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Le silence des "Accusés", le plaidoyer des orthodoxes

Ce mercredi au King Fahd Palace, le président de la République a dénoncé une certaine manière de faire la revue de presse assimilée à une dictature. Mais visiblement, entre ceux qui se sentent visés par ces propos et ceux qui en appellent à l’orthodoxie dans ce genre rédactionnel, l’écart se trouve entre le silence et la prise de position.


Rédigé par leral.net le Vendredi 29 Août 2014 à 17:26 | | 0 commentaire(s)|

Le silence des "Accusés", le plaidoyer des orthodoxes
“Des gens qui n’ont rien à voir avec le métier, qui occupent l’espace. Comment se taire devant ce diktat de ce qui est communément appelé la revue de presse ? La revue de presse est une dictature imposée à la nation tous les matins... On organise tout au long de la journée des wax sa xalaat. Et derrière, il y a tout une pollution des émissions qui empêche le pays de travailler”.

Tels sont les propos tenus par le président de la République Macky Sall lors de l’installation du conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED) avant-hier à Dakar. “Je ne veux pas commenter ces propos”, a déclaré Mamadou Mouhameth Ndiaye, qui assure la revue de presse en wolof sur la radio futurs médias (RFM), après avoir été joint par EnQuête.

Très critiqué dans l’opinion pour ses “dérives” dans ce genre journalistique, mais considéré comme l’une des stars dans le domaine, Ahmed Aïdara, de la radio Zik Fm (Groupe D-Média), n’a pas répondu au coup de téléphone d’EnQuête. Tout juste peut-on reprendre ses propos d’hier dans l’émission “Teuss” : “désormais, que personne ne compte sur moi pour la revue matinale”, a-t-il déclaré. Sérieux ou ironie ?

Fabrice Nguéma, Son compère du même groupe pour la revue de presse en français, s’est voulu bref. “Je ne veux vraiment pas faire de commentaires. A mon avis, le Président a des choses plus importantes (à régler) que la revue de presse”, dit-il sur le ton enjoué qui est le sien.

Loin des artifices ou de la fuite en avant, le journaliste de Walfadjri Ousmane Sène ne fait pas dans la langue de bois pour commenter les propos de Macky Sall. “Je n’aime pas trop que l’Exécutif se mêle de la pratique de certains métiers, surtout de celui des journalistes qui est sous-tendue par la liberté. Mais je crois que cette déclaration, on peut l’accepter”, a-t-il indiqué. “Le Président a parlé de la revue de presse dans le sens d’une réorganisation, ce qui est un souhait même de la corporation”, a-t-il ajouté.

Bassirou Kane qui officie à Radio Sénégal internationale (RSI) est du même avis. “Certaines revues de presse ne répondent pas aux normes journalistiques”, lâche notre confrère du service public. C’est pourquoi un changement s’impose car ce qui est servi aux auditeurs par certaines radios est différent de ce qui est enseigné dans les écoles de journalisme. “La revue de presse devrait être une vitrine pour la presse écrite en permettant de (mieux) vendre les journaux. Mais telle qu’elle est faite aujourd’hui, c’est l’effet contraire qui est obtenu”, rebondit Ousmane Sène.

En effet, au lieu de s’en tenir aux grandes lignes des articles, de tonitruants animateurs d’une certaine revue de presse tombent dans le commentaire après avoir lu une bonne partie du journal ou d’un article. Plus grave, s’inquiète notre confrère du groupe Walfadjri, “certains vont jusqu’à dire des choses qui ne sont pas dans les journaux” alors qu’il faut juste “rendre compte de ce qui est dans les journaux” complète Bassirou Kane.

“Il n’y aurait jamais eu de problèmes si l’on s’en tenait strictement au contenu des articles, même s’il est souvent difficile de rendre fidèlement en wolof ce qui a été écrit en français”, reconnaît Abdoulaye Bob de Walfadjri. “On ne trouve pas toujours la parfaite traduction”, avoue-t-il. Ce qui pousse son rédacteur en chef à constater que “la revue de presse en wolof est une aberration car les journaux sont pour les alphabétisés”.

Clairement, “le Président Macky Sall s’adresse à des gens” bien identifiés, même s’il s’est gardé de les citer pour ne pas personnaliser son discours. Toutefois, la faute n’incombe pas aux seuls reporters et patrons de presse (car) le public serait également complice. “Chaque peuple a les médias qu’il mérite”, dixit Ousmane Sène. “Le public adhère à cela mais je pense qu’il faut revenir à l’orthodoxie”, tranche Bassirou Kane.

Source:EnQuete