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Le Sénégal, pays des paradoxes, scandales et crimes sans suite.

Rédigé par leral.net le Dimanche 20 Juillet 2014 à 16:38 | | 0 commentaire(s)|

En réalité depuis notre indépendance, exception faite d’une courte séquence, celle pendant

laquelle Mamadou Dia était le chef du gouvernement, notre pays a été gouverné sans rigueur,

ni application sans faiblesse de la loi à ses contrevenants. Ainsi, les affaires publiques allant

crescendo se sont empirées pour s’installer dans un laxisme effroyable et un laisser-faire

inqualifiable. Avec cette absence de rigueur et de contrôle strict, les gouvernants successifs se

sont alors, à la faveur de cet état de pagaille et d’anarchie, à cœur joie et comme des bandes

organisées de malfaiteurs, attelés à piller sans état d’âme et retenue les ressources du pays

mises à leur disposition pour bien le gérer. Il est évident que dans un tel environnement et une

atmosphère si défavorable, il n’était point possible de réunir les conditions optimums d’un

développement économique, voire global dans les normes.

En effet, nous avons remarqué de manière formelle et irréfutable, et toutefois, le sont

aussi avec nous, quasiment la plupart des observateurs attentifs et objectifs de notre pays,

que depuis le départ de Mamadou Dia, les détournements de deniers publics, les crimes

économiques et de sang étaient commis par les gouvernants en place avec plus d’ampleur.

Paradoxe ! Mais pour autant, ils n’ont jamais été sanctionnés à la hauteur de la gravité des

faits et par rapport aux lois, même simplement en vigueur. Et encore moins, en rapport avec

leur degré de responsabilité dans les affaires, ce qui devrait être de surcroit une circonstance

aggravante des sanctions. Voilà pourquoi d’ailleurs, nos prisons ne sont jusque-là remplies

que de larcins et autres pickpockets, au même moment où les grands voleurs eux, profitent

aisément de leurs butins et biens mal acquis, -l’impunité favorisant- au détriment de la grande

majorité du peuple sénégalais.
Alors, si les révélations surprenantes et fracassantes du colonel A Aziz Ndaw sont

effectivement fondées,- nous supposons qu’elles le sont, puisqu’il n’y a pas de fumée sans

feu- il pourrait tout au moins y avoir sans aucun doute, quelques cas avérés alors. Mais si

nous sommes bien dans un tel cas de figure, cela voudrait dire alors que nous avions une

bande de malfaiteurs au sein et à la tête du régime libéral. Une bande, dont l’ignoble tâche

ne consistait en fait, qu’à piller systématiquement nos ressources sans scrupule. Ce serait

aussi la confirmation que notre pays n’était pas du tout entre de bonnes et expertes mains

en matière de gestion des affaires publiques. Et nous y sommes d’ailleurs jusque-là. Car le

pays est malheureusement bien loin d’une gestion rigoureuse, efficiente, sobre, vertueuse,

efficace, transparente, etc. Nous constatons en fait que l’environnement peu rigoureux dans

lequel le pays baigne actuellement au plan des institutions et autres, ne permet aucunement

une gestion telle que souhaitée et n’empêche nullement du tout aussi, un pillage systématique

et détournement de toutes sortes des ressources nationales de se faire, parce que l’impunité, le

laxisme et l’absence de rupture demeurent encore jusque-là.

A la suite des fracassantes révélations, tout de même bien tardives, du colonel Ndaw, comme

un déclencheur automatique, les langues certains responsables libéraux commencent à se

délier. Et d’un peu partout, fusent des négations et justifications puériles et peu convaincantes

de ceux-là qui se sentent déjà visés. En tout cas, ces révélations ne donnent encore que plus

de poids et de raison valable, à poursuivre justement avec davantage de rigueur et de célérité,

la traque des biens mal acquis et tous ceux qui se sont enrichis illicitement par les biens de

la nation. Et en outre, elles montrent au besoin et dans une large mesure également, qu’il y a

anguille sous roche, et que ce n’est point une chasse aux sorcières, de fausses accusations ou

une adversité politique sans fondement. Elles constituent à suffisance, tout le sens du devoir et

de l’obligation que l’Etat a par devers lui, à châtier avec sévérité, tous les véreux bénéficiaires

reconnus coupables, en guise de sanction exemplaire et dissuasive à l’endroit de ceux qui

auraient l’intention de tenter demain de les imiter.

D’ailleurs, nous le constatons à travers leurs déclarations dans la presse. En effet, certains

responsables libéraux, dont les comptes bancaires souffrent le trop plein, commencent à

perdre leur sommeil depuis la sortie du livre et l’annonce de ses révélations qui éclaboussent certains d’entre eux. C’est un secret de Polichinelle, que tous ces gens concernés ont été bel et

bien gracieusement servis par Me Wade, dans sa folie oligarchique à dilapider gratuitement et

sans compter nos ressources. Ainsi, par cette voie ou manière, Me Wade traduisait en fait son

idée folle et saugrenue de création de riches artificiels. En effet, Wade distribuait des millions

à ses alliés pour les récompenser. Et l’ancien Premier ministre Souleymane Ndené Ndiaye en

avait fait la révélation en soutenant toutefois que ce n’était pas une source d’enrichissement

illicite. Il reconnaitrait d’ailleurs avoir reçu beaucoup d’argent de son mentor Me Wade. Mais

si un tel fait n’est pas une source d’enrichissement illicite, il est quoi alors monsieur Ndiaye ?

Et bizarrement, tous ces bénéficiaires indélicats ne donnent que des justifications bidon, qui

ne peuvent en aucune façon tenir la route, à savoir que c’est un don reçu de Wade ou d’amis

étrangers. Quelle incongruité !

Le président Macky Sall raterait le coche, en laissant filer en ce moment une occasion et la

meilleure de son magistère, pour laisser une empreinte positive, en tirant au clair une bonne

fois pour toutes, cette nébuleuse affaire de biens mal acquis et bien d’autres énigmatiques

affaires publiques, qui empoisonnent l’atmosphère du pays depuis 2 ans. L’engagement

solennel et ferme de Macky Sall à poursuivre jusqu’à son terme la traque des biens mal acquis

et l’assainissement des mœurs par son gouvernement dès le début de son mandat, figurait

parmi les priorités et avait reçu un franc soutien populaire sans précédent. Cette promesse

est encore fraîche dans nos mémoires. Mimi Touré, comme ministre de la Justice avait

entamé dans ce sens un travail remarquable et encourageant, ce qui faisait trembler de peur

certains et la constitution de lobby contre elle. Mais malgré tous les crocs-en-jambe qu’on

lui faisait, elle avait fermement tenu la dragée haute à ses détracteurs. Le constat qui se

dégage aujourd’hui, est que l’intensité et la fermeté requises pour cette affaire, s’émoussent

et laissent même entrevoir des négociations inacceptables et autres médiations pénales, donc

une dérobade en vue ou un abandon de la traque. Une telle issue malheureuse serait une

catastrophe de plus aux yeux des Sénégalais, qui s’attendaient à bien mieux. Et le fait de

laisser filer ces voleurs avec autant de biens, justifierait sans aucun doute que l’impunité et

l’absence de rupture dans la gestion des affaires publiques, demeurent encore parfaitement

chez nous. Mais quoi qu’il en soit, tous les méfaits et revers de cette bataille perdue,

retomberont immanquablement sur la tête de Macky Sall lui-même.
II est bien vrai, et à cela il n’y a aucun doute, que le Sénégal est un pays de scandales où

les uns sont plus graves que les autres. Mais le paradoxe, c’est qu’aucun de ces scandales

bizarrement, n’a encore connu de dénouement net et clair. Il est pratiquement impossible

de dire avec précision combien de scandales et meurtres déclarés et connus, ont été élucidés

depuis 1962. Par ailleurs, on trouve rarement de prisonniers de droit commun, d’anciens

gouvernants ayant commis de graves détournements de deniers publics au cours de leur

gestion. Mais pourquoi donc ? Tout cela à cause simplement, de mensonges et de manœuvres

d’évitement de la vérité de gouvernants irresponsables, sans patriotisme et éthique.

Au demeurant, toutes ces révélations scandaleuses depuis lors, prouvent nettement que

nos gouvernants ont toujours menti et continuent encore à mentir au peuple sénégalais.

A l’évidence, tout reniement est un mensonge. Par conséquent, tout homme qui se renie

est bien capable de commettre toutes sortes bassesses pour avoir la satisfaction de ses

besoins. Au Sénégal, et jusque-là en tout cas, tous ceux qui ont accédé au pouvoir, se sont

reniés totalement ou partiellement, sur leurs engagements essentiels et fondamentaux.

Voila pourquoi, cela sème à juste raison, le doute dans l’esprit des citoyens, et à se poser la

question : maintenant, à qui faire confiance demain ? Donc, ce scandale de la Gendarmerie

après celui tout récent de la police relatif à la drogue et la corruption, n’en est qu’un de plus

et le nième du genre. Et sous peu de temps seulement, il sera classé sans suite et comme

furent ceux qui l’ont précédé, on n’entendra plus en parler. Au regard de tout cela, on pourrait

raisonnablement cataloguer notre pays, comme celui du cimetière des scandales. Ainsi, ils y

naissent, s’y développent, y meurent, y sont enterrés et, un point final.
Maintenant, il faut tout de même souligner faire remarquer que le cas du colonel Ndaw,

comporte bien des zones d’ombre, qu’il doit éclaircir pour que les Sénégalais puissent

comprendre. En effet, pourquoi avoir révélé tout cela que maintenant ? Ensuite, quelles

sont les raisons évidentes de son silence durant toute cette longue période qui précède ses

révélations? Puisqu’il était le chargé de l’enquête du naufrage du Bateau le Joola, qu’il nous

dise aussi ce que le rapport a révèle et qui sont les responsables réels de la catastrophe ?

Et pourquoi n’a-t-il pas, ce qui est plus judicieux, publié son rapport sur le Joola à la place

de son livre ? Où se trouve en ce moment son rapport sur le Joola ? Enfin, puisqu’il est si

imprégné de l’Affaire Me Seye, qu’il nous dise, qui est l’assassin de ce dernier ? Le colonel

ayant évoqué beaucoup de problèmes à la fois, qui couvrent une longue période, il faut

craindre alors dans son cas s’il n’a pas fait, comme disait l’autre : qui trop embrasse mal

étreint ! Nous estimons que des réponses nettes et claires du colonel aideraient tout le monde

à y voir clair.

Nous pensons que l’Etat à tout intérêt et même l’obligation, de faire toute la lumière sur le

cas du colonel Ndaw. L’affaire étant si grave, elle ne doit pas par conséquent finir en eau de

boudin, mais bien, par des sanctions sévères à l’encontre de tous les coupables reconnus.

Le Sénégal est paradoxalement, le pays où les gouvernants, au lieu de gérer convenablement

et rigoureusement les biens de la nation qui leur sont confiés, pour le bonheur et la satisfaction

des citoyens, non, ils se le partagent entre eux tout bonnement, en laissant la majorité de leur

peuple patauger dans la misère noire. Ainsi, en lieu et place de servir leur peuple, comme

un sacerdoce, ils se servent plutôt de tous ces biens à leur seul et unique profit. Y-a-t-il

moralement, socialement et humainement d’actes criminels plus odieux et ignobles que

celui-là ? Peut-on objectivement attribuer à tels gens, un grain de patriotisme, d’éthique, de

dignité, etc. ? Absolument non !

Par ailleurs, au moment où en France, l’Elysée procède à réduire ses dépenses par des coupes

partout où cela est possible par soucis d’économie, Voilà qu’au Sénégal, le président de la

République lui, prend le sens contraire. Ainsi, au lieu de cela, il gonfle son gouvernement de

39 ministres et secrétaires d’Etat, avec plein de bleus, en plus des ministres d’Etat et ministres

conseillers. Voilà pourquoi, nous sommes bien en droit de se demander si sérieusement, au

Sénégal, nos gouvernants comprennent ce que veut dire exactement train de vie de l’Etat ? À

plus forte raison de la nécessité de penser même à le réduire à ses plus justes proportions, en

rapport avec la situation économique et financière du pays ?

En fait, nous ne sommes pas loin d’une calamité, en ce sens que nos gouvernants, tout en

proclamant par des vociférations le combat pour le développement et l’émergence du pays,

paradoxalement, toutes les actions qu’ils mènent sont en contradiction flagrante et immergent

plutôt notre pays, dans les profondeurs abyssales du sous développement et de la pauvreté.

Alors que le Sénégal est pourtant, parmi les pays les plus adulés par la Communauté

internationale – bénéfice d’effacement de dettes plusieurs fois, d’aide et d’assistance

multiforme, etc-. Il est aussi courtisé et choyé par les grandes puissances qui ferment

d’ailleurs leurs yeux ou se taisent très souvent, par sympathie ou intérêt politico-économique,

sur les nombreux manquements de ses dirigeants d’hier à aujourd’hui. Paradoxe encore !

Malgré tout cela, son peuple n’en profite pas pour autant.



Mandiaye Gaye

Gaye_mandiaye@hotmail.com