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Le journaliste et la queue de la grenouille


Rédigé par leral.net le Mardi 21 Juillet 2015 à 16:18 | | 1 commentaire(s)|

Quel Sénégal veut-on nous imposer? Que cachent ces interpellations intempestives de journalistes?
Tout porte à croire que le régime veut donner un signal fort aux journalistes têtus et tenaces, ceux-là qui traquent les PV d’audition, les lettres confidentielles d’un ministre à son Directeur de la SAR par exemple et/ou un plan de déploiement top militaire, pour ne pas dire secret.
Dans tous les cas il y a des choses qui ne sentent pas bonnes et qui présagent un avenir incertain au plan démocratique de notre pays. Au-delà de cette affaire de la « grande muette » (qui commence à être un peu bavarde), l’autre vrai problème, c’est la gestion pas catholique du secteur de l’énergie dont les journalistes tentent de mettre à nu. Il y aurait vraiment de coups tordus qui se font sur le dos du contribuable et on ne veut pas que nous en soyons informés. Autre chose nauséabonde, c’est cette pléthore d’hommes d’affaires devenus subitement amis ou ministres conseillers du Président de la République et qui certainement profitent de leur position pour sauvegarder leurs intérêts au détriment du peuple. Face à cela, des métiers tel que le journalisme d’investigation doit aider à éclairer la gestion de certains départements stratégiques de notre économie. On ne peut plus se contenter d’explications à dormir debout avec des coupures intempestives, le manque fréquent d’eau etc. Oui, il nous faut des métiers, des professionnels à même de débusquer et de dévoiler ces mystérieux secrets entourés d’énigmes de nos gouvernants. Et pour cela le journalisme d’investigation, quoique risqué, semble nécessaire.
Mais pour les tenants du pouvoir et leurs complices, tous les moyens sont bons pour bâillonner les « perturbateurs ». Du délit de sureté de l’Etat, à l’offense au Chef de l’Etat en passant par le secret défense, tous les ingrédients sont bons pour museler les « curieux » et les perturbateurs. En effet, après le défilé des politiques devant le juge pour offense à Macky SALL ou atteinte à la sureté de l’Etat, voilà que les journalistes se rendent coupables pour, s’il vous plaît, « délit d’informer ». C’est terrible ! C’est ahurissant ! Et plus saugrenu, on leur demande de livrer leurs sources ; autant demander à la grenouille sa queue.
Quand pour peu de chose l’Etat panique et cafouille, quand pour des propos comme « Macky ne passera pas la nuit au palais…», « la révolution est en marche… », les citoyens sont jetés en prison, les sentinelles de la démocratie et des Droits de l’Homme doivent se mobiliser pour barrer la route à cette posture anti démocratique. Ce régime est frileux et se trompe forcément d’époque. Il faut le réveiller et le faire revenir à la réalité. Il a certainement oublié les combats et acquis démocratiques de notre peuple et aussi, la part des journalistes dans cette longue marche. Vouloir remettre en cause tout cela en un laps de temps et ce, pour des intérêts partisans, relève de l’utopie. Ça ne passera pas.
Les politiques et leurs amis affairistes ne sont pas plus patriotes que les journalistes. Ils n’aiment pas ce pays plus qu’eux. Il me semble que ces derniers ne sont l’ami de personne, d’aucun régime ; ni avec le pouvoir ni contre, ni avec l’opposition ni contre. Ils sont simplement les « esclaves » de l’information. Ils la traquent par les moyens dont ils sont les seuls maîtres en vue de la porter à la connaissance du public ; les menacer, les intimider voir les condamner pour cela, pour l’information vraie et juste, c’est bafouer le droit à l’information de tous les citoyens. Je ne soutiens guère que les journalistes soient au-dessus de loi, mais pour cette affaire, on aurait dû nous faire l’économie de leur convocation. A moins que les puissants lobbys n’activent leurs hommes de main. Voilà pourquoi la population doit être très sensible et alerte par rapport à ce que je qualifie d’intimidation de la part des pouvoirs publics.
La liberté d’expression, la protection de la source, sont entre autres les fondements sur lesquels se base le métier de journalisme. Auguste ignore-t-il cela ? Thémis elle, ne peut l’ignorer. Cette mise sous contrôle judiciaire est une farce juridique. Dégoutant !

Abdou Khadre SANO
Ni à droite, ni à Gauche