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Le décret 2013-125 est un scandale sans précédent, un déni de justice et doit être abrogé. Par Mandiaye Gaye


Rédigé par leral.net le Vendredi 12 Décembre 2014 à 21:14 | | 0 commentaire(s)|

Le décret 2013-125 est un scandale sans précédent, un déni de justice et doit être abrogé. Par Mandiaye Gaye
En Septembre 2013, je publiais à ce sujet un article pour dénoncer cette mesure inédite, infondée à tous points de vue, qui s’intitulait : « Macky Sall revalorise nos anciens chefs d’Etat..». Voir lien (http://www.boytownmag.com/macky-sall-revalorise-nos-anciens-chefs-detat-abdou-diouf-et-abdoulaye-wade-sous-forme-de-plan-orsec-parce-quils-seraient-devalues-ou-naufr/) Aujourd’hui encore plus qu’hier, le décret 2013-125 sur le traitement des anciens-chefs d’Etat est injustifiable et si scandaleux, qu’il doit être abrogé le plus rapidement possible car, c’est un déni de justice et il est inconstitutionnel à bien des égards. Il doit être remplacé par une loi organique, qui sera examinée judicieusement par l’Assemblée nationale pour bien cerner ses contours, et non sur un simple décret présidentiel. Il faut absolument une loi organique en parfaite conformité avec la Constitution. Cette loi devra tenir compte à nos réalités économiques, sociales et ressources financières, et être adossée à notre statut réel d’Etat PMA et PPTE, avant d’être votée. En termes clairs, avec ce décret présidentiel, il y a là, à n’en pas douter, un excès de pouvoir, que le président Macky Sall a manifestement commis, soit par volontarisme, par générosité excessive, pour faire plaisir à ses prédécesseurs ou pour en bénéficier demain après le pouvoir. Dans tous les cas, si tel est l’esprit, c’est assurément une grave erreur de sa part qui pourrait lui couter très cher, s’il n’abrogeait pas d’ici là ce fameux décret.
A la décharge quand même du président Abdou Diouf qui n’a dit mot sur cela, sans doute, parce qu’il n’est pas aussi gourmand que l’autre, ou bien alors, il est plus reconnaissant que Me Wade à l’endroit du peuple sénégalais qui beaucoup sur eux. En effet, nous avons tous entendu ou appris ces jours-ci, l’ex président Abdoulaye Wade, se lamenter pitoyablement à la face du monde sur son sort, et se plaindre de sa situation financière actuelle. Mieux ou pire, il a même osé dire, que l’Etat, voire le peuple sénégalais, n’a pas assez fait pour lui, après qu’il ait quitté le pouvoir. D’ailleurs, il s’en est même plaint auprès du Khalif général des mourides. Il a aussi pris cela comme prétexte, pour justifier sa défection par rapport à ses promesses et engagements sur Touba. Mais dans tout cela, qu’est devenu l’argent que lui aurait remis Serigne Saliou, comme sa contribution aux travaux de Touba ? En tout cas, il n’en a pipé mot ! Ce manque de reconnaissance manifeste, un trait caractériel, qui traduit parfaitement une ingratitude inqualifiable qui frise l’indécence. C’est ce que l’adage wolof appelle : « purux du gëram ñamu daw », c’est-à-dire quelqu’un qui ne se souvient jamais des bienfaits déjà passés.
Pour vous en convaincre, voici le Communiqué du gouvernement qui précise bien ceci : “le décret numéro 2013-125 attribue à tout ancien Chef de l’Etat un traitement mensuel de 5 000 000 francs Cfa, en plus de l’octroi d’une assurance maladie étendue au conjoint, de deux véhicules, d’un téléphone fixe, d’un logement et du mobilier d’ameublement », renseigne le service de presse du Palais qui indique qu'”en cas de renoncement au logement affecté, tout ancien Président de la République perçoit une indemnité compensatrice d’un montant mensuel net de 4 500 000 francs Cfa». En plus “l’Etat du Sénégal prend en charge à hauteur de 40 000 000 francs Cfa, par an, le coût des billets d’avions de chaque ancien Président de la République et de son (ses) conjoint(s)».
De même, il est indiqué que “tout ancien Chef de l’Etat qui décide de s’établir hors du Sénégal peut s’attacher les services de quatre collaborateurs de son choix. Ces derniers sont rémunérés dans les mêmes conditions que les personnels affectés dans les postes diplomatiques et consulaires du Sénégal. Et s’agissant des personnels mis à la disposition de tout ancien Président de la République, l’Etat fournit “un aide de camp dont le grade n’est pas supérieur à celui de Commandant et qui remplit sa mission exclusivement à l’intérieur du territoire national, des gendarmes pour assurer la protection du logement, deux agents de sécurité pour assurer la protection de sa personne, un agent du protocole, deux assistantes, un standardiste, un cuisinier, une lingère, un jardinier et deux chauffeurs».
Les Sénégalais ont là, une belle occasion, d’apprécier à sa juste valeur, l’homme qui a eu à gouverner notre pays, de 2000 à 2012, avec toutes ses facettes peu reluisantes, dont certaines nous ont été soigneusement dissimilées jusque-là. Et également, ils peuvent bien se rendre compte, que ce dernier est un anti modèle pour notre jeunesse et c’est valable aussi pour tout honnête citoyen patriote et de surcroit un homme politique digne de ce nom. Il est évident, qu’avec cette révélation et à travers son attitude présente peu citoyenne, certains d’entre nous ne manqueront pas sans aucun doute, de reconsidérer leur appréciation à l’égard de cet homme là.
Tout compte fait, pensez-vous logiquement ou plutôt honnêtement, que celui qui ne s’est pas suffi de tous ces privilèges si exorbitants accordés, s’était réellement, pendant son magistère, préoccupé avec foi et détermination du sort de ses pauvres concitoyens démunis et gagnepetits ? Un sérieux doute est tout de même permis, que Me Wade n’a pas totalement investi tout l’argent du contribuable qu’il a géré, dans le développement du pays et pour le bien être de la majorité des Sénégalais. Surtout, quand on sait, son obsession par rapport à l’argent, lequel argent, étant considéré par lui, comme Dieu sur terre. Nous pensons, qu’il faut être vraiment naïf ou alors un inconditionnel patenté de Me Wade, pour croire à une pareille hypothèse invraisemblable.
La répétition dit-on est une règle pédagogique. Voilà pourquoi nous ne cesserons jamais de nous répéter tant que ce sera nécessaire. A cet effet, nous persistons à répéter que la trajectoire empruntée par Macky Sall dans la gestion des affaires publiques et tout particulièrement en matière de rémunérations est intenable à la longue, et mènera notre pays dans l’impasse ou sur une voie sans issue. Parce que le système ubuesque, inéquitable, conçu selon la tête de l’individu, et non fondé sur une base objective et légale, conformément à la législation du travail, est inégalitaire et injuste à tous points de vue. Ce système, créé de toute pièce par Me Wade pour satisfaire ses lubies et lobbys personnels, est toujours et malheureusement encore, celui qui est en vigueur dans le pays. C’est ce que Macky Sall est en train de poursuivre sans presque y changer la moindre virgule. Il a quasiment reconduit les mêmes pratiques pour recommencer de plus belle. Alors qu’il fallait rompre avec cette pratique nauséabonde qui privilégie une minorité au sommet de l’Etat au détriment de la grande majorité du peuple sénégalais. La révision de ce système moribond de Me Wade est une voie obligée incontournable, si nous voulons sérieusement sortir de cet engrenage, dans lequel Wade nous a plongés. Et tôt ou tard, il faudra y renoncer et procéder à une redistribution des ressources nationales sur d’autres bases. A savoir, une redistribution fondée sur une base objective, socialement juste, équitable et basée sur des critères de sélection tels que : la compétence, la transparence sans équivoque, pour déterminer les rémunérations de chaque catégorie de personnel. Ce qui exige naturellement, le retour sans faux-fuyants aux fondamentaux et à l’orthodoxie du Statut général de la fonction publique, à ses annexes, à la législation du travail et aux lois de la République qui s’imposent à nous tous.
Au-delà des rémunérations sur lesquelles l’Etat peut réaliser des économies substantielles, en ramenant les salaires à des niveaux raisonnables et à leurs justes proportions, en éliminant de fait les fraudes massives, les cumuls de fonctions et de salaires, la corruption sous ses formes, etc. Ceux qui s’adonnent à ces pratiques le font uniquement, pour gagner malhonnêtement de l’argent, plus exactement pour s’enrichir illicitement. S’agissant des immobilisations corporelles comme incorporelles, il y a également des économies importantes inestimables à réaliser, avec simplement une gestion plus rationnelle à leur niveau. Par exemple, concernant essentiellement le parc automobile de l’Etat, Il y est constaté un désordre et un laisser-aller sans nom. C’est une irresponsabilité notoire que nous remarquons dans l’affectation, comme le choix des types de voitures destinés à acquérir pour assurer le bon fonctionnement du service public. Il doit revenir à l’Etat uniquement, de faire le choix des véhicules selon les besoins nécessaires du service. Le choix des types et de la qualité des véhicules ne doit relever également que de l’Etat et en fonction du budget affecté à ce poste. Et non, comme c’est le cas actuellement, selon le bon vouloir du fonctionnaire ou de l’agent bénéficiaire qui fait son choix. Le nombre des voitures de luxe doit être réduit à leur strict minimum nécessaire, au profit des véhicules utilitaires qui, eux, servent réellement pour le fonctionnement correct et sans faille du service. Il doit en être de même, c'est-à-dire une gestion rationnelle aussi, pour les logements de fonction et indemnités de logement.
Ce sont là, juste quelques exemples parmi tant d’autres qui participeraient à une réduction importante du train de vie de l’Etat. Mais, il existe évidemment d’autres pistes de réflexion pour réduire le train de vie de l’Etat à de justes proportions ; sans paralyser le fonctionnement normal du service public comme c’est le cas actuellement malgré le nombre incalculable de véhicules disponibles, avec uns gestion rationnelle. Naturellement, il va sans dire que la prise de telles mesures exige un courage exemplaire, pour ne pas dire de la témérité, de la part du président de la République. Mais, il devra le faire uniquement, pour satisfaire au mieux l’intérêt général bien compris du peuple sénégalais. Dans ce cas-là, c’est évident qu’il lui faudra faire fi de toutes les menaces, d’où qu’elles puissent venir. Comme du reste, il devra se départir de la crainte de ne pas être réélu pour un 2e mandat. Car, en tout état de cause, une réélection sure, ne peut dépendre objectivement, que d’un bilan positif, qui prend en compte la satisfaction des besoins et préoccupations essentiels des populations.
Pendant qu’il est encore temps, il faut rapidement aller à l’essentiel et aux priorités. Et au-delà des pistes de réflexion citées plus haut, la réforme des institutions ne peut et ne doit plus attendre car, c’est elle qui aidera à asseoir les fondements solides de la République et de l’Etat de droit. La traque des biens mal acquis est une exigence populaire irréversible et fait partie des promesses fermes de campagne du président. Voilà pourquoi, elle doit se poursuivre sans crainte aucune, car c’est une demande populaire justifiée, pour que les biens du peuple volés lui soient rendus. Et si elle est bien menée à terme, les incriminés équitablement jugés, et les sanctions prévues prises appliquées aux coupables, le résultat servira de leçon et permettra de dissuader d’éventuels délinquants à col blanc de même acabit, de vouloir emprunter les mêmes voies. Au fond, tous ces bruissements et tintamarres venant principalement du camp des incriminés et Me Wade en tête, ne participent qu’à vouloir brouiller les pistes qui mènent vers les vrais coupables. Voilà pourquoi, leurs manifestations doivent laisser de marbre et imperturbables les juges de la CREI. Ces derniers doivent demeurer sereins, ce que la majorité des Sénégalais attend d’eux, et dire le droit le moment venu, sans aucune faiblesse coupable ni cruauté inutile
A l’heure actuelle, il y a bien nécessité d’opérer une révolution dans la gestion des affaires de notre pays. Sinon, les délinquants et les escrocs qui s’croissent chaque jour davantage, risquent de prendre le dessus et nous gouverner demain. La révolution, ce n’est pas dans le sens où certains l’entendent ou la perçoivent, c'est-à-dire l’usage de la violence. Non, c’est plutôt dans son essence, à savoir un changement qualitatif d’un ordre ancien par un nouvel de qualité largement supérieure dans l’intérêt général et au profit, des couches populaires et classes sociales démunies du pays, donc le progrès. A l’exemple Jerry Rawlings, qui a bien assaini les mœurs au Ghana et y a mis de l’ordre avant de partir.
Mandiaye Gaye
Gaye_mandiaye@hotmail.com