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Lat Diop : «Il faut changer le code des marchés publics pour rendre le Sénégal plus attractif »

Dans cet entretien, Lat Diop administrateur civil principal, directeur de l’Investissement au ministère de l’Economie, explique les raisons de la fusion-absorption de son parti, le Front pour l’émergence et la prospérité (Fep) avec l’Apr. Il s’est également exprimé sur la coalition Bby, le Plan Sénégal émergent, le code des marchés publics, entre autres.


Rédigé par leral.net le Vendredi 20 Février 2015 à 20:11 | | 3 commentaire(s)|

Lat Diop : «Il faut changer le code des marchés publics pour rendre le Sénégal plus attractif »
Votre parti vient d’être phagocyté par celui du président de la République, que vous a-t-il promis en échange?

En réalité, la décision de fusionner notre parti avec l’Apr est bien antérieure à l’audience que m’a accordée récemment le Président Macky Sall. Il n’y a eu aucune promesse. Cette décision a été prise pour plusieurs raisons. D’abord, je considère Macky Sall comme un dirigeant qui a une énorme capacité d’écoute. C’est pourquoi, travailler avec lui, autant dans la coalition « Macky 2012 » que dans « Benno bokk yaakaar » n’a pas été difficile. Il y a également que nous considérons au Fep qu’il est nécessaire pour tous les alliés, notamment ceux de la première heure (coalition Macky 2012) de se définir par rapport à l’élection présidentielle de 2017. Cela est également valable pour la coalition Bby, qui en 2017, sera comptable du bilan du président de la République. Certes, tout laisse croire que le Ps aura un candidat en 2017, mais je vois mal les socialistes battre campagne contre Macky Sall, après l’avoir accompagné jusqu’à la veille de l’élection présidentielle. L’horizon doit être dégagé pour le Président. L’autre raison qui explique notre fusion avec l’Apr concerne le nombre pléthorique de partis politiques dans notre pays qui, à mon sens, est loin de servir la démocratie. Bien au contraire, il y a un risque d’éparpillement des forces qui peut être préjudiciable. Il faudrait d’ailleurs penser à rationaliser l’espace politique au Sénégal, deux ou trois grands ensembles politiques suffisent largement pour permettre aux citoyens de faire plus aisément leurs choix lors des élections. Cela aura l’avantage de simplifier et de rationaliser le jeu démocratique. En décidant de fusionner notre parti avec l’Apr, nous voulons aussi nous identifier à la volonté du président de la République de faire du Sénégal un pays émergent. Cela nécessite un soutien et de la patience de la part de tous les Sénégalais.

Vous avez toujours exprimé votre opposition à la réduction du mandat présidentiel, est-ce que votre position a varié, maintenant que vous avez rejoint l’Apr ?

J’ai toujours été contre la réduction du mandat présidentiel, parce que le président de la République a été élu pour un mandat de sept ans. Maintenant, si Macky Sall estime qu’il veut faire cinq ans et nous demande de l’aider à respecter sa parole, nous ne pouvons que nous plier à sa volonté. Mais ce qui est constant, c’est qu’il a été élu pour sept ans. L’autre question discutée dans les états-majors politiques sur le coût d’un référendum pour réduire le mandat présidentiel de sept à cinq ans, est un faux débat. J’estime qu’il faut relativiser les choses, le respect qu’on doit aux populations et à la démocratie fait qu’on ne doit pas lésiner sur les moyens pour permettre aux Sénégalais d’exprimer leur choix. Pour moi, le référendum est la voie la plus appropriée et la plus démocratique pour entériner cette décision du président de la République

Le Plan Sénégal émergent et les attentes de la banlieue ?

Les retombées de ce plan, tant du point de vue de la santé des populations, de l’emploi des jeunes grâce à un environnement propice à l’investissement privé…, seront très largement profitables à la banlieue et à toutes les localités. En banlieue où le chômage des jeunes est chronique et où le cadre de vie laisse souvent à désirer, un taux élevé de croissance économique du Sénégal amorcé grâce au Pse, aura inévitablement un impact sur le quotidien des populations de la banlieue. D’ailleurs, les populations de la banlieue ont tout intérêt à s’approprier les objectifs du Pse pour accompagner résolument le président de la République. L’autre aspect, c’est que désormais Pikine, Guédiawaye sont très bien représentées dans les instances de décisions, tant dans le secteur public que dans le privé, qui est la clé du développement par la promotion de l’investissement privé. Cela permet de relever le défi de rendre la banlieue plus attractive en termes de promotion des investissements privés. Et d’ailleurs, cela se remarque par le nouveau visage que de la banlieue, avec plusieurs projets qui sortent de terre, notamment à Guédiawaye, où le maire, Aliou Sall, reste le patron de l’Apr, pour fédérer toutes les forces.

A propos d’investissements et de dépenses publiques, pourquoi estimez-vous que le code des marchés publics est contraignant ?

Il faut, certes, que tout soit normé dans un pays démocratique. Cependant, ces normes ne doivent pas être des obstacles à une bonne mise en œuvre des politiques sectorielles. Le code des marchés publics, en soi, est très contraignant et à plusieurs égards. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le président de la République a pris la décision de le modifier récemment pour essayer de l’alléger et permettre aux ministères et autres établissements publics d’aller plus rapidement dans la mise en œuvre et la réalisation des marchés, notamment ceux du Plan Sénégal émergent. Il faut rappeler que les marchés publics sont une modalité d’exécution des finances publiques et de ce point de vue, il y a plusieurs aménagements à faire, c’est ce qu’à compris le président de la République en posant des jalons dans ce sens. Contrairement à la France, qui est un pays à gérer, le Sénégal est un pays à construire, c’est différent. La France n’avait pas par exemple un code des marchés publics aussi contraignant quand il a fallu construire les métros et d’autres grandes infrastructures. Au Sénégal, tout est urgence et malheureusement, le code des marchés publics ne cadre pas avec la volonté des populations de voir le cadre macroéconomique et les réalisations évoluer très rapidement. Cela limite l’accès à la commande publique pour les Pme et les Pmi. En conséquence, les gens vont vous dire que l’argent ne circule plus dans le pays et cela est dû à la longueur et à la lourdeur des procédures pour exécuter une commande. Le code des marchés publics est largement responsable de cette situation, qui peut bloquer l’économie du pays. Il faut changer pour rendre le pays plus attractif, un homme d’affaires ne va jamais investir dans un environnement où tout est lent. Loin de moi l’idée qu’on doit changer le code pour permettre à des hommes d’affaires véreux de passer des marchés où tout est nébuleux. Non, le président de la République l’a compris et il veille à cela.

L'Observateur