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Le rapport de Makhtar Mbow passé au tamis à l’Assemblée

Les articles 80 et 81 du rapport de la CNRI divisent les députés interrogés par EnQuête. Si certains s’opposent à la limitation du mandat des parlementaires et à la suppression du cumul de mandat de député et celui de président de conseil de collectivités locales, d’autres, par contre, trouvent ces propositions salutaires, notamment pour le renouvellement du personnel politique.


Rédigé par leral.net le Samedi 15 Février 2014 à 20:35 | | 1 commentaire(s)|

Le rapport de Makhtar Mbow passé au tamis à l’Assemblée
Le rapport de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI), ainsi que l'avant-projet de constitution, ont été remis au président de la République, avant-hier. Riche de 154 articles, le rapport propose des réformes sur plusieurs questions liées au fonctionnement de l’Assemblée nationale. Mais certaines dispositions suscitent déjà une polémique entre parlementaires.

C’est le cas de l’article 80, qui stipule : “(...) le mandat des députés est de cinq ans. Il ne peut être abrégé que par dissolution de l’Assemblée nationale. Aucun député ne peut exercer plus de trois mandats”. Une disposition à laquelle Moustapha Cissé Lo, vice-président de l’Assemblée nationale s’oppose. A la place, il suggère sa réduction “Je ne suis pas d’accord. Je trouve que deux mandats, c’est suffisant !”, déclare-t-il.

Pour ce membre du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, donc, la fonction de député doit être un “sacerdoce” et non pas une carrière. Sa collègue, Seynabou Wade, elle, estime que “le nombre de mandat importe peu”. Puisque la décision finale revient finalement aux électeurs. “L’essentiel, dit le député non inscrit, est de savoir si le député a bien travaillé ou pas”.

S’exprimant à “titre personnel”, Oumar Sarr du parti Rewmi a une lecture plus politique de la question. Pour lui, “le mandat électif provient d’une confiance qui lie le député aux populations”. Ce qui fait du parlementaire “la personne qui connaît le mieux les préoccupations de sa base”. Vouloir donc limiter le nombre de mandat des parlementaires constituerait, à ses yeux, un gros risque. “Il n’est pas dit que lorsqu’on change de député, celui qui le remplace aura la même proximité avec la base et la même prestance”, fait savoir le responsable de Rewmi.

Cette réalité est valable pour ce qui est du cumul des mandats. Selon l’article 81, “le mandat de député est incompatible avec celui de président de conseil de collectivité locale”. Mais pour Oumar Sarr, cela est bien possible car “ce sont les collectivités qui exercent les compétences transférées”. Et le député-maire représente, dans ce cas, “l’exécutif local” qui aura pour mission de remonter les doléances au niveau de l’hémicycle. Ce qu’il interdit, ajoute-t-il, c’est le cumul de poste de ministre et de celui de maire qui est considéré comme un “conflit d’intérêt”. “On ne peut pas être juge et partie”, dit-il.

“L’article 81 va favoriser un renouvellement de la classe politique”

Cet avis, Seynabou Wade ne le partage pas. La maire de la commune de Fass- Colobane-Gueule Tapée, trouve, au contraire, l’article 81 salutaire dans la mesure où il “règle le problème du renouvellement de la classe politique” dans notre pays. “Politiquement, c’est bien”, apprécie-t-elle. “Les secrétaires généraux n’auront plus de raison de se quereller. On remarque que les gens se bousculent uniquement pour les 500 000 qu’ils gagnent” en tant que maire, se désole la responsable de Bokk Gis Gis.

Revenu à la charge, Oumar Sarr considère que la question “nécessite un large consensus”. Ce que lui concède Moustapha Cissé Lo qui a par ailleurs émis des “réserves” sur de nombreux points du document. “Nous ne sommes pas liés par ce rapport. Il est destiné au président de la République. Nous attendons qu’il nous soit soumis pour que nous fassions des amendements”.

EnQuête