leral.net | S'informer en temps réel

Lambi demb - Les Techniques de lutte: quand le wer ndombo, galgal, sukerbi, teq, xarjipel...rivalisent d'efficacité

Leral revisite la lutte sénégalaise à travers les hauts faits des anciens champions comme Robert Diouf, Mbaye Guèye, Falaye Baldé, entre autres. Les techniques de lutte sont décortiquées au peigne fin avec quelques chutes spectaculaires. Ces extraits sont tirés du livre sur la lutte sénégalaise "Au-delà des millions et des passions", du journaliste Omar Sharif Ndao.


Rédigé par leral.net le Dimanche 20 Décembre 2020 à 06:33 | | 0 commentaire(s)|

Faxatt classique
Faxatt classique
La lutte est un art, un spectacle, une technique. Pour la beauté gestuelle, quelques techniques de lutte sont décortiquées par des spécialistes de la discipline, des techniciens ou même des lutteurs. Par ailleurs, certaines chutes considérées parmi les plus spectaculaires de ces dix dernières années sont passées en revue. Considéré aussi comme l’un des plus techniques de sa génération, Balla Gaye N°2 a livré plusieurs combats avec une panoplie différente à chacune de ses victoires.
Quelques techniques de lutte


- Bussulu: une technique risquée et dangereuse

La particularité de cette technique est qu’elle est dangereuse, c’est pourquoi les lutteurs ont peur de la tenter. Autant elle peut être mortelle pour la victime, autant le lutteur qui le tente peut être vaincu si la prise n’est pas bien faite. L’adversaire attend que son vis-à-vis l’attaque de front pour lui prendre la jambe. Il contre attaque, agrippe solidement son «ngemb» des deux côtés et le projette. C’est dangereux car cette chute a déjà vu la mort d’un lutteur de l’écurie Walo du temps de feu Alioune Sèye et Mohamed Ali. Cette technique de lutte est prisée chez les Socés et les Diolas.
Un « bussulu » dramatique s’est passé en Gambie où un lutteur de l’écurie du Walo a été tué par cette technique. Il s’appelait Abou Ndiokel et c’est un lutteur Gambien qui lui a fait cette prise. Il s’est fracassé le cou et est mort sur le coup.

- Deub Sole :

Le « deub sole » consiste à mettre son bras sous l’aisselle de son adversaire. Cette action est l’élément déclencheur d’une chute. Le lutteur utilise cette technique pour contraindre son adversaire à ne pas attaquer. C’est aussi valable dans une action de lutte pure. A partir du « deub sole », des lutteurs «techniques» peuvent enchaîner par un « caxabal », un « xalap », « laali »… une action qui peut être offensive ou défensive. En général, lorsque l’on dispose d’un bagage technique, le « deub sole » permet de créer des ouvertures et terminer le combat par les clés précitées. Toutefois, l’usage simultané des deux bras désigne le « naax ». Il faut souligner aussi qu’en l’absence d’une prise de « ngeemb », le « deub sole » est indispensable dans un combat.
Voici quelques « deubs soles » historiques :

- Yekini/Bombardier : «deub sole » suivi d’un caxabal : Ce combat qui était d’une forte intensité a débuté par un « deub sole », mais il s’est terminé par un « caxabal ». Yékini a mis son bras sous l’aisselle de Bombardier avant d’exercer une pression de la poitrine.


- Ness/Papa Sow : plaquage au finish : Ness reçoit le coup de Papa Sow et saigne. Il a tenté son va-tout en débutant par un « deub sole » pour enchainer par un plaquage. Son bras sous l’aisselle et l’autre sur les cuisses de Papa Sow ont fait la différence.

-Ama Ndao/B52 : « deub sole » et enchaînement par un naax :Face à un adversaire lourd qui reculait, Ama Ndao, par des bras puissants, enserre B 52. Une rotation du buste et un coup de reins font perdre l’équilibre à B 52 qui se retrouve derrière les sacs.

- Caxabal

Le « caxabal » est une technique qui permet de terrasser l’adversaire par les jambes. Quand les deux lutteurs s’accrochent et que l’un agrippe ses mains solidement sur les côtés du « ngeemb ». Qu’il mette une de ses jambes entre celles de son adversaire ou un crochet intérieur ou extérieur, exerce une pression en collant son buste contre celui de ce dernier. Il existe quatre (4) formes de « caxabal » : « Biir », « Biti », « Sole », « Kolma »
Pour mémoire, quelques « caxabal » historiques :

- Zale Lô/Mohamed Ali: « caxabalu biti » : Zale Lô a pris le soin de ceinturer Mohamed Ali. Il met négligemment son pied droit sur sa cheville gauche. Pour l’inciter à bouger. A cet instant précis, il se met de côté et enchaine avec son pied à l’extérieur qui déséquilibre le poids Mohamed Ali.

-Mame Ndiabane/Commando : « caxabalu biir » : Caxabalou Biir (avec le ventre). Mame Ndiambane amorce la prise avec sa jambe, passe ses mains au dessus des épaules de Commando et son ventre, collé sur à ce dernier, a fait le reste. Mais si la jambe accroche la cuisse ou le genou, ce n’est plus un caxabal. Un caxabal bien fait ne doit pas dépasser le niveau de la cheville.

-Yekini/Bombardier : le haut du buste fait la différence : Yékini savait que Bombardier avait une meilleure prise que lui. Il sort sa tête, donne un coup à Bombardier, tout en sachant qu’il va riposter. En position siamoise (collée), quand un coup doit partir, le haut du buste est un élément essentiel. Au moment où Bombardier soulève la main pour frapper, Yékini exerce une pression sur lui, enchaine par un croc en jambe intérieur et le terrasse.


-Eumeu Sène-Balla Gaye N°2 : « caxabalu kolma » : Quand Eumeu Sène exerçait le Caxabal sur Balla Gaye N°2, il était un peu en génuflexion. Cette action s’est passée en plusieurs étapes, mais a été longue à se dessiner.

- Faxxat ou technique de la bride ou de l’aspiration

Le Faxxat, c’est une technique qui sert à s’emparer des épaules, des bras ou d’une attache de son adversaire qui peut être en général des «dakk», gris-gris comme Senghor ou «lapataké» (talisman serré sur les biceps). Une bonne saisie fait le reste car la victime est basculée, tirée vers son bourreau. Elle tombe le plus souvent sur le ventre ou sur ses quatre appuis. Quand la règle des quatre appuis n’était pas validée comme chute, celui qui a amorcé le Faxxat n’avait plus qu’à pousser son adversaire au sol. C’est comme s’il est happé par un aimant ou tiré par une laisse.


Lambi demb - Les Techniques de lutte: quand le wer ndombo, galgal, sukerbi, teq, xarjipel...rivalisent d'efficacité
Voici quelques « faxxat » historiques :

-Robert Diouf/Double Less : « mbapatt » robinet Lassana : En Mbapatt, Robert Diouf avait utilisé cette technique pour venir à bout de Double Less qui était pourtant plus costaud. Faisant mine de s’emparer de ses jambes, Robert Diouf sort promptement et Less, emporté par son élan bascule devant et tombe sur le ventre.

-Robert Diouf/Double Less : lutte avec frappe : Lors du combat avec frappe, Robert Diouf s’était emparé du dakk (gris-gris attaché sur la poitrine en forme de croix). Il tire à deux reprises, mais ne pouvait bouger Double Less qui avait de solides appuis pour un lutteur de grande taille. Robert Diouf fait mine de récupérer, Double Less tombe dans le panneau et relâche sa vigilance. Cette fois-ci, le champion sérère n’avait qu’à le tirer vers lui et il tombe sur le ventre, à ses pieds.

- Xarjipel

C’est une prise qui rappelle les maisons dans les profondeurs du pays où les bâtons sont entrecroisés. Le lutteur attaque frontalement son adversaire et plonge sa main entre les cuisses de ce dernier. Il ne tente pas de le soulever, mais amorce un pivot de renversement qui est fatal à son vis-à-vis, quel que soit son poids.
Pour exemple de « xarijipel » célèbre, que l’on se souvienne de :

-Boy Niang N° 2/Sa Cadior N°2 : Sur le feu de l’action, Boy Niang N°2 fait mine de fuir le contact avec Sa Cadior N°2, plus baraqué, avant de foncer sur lui. Il met sa main entre les jambes et le reste fut un jeu d’enfant. Il pivote sur lui-même et Sa Cadior N°2 est entraîné involontairement par sa force dans sa chute. Du grand art !

- Sulli : le talon d’Achille de la cible :

Il faut être un fin technicien et tacticien pour tenter cette action dangereuse pour l’un et l’autre. Elle débute par des balancements de bras, mais le principal objectif est le talon d’Achille. L’attaquant pénètre la garde de son adversaire, s’empare du talon d’Achille et continue l’action. En quoi faisant ? Il met son bras sur le bas ventre de son adversaire ou sur sa poitrine pour exercer une poussée qui l’accompagne dans sa chute. C’est assez différent du «Teekhum Biir» où l’attaquant s’accroupit pour commencer son action.

- Teekhum biir : une clé aussi technique inattendue :

Le «Teekhum biir » est le produit d’une bonne lecture tactique et technique du lutteur qui s’en sert. Quand les deux lutteurs s’agrippent par le « ngeemb », l’un d’eux fait une génuflexion, pénètre dans sa garde, attrape la cheville droite par le revers de la main gauche ou celle de gauche par la droite et la tire vers lui. C’est une technique qui a mille chances de réussir car elle surprend toujours. Celui qui subit l’action ne s’y attend jamais et ceux qui l’utilisent sont rompus à la lutte traditionnelle. On voit souvent ces actions dans les « mbapatt » ou dans les régions.
Pour mémoire on peut se souvenir du combat de :

-Pape Mor Lô/Laye Gaïndé:Laye Gaïndé dépassait largement Pape Mor Lô sur tous les plans: physique, taille, poids. Mais en lutte, un corps exprime tous ses besoins quand il est maître de lui-même. S’étant agrippés par le ngeemb mutuellement, les deux lutteurs cherchaient la faille. Pape Mor Lô, plus «lutteur», fait une génuflexion, passe le revers de sa main droite sur la cheville gauche de Laye Gaïndé et la tire vers lui. En finesse. Le colosse chute lourdement, surpris d’un tel revers.

- Yeenu : réplique parfaite du teenu :

Le «Yeenu» est une technique qui consiste à soulever, à faire décoller l’adversaire du sol. Le plus souvent, c’est une technique qui s’effectue au niveau des membres inférieurs (train inférieur) ou de la ceinture de l’adversaire. Elle nécessite forcément d’entrer dans la garde de son adversaire. En lutte olympique le «Yeenu» peut être classé dans la famille des techniques de l’arracher. C’est comme le «Simpi», il n’y a aucune différence, c’est seulement l’appellation qui diffère.
Voici quelques « yeenu » restés dans l’histoire de la lutte :

-Guy Gi/Mbaye Diouf : Gouy Gui qui a un buste assez large à la moyenne s’en sert comme une arme redoutable. Face à Mbaye Diouf, ce dernier n’a eu aucun mal à pénétrer dans sa garde, préparer sa prise et enchaîner par un «Yeenu» qui restera dans les annales de la lutte. Il en fera de même face à Amanekh qui n’a résisté qu’une fois à la charge.

-Tapha Tine/Yekini Junior : Face à Yékini Junior, personne n’imaginait que Tapha Tine allait appliquer cette technique, d’autant qu’il avait été malmené par Lac de Guiers N°2 et Issa Pouye. Plus grand que lui, il ouvre par un uppercut pour avoir une prise sur Yékini Junior. L’ayant bien serré avec ses mains larges, Tapha Tine n’avait qu’à le soulever du sol avec une force insoupçonnée. La chute fut douloureuse pour Yékini Junior qui avait mis du temps à se relever.

-Tapha Tine /Boy Sèye : Le géant de Baol ne s’arrêta pas en si bon chemin. Boy Sèye sera la victime suivante. Plus grand et plus fort que ce dernier, Tapha Tine le ceintura par l’arrière. Des tentatives de «gal-gal» (croc en jambes) n’y feront rien. Comme une feuille morte, Boy Sèye sera soulevé du sol et terrassé lourdement.

-Mame Balla/Mbaye Diouf : Sensiblement à forces égales, Mame Balla et Mbaye Diouf ont livré un combat rapide. De la même manière que contre Gouy Gui, Mbaye Diouf a été dominé par son adversaire. Ceinture latérale et «Yénou». Le tour était joué.

- Paketté :

La technique «Paketté» est le ramassage des deux jambes, à partir des hanches. En ce moment, la chute est inévitable car la victime n’a plus d’appuis. C’est différent du plaquage qui se fait à partir d’une main sur le cou et de l’autre à partir de la jambe. Le «Pakété» est une prise assez utilisée par les lutteurs car, une fois assimilée, est source de victoire. Mais, elle n’est pas sans risque car si elle échoue, on peut être emporté par son élan ou battu par la rapidité de son adversaire.

- Ndenguégne : un blocage défensif :

Le lutteur qui exerce le «ndenguègne» attend que son adversaire attaque pour le contrer. Il fait un blocage défensif en mettant sa tête au creux de la clavicule de son adversaire. A cet instant, ce dernier ne peut utiliser sa force qui provient de la colonne vertébrale. Il est impuissant et sera obligé d’attendre pour espérer qu’il retire sa tête.
En guise d’illustrations, quelques « ndenguéne » :

-Zoss/Guy Gi : Zoss qui ne partait pas avec les faveurs des pronostics a surpris plus d’un par sa lecture tactique. Avec un déficit de kilos devant Gouy Gui, il lui impose le «ndenguègne», l’obligeant à être loin de sa garde. Usé par tant de résistance du fait aussi de la lourdeur de son ngeemb, Gouy Gui sera vaincu par Zoss par une entrée aux jambes.

-Modou Lô/Gris Bordeaux : Comme Zoss, Modou Lô était handicapé par sa taille et le poids. Mais la lecture tactique de ce dernier fera le reste. Un «ndenguègne» durant toute la partie gênera Gris Bordeaux, incapable de déjouer le piège tendu. Au finish, il perdra par pénalités.

- Teq :

Le «Téq» qui peut se faire en trois phases, est une technique de ramassement de jambe de l’adversaire, le plus souvent au niveau de la cheville ou du genou. Le ramassage de la jambe peut se faire vers l’intérieur, le «teq biir» ou vers l’extérieur, «teq biti». Il peut aussi se faire de manière croisée, par exemple, la main droite de l’attaquant va ramasser la jambe droite du défenseur, apparenté au «teq jalawle».

- Galgal : arme offensive ou défensive :

Le «Galgal» ou croc en jambes est une action qui peut servir à se défendre ou à attaquer. Si elle reste en l’état, elle ne peut être dangereuse, mais si elle aboutit par une rotation (xatarbi), on peut terrasser son adversaire.
Le «Galgal» peut même être apparenté au «caxabal», mais son action se fait en hauteur. A partir du tibia vers le genou, tandis que le «caxabal» est fait autour de la cheville. Dans le cadre défensif, on introduit son pied entre les jambes de son adversaire, les orteils, le devant des pieds, sont enroulés pour empêcher à ce dernier de vous soulever. Mais si la prise n’est pas bien assurée, l’adversaire peut l’enlever et continuer son action. Si c’est dans la phase offensive, on peut faire un «galgal», enchainer par un «xatarbi» (rotation) pour plaquer son adversaire.
Citons pour illustration deux « galgals » passés dans l’histoire de la lutte. Leur particularité est que le combat ne s’est pas terminé par cette action. Toutefois, la résistance opposée par ces lutteurs à fait tout le charme de cette prise.

-Lac deGuiers N°1 (écurie Walo)/Commando (écurie Pikine):Commando, qui rendait presque 30 kg à Lac de Guiers N°1 a vite déchanté, épuisé dès l’entame du combat par un «galgal» de son adversaire, obligé de résister à la charge dévastatrice de ce dernier. Pendant plusieurs minutes, il n’a pas pu enlever le «galgal» de Lac de Guiers N°1 qui s’est retiré pour le rouer de coups (une vingtaine) avant de le terrasser.

-Pape Mbaye (Mor Fadam)/Général (Fass):Pendant dix minutes, lors du premier round, les deux lutteurs se sont donnés à fond. Général qui était plus grand, plus costaud que Pape Mbaye avait attaqué ce dernier, mais butait sur un «galgal» haut placé. A trois reprises et attaques fulgurantes, Pape Mbaye, résistait à ces assauts qui auraient terrassé plus d’un. Le deuxième round sera la copie conforme du premier et dans un ultime effort, Pape Mbaye qui pliait sous un «caxabal» de Général parvient à faire une rotation et à remplacer son adversaire qui chute.

- Xatarbi : pivotement ou coup de reins au choix :

Le «xatarbi» est une prise qui se fait à partir des bras, suivie d’une rotation. Le lutteur fait une bonne prise sur les épaules de son adversaire, l’attire au niveau de sa poitrine, fléchit ou fait deux pas en arrière. En ce moment, il continue l’action avec une rotation au niveau des reins qui déséquilibre son adversaire. En général, la victime est déséquilibrée par la cuisse de son adversaire qui ressemble à une chaise. C’est pourquoi on l’assimile au «teq chaise». Il n’est pas nécessaire que le lutteur soit doté d’une grande force des bras. On peut même exercer le «teq», tout en étant dans une position défavorable. Le lutteur peut être poussé par son adversaire, mais avant de tomber, il peut tenter une rotation et remplacer son adversaire qui va tomber de côté ou derrière lui, heurtée par la cuisse.
Deux « xatarbi » sont demeurés hsitoriques :

-Mbaye Guèye (Fass)/Alioune Fall (Walo): Durant ce combat, tout le monde pensait que Mbaye Guèye allait tomber quand Alioune Fall l’a plaqué et entraîné au sol. Ce dernier, qui a laissé fléchir son poids va entraîner Alioune Fall et au moment de toucher le sol, il pivote par un coup de reins et terrasse son adversaire.

-Boy Niang N°1 (Pikine)/Mohamed Ali (Walo): Déjà ce combat opposait deux lutteurs aux styles différents. Mohamed Ali dépassait allégrement les 130kg tandis que feu Boy Niang paradait à 90 kg. Quand le lutteur du Walo l’a attrapé pour lui imposer sa force herculéenne, Boy Niang, lui, contre attaquait par un «xatarbi». Il se laisse entraîner et pivote. Mohamed Ali ne pouvait plus s’arrêter, entraîné par son poids.

- Laali :

C’est une technique qui peut être fatale à l’adversaire si elle aboutit. Elle consiste à attendre que son vis-à-vis attaque pour l’exercer. Le contre-attaquant met son bras sous l’aisselle de son adversaire, en prenant soin d’éviter tout contact (il s’efface), avec lui et de prolonger son attaque en utilisant sa force. Cependant, si l’action s’arrête au niveau de l’aisselle, c’est du «sole» ;
On peut retenir comme « laali » historique le combat :

-Balla Gaye N°2/Tyson : Tyson l’a essayé lors de son combat contre Balla Gaye N°2, mais ce dernier a déjoué le piège en laissant son poids l’entraîner, tout en s’agrippant au «ngeemb» de Tyson.

- Rignaane : chute des étourdis :

C’est une prise qui consiste à entrer subitement et rapidement dans la garde de son adversaire. On peut s’emparer de ses jambes en serrant comme un étau ou serrer à partir de la ceinture. Cependant, une fois attrapé l’adversaire, on peut le faire tomber sur les deux côtés, comme sur le dos.
Voici les « rignaane » passés dans l’histoire de la lutte séngalaise :

-Boy Niang N°2/Pape Sène: A peine le coup sifflet donné, Boy Niang N°2 attaque, fait mine de frapper et attrape les deux jambes de Pape Sène qui tombe sur les fesses.

-Boy Sèye/Balla Diouf : Lors de leur première confrontation, Boy Sèye avait mystifié Balla Diouf. Même durant son échauffement, Boy Sèye mimait le «rignaane», sans l’air d’y toucher. Rapide comme l’éclair, il pénètre la garde de Balla Diouf, qui n’aura le temps que de reculer et…tomber, victime des mains fermes et fortes de Boy Sèye.

- Sukerbi :

La prise du «Sukerbi» est facilitée quand les deux lutteurs s’empoignent. Le plus prompt fait une demi- flexion jusqu’à hauteur de ses tibias et lui chipe la cheville. Aussi fort soit-il, le déséquilibre est manifeste et il est comme projeté par une puissance incontrôlable.
On peut retenir comme « sukerbi » historique le combat :

-Modou Anta/Mamady Ndiaye : Avec un centre de gravité très bas, Modou Anta n’avait eu aucun mal à faire une demi-flexion pour s’emparer de la cheville de Mamady Ndiaye. Ce dernier, surpris par la rapidité de l’action est projeté au sol comme une feuille morte.

- Wëyële : imparable si abouti :

Le «wëyële», cité souvent dans les combats est pour Boy Bambara un élément parmi tant d’autres pour aboutir à une chute. Ne pas continuer une action de «wëyële», équivaut à une lecture de l’alphabet en omettant une ou plusieurs lettres, explique l’ancien lutteur.
Le «wëyële» est l’action de mettre son bras entre les aisselles et d’amorcer une poussée ou de bien fixer le bras de l’adversaire et d’amorcer encore une poussée. Cependant, la plupart des «wëyële» doivent être suivis d’une action pour espérer une chute. Il y a des actions qui demandent ce suivi comme, un lutteur qui dit «je l’ai propulsé, saisi sa ceinture et le contraindre à s’asseoir».
Le «wëyële» peut être à la fin un «noodiu» car au lieu de propulser son adversaire en arrière, on le tire en avant. Ensuite, on peut bien se reposer sur lui de tout son corps ou exercer une pression de la poitrine sur son dos où il sera à quatre appuis ou sur le ventre. C’est le «noodiu». Le «wëyële» peut être aussi un «xalap» ou l’action de se servir de son adversaire et de le projeter comme une toupie. Comme Balla Gaye N°2 le fait bien. Surtout face à Modou Lô avant de faire une ceinture latérale (Weur Ndomba) sur lui.
Le «wëyële» si on ne le maîtrise pas, sera toujours incomplet. C’est cette faculté d’enchaîner qui détermine le bon «wëyële». La lutte est ainsi faite. Du cheveu jusqu’aux ongles, tous les membres doivent lutter. Selon l’ancien champion, ces différentes techniques de lutte (noodiu, mbott, Caxabal, mbottoum biir, mbottoum biti, galgal) sont des aboutissements au «wëyële» qui peuvent être des armes fatales.
Voici quelques «wëyële» historiques :

-Zale Lô/Mohamed Ali : «wëyële» Suivi d’un «paddum bitti» : Sur ce combat, Boy Bambara l’assimile à un cas de «wëyële», bien que la technique du fassois d’alors soit le «paddoum biti» ou crochet extérieur : C’est une technique où Zale Lô «équilibre» en serrant les deux épaules de son adversaire sur lui avant de lui infliger un «ndjine» mortel. C’est-à-dire, l’ayant attiré et serré sur sa poitrine, il se déplace latéralement et dans le feu de l’action, il fait un crochet extérieur qui peut atterrir sur la cheville ou tibia de son adversaire. Face à Mohamed Ali, le géant du Walo n’avait rien vu venir et a chuté lourdement avec ses 130kg !
-Gris Bordeaux/Tyson Junior : «wëyële» suivi D’une pénétration intérieure : Après des déplacements extérieurs, le fassois s’empare de la main de Tyson Junior. Il l’aspire et pénètre sa garde. Avec un enchaînement, le Pikinois ne pouvait éviter la chute, pincé par Gris qui n’avait plus qu’à le propulser à terre.

-Lac de Guiers N°2/Zoss : vite fait, bien fait ! : C’est l’une des exceptions à la règle. Quand on amorce une action, on doit la suivre jusqu’au bout pour s’assurer de la chute. Lac de Guiers N°2, face à Zoss n’avait pas besoin de cela. Dès le coup de sifflet de l’arbitre, Zoss charge. Lac de Guiers N°2 fait mine de frapper et Zoss, tête baissée, attaque aveuglément. Il ne rencontra qu’un bras musclé qui lui passe sous l’aisselle. La projection est aussi violente qu’inattendue. Zoss, comme une plume, voltige et tombe de tout son corps. Sans doute, l’un des plus spectaculaires «wëyële» de ces dernières années.

-Balla Gaye N°2/Modou Lô : le «xalap/wëyële» a eu raison de «xaran» : Balla Gaye N°2 qui fait mine d’attaquer aspire Modou Lô qui réplique avec une entrée fulgurante. Balla Gaye N°2 le déjoue en enclenchant un «wëyële» apparenté cette fois-ci au «xalap» ou toupie. Il continue l’action et amorce une ceinture latérale (Wër Ndomb) sur Modou Lô. L’étreinte sur la ceinture, avec sa force des bras a fait le reste. Malgré une tentative de crochet extérieur «galgal», Modou Lô connaîtra la première chute de sa carrière.



- Wër ndomb : une technique à plusieurs facettes :

Le «wër ndom» ou ceinture arrière est une prise qui permet, une fois passé derrière le dos de son adversaire, de le ceinturer au niveau des reins et d’enclencher une action pour le pousser au sol ou le tirer du derrière. Après avoir bien serré son adversaire, le lutteur peut mener comme bon lui semble ses actions jusqu’à le terrasser. Cependant, il existe trois formes de «wër ndom».

-«Wër ndomb kanam » ou ceinture avant :Le lutteur fait face à son adversaire et lui ceinture les reins. De cette position, il a la latitude de faire un croc en jambes, un enfourchement, un plaquage, entre autres clés techniques.

-«Wër ndomb weet» ou ceinture de côté : Cette technique sert à ceinturer son adversaire de côté (gauche ou droit). A partir de cette position, le ceinturé peut être plaqué ou basculé.

-«Wër ndombbaaral» ou ceinture à rebours :Le lutteur place sa tête sous l’aisselle (gauche ou droite) de son adversaire et attend que ce dernier bouge ou essaie d’enclencher une action pour le ceinturer.

*Extraits du livre sur la lutte sénégalaise "AU-delà des millions et des passions" du journaliste Omar Sharif NDAO


Mr Ndao B