leral.net | S'informer en temps réel

Le Sénégal de 2017 devrait-il être l’affaire des seuls « politiciens » ?


Rédigé par leral.net le Vendredi 30 Octobre 2015 à 09:48 | | 5 commentaire(s)|

Le Sénégal de 2017 devrait-il être l’affaire des seuls « politiciens » ?
En parcourant et consultant régulièrement la presse sénégalaise, leurs pages unes sont consacrées aux faits et événements politiques, nous donnant l’impression qu’on est en période électorale permanente. Dans cette atmosphère aux forts relents électoralistes, les professionnels de la politique semblent tenir en otage le reste du peuple et se projettent déjà à des stations de futurs présidents, ministres, députés, maires, directeurs généraux, etc. Qu’en est-il du reste de la grande majorité des citoyens ? Vont-ils toujours accepter de subir, sans coup férir, comme toujours ?

Indépendant depuis plus d’un demi-siècle, le Sénégal s’est engagé dès son accession à la souveraineté nationale dans un processus démocratique ayant connu de multiples phases d’évolution et de soubresauts. Ainsi de Léopold Sédar Senghor, Mamadou Dia, Abdou Diouf, Me Abdoulaye Wade à l’actuel Président Macky Sall, les évènements heureux comme douloureux se sont succédés sur la scène politique sénégalaise. Le trait commun de tous ces illustres personnages est la pratique de la politique qui leur vaut l’appellation de «politiciens » chez nos compatriotes.

Certes, la règle établie au niveau planétaire veut que les « politiciens » dirigent, administrent et gèrent les affaires liées à la marche des collectivités locales et des Etats mais il n’en demeure pas moins de constater que leur manière de procéder est de plus en plus en deçà des attentes des populations, notamment dans un pays pauvre tel que le Sénégal. Est- ce à dire que la politique est devenue inopérante ou ce sont les « politiciens » chargés de son application qui ne sont plus à la hauteur?

Apparemment, les « politiciens » ou les hommes politiques sénégalais, pour la plupart d’entre-eux, ne répondent plus, tellement, aux exigences et demandes pressantes à un mieux- vivre des populations âprement éprouvées par la crise économique et sociale. Aujourd’hui, certains leaders qui ont eu à galvaniser et drainer d’énormes foules, à nourrir d’immenses espoirs de détenir des solutions « clé-à-main », sont rudement contestés dans leur manière de faire. D’autres qui contestent, crient sur tous les toits présenter une alternative crédible et féconde, ont eu, déjà à gérer le pays d’une manière décriée et sanctionnée négativement par les électeurs.

Le reste, après avoir perdu les rennes du pouvoir, a retourné sa veste du côté des gouvernants pour mieux profiter des lambris dorés du pouvoir Exécutif. Ce lot est complété par une nouvelle catégorie développant l’argument de la rupture, de la jeunesse, de l’alternance générationnelle, de la réforme profonde, totale et entière. Quels idéaux nobles ! Si cela pourrait constituer une thérapie de choc qui relèverait, miraculeusement, le malade au bord de l’agonie (le Sénégal) !

Que d’idéaux de ce genre, n’a-t-on pas cessé de servir au peuple depuis l’aube des indépendances : « réformer les vieux esprits »; « Tuer le vieil homme qui dort en nous » ; « Gérer mieux et autrement », « bonne gouvernance », etc. Toujours est- il que ce sont des « politiciens » chevronnés ayant eu la magie du verbe, au diapason des idéologies triomphantes ou des plus révolutionnaires qui en ont été les dépositaires, les théoriciens.

Malheureusement, à l’arrivée, beaucoup de discours, de lois, de décrets, de résolutions, d’arrêtés, de plans, de directives, mais peu de résultats concrets et probants qui auraient permis de placer, définitivement et confortablement, la nation sénégalaise sur les rampes du développement ou de l’émergence.

C’est pourquoi, riche de ces enseignements de l’histoire politique de notre très cher pays, tout sénégalais épris du bon devenir de sa nation, chancelant sous les coups répétés et assommant de la plupart de ses gestionnaires, depuis des décennies, doit scruter l’horizon 2017. Non pas avec l’attitude stérile du spectateur qui vibre avec le tempo donné par son équipe mais plutôt comme un patriote imbu du sens civique de faire du Sénégal de 2017 de ce qu’il voudra qu’il soit, non plutôt de ce que les « politiciens » voudront leur faire entrevoir ou rêver.

Notre patrie compte toujours des hommes intègres, au sens civique très élevé qui peuvent aider à sortir de l’impasse et hisser très haut l’étendard national. Mais, ils doivent prendre conscience, se rebiffer, s’engager, s’organiser, s’intéresser à la gestion des affaires pour éloigner les mains malpropres et promouvoir la bonne gouvernance, la transparence, entretenir encore l’espoir pour éviter les drames et mettre un frein à la souffrance extrême des populations désemparées.

De tels leaders capables de porter la forte aspiration des Sénégalais au bien-être, à une vie décente et humanisant émergeraient de la société civile « d’en- bas » et non de celle « d’en- haut » ou des salons calfeutrés, des conférences et séminaires internationaux, loin des conditions de vie drastiques du peuple. En effet, les Sénégalais dont l’engagement citoyen, dans leur quartier, leur ville, leur village et leur pays sont reconnus, constamment et unanimement, par leurs pairs sont interpellés. Cette race de leaders désintéressés, enracinés, motivés et déterminés devra évoluer d’un cran pour intégrer les sphères de la décision afin de pouvoir présider aux destinées des millions de leurs compatriotes. De cette manière, le pouvoir « de la base vers le sommet » qui est l’essence de la politique de décentralisation menée au Sénégal depuis fort longtemps et qui tarde encore à donner tous les résultats escomptés, aurait de fortes chances de se réaliser en s’appuyant sur des valeurs sûres.

Pourtant, le peuple (silencieux) le peut car il veut, ardemment, des changements véritables et profonds dans la manière de conduire les affaires publiques pour un Sénégal prospère où il fera bon vivre pour chaque citoyen. Pour cela, le cas de OBAMA, qui en développant le slogan « yes, we can », est finalement devenu le premier président noir de la première puissance économique mondiale, est à méditer. Juste, pour nous rappeler que l’accès à cette exigence du peuple est loin de ressembler à une chimère. Il suffit que chacun l’intègre, en discute, partage l’idée, s’organise et s’investisse pour que 2017 soit un nouveau départ où les concurrents ne seront plus les seuls « politiciens » professionnels, préoccupés, habituellement, que par l’atteinte de leurs fins et objectifs inavoués, mais plutôt des citoyens patriotes arrimés aux besoins vitaux de leurs concitoyens, n’agissant et n’intervenant que pour leur satisfaction correcte.

Mamadou Dieng
Citoyen sénégalais
Email : mdieng14@yahoo.fr