces défis de notre temps.


Ibrahima BA
Conseiller en Communication et Relations Publique
Conseiller Municipal et Départemental a Tambacounda