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Le travailleur sénégalais est-il... fainéant ?

Si au Sénégal la boue est souvent jetée sur les employeurs, “peu respectueux” selon les syndicalistes des droits des travailleurs, de plus en plus le centre d'intérêt porte sur la productivité des travailleurs sénégalais dont un des mignons péchés est la non-ponctualité au travail.


Rédigé par leral.net le Jeudi 1 Mai 2014 à 14:29 | | 4 commentaire(s)|

Le travailleur sénégalais est-il... fainéant ?
Depuis que le débat est posé sur le changement de comportement, levier de l'Emergence, certains défauts sont pointés du doigt comme l'indiscipline, le manque de ponctualité, le déficit de professionnalisme, entre autres maux.

Déjà, lors du Conseil des ministres de jeudi 26 juillet 2012, l'attention était attirée sur l'absentéisme au niveau de l'administration : “le président de la République a instruit que des mesures fermes soient prises contre la violation répétée de la réglementation en vigueur, surtout par la haute administration, quant aux horaires de travail, aux retards et aux absences de complaisance, inacceptables dans une administration qui se veut performante, efficace et respectueuse des usagers du service public”, soutenait Serigne Mbaye Thiam, alors porte-parole du gouvernement, qui lisait devant la presse le communiqué du Conseil des ministres.

Le 3 février 2013, le chef de l’Etat, Macky Sall, préside la levée des couleurs au Palais de la République. Il profite de l’occasion, en présence du Premier ministre de l'époque, Abdoul Mbaye et des ministres du gouvernement, pour appeler les fonctionnaires et agents du secteur privé à plus de ponctualité au travail.

“Il faut venir travailler à l’heure et non deux heures après l’ouverture des bureaux pour en ressortir après quelques heures pour des courses”, a dénoncé le chef de l’Etat. Deux ans plus tard, le discours est le même. Le pouvoir veut montrer l'exemple qu'il rappelle aux membres du gouvernement qu'il y a un suivi-évaluation de leurs actions et que les ministres sont notés sous l'angle de la performance. Le Président Sall de rappeler qu'accélérer la cadence ne saurait se limiter à sa déclaration. Un clin d’œil qui a d'ailleurs été très commenté dans la presse.

Autre clin d’œil, le samedi 20 janvier 2014, à l’inauguration de l’Hôpital d’enfants de Diamniadio (HED), d’une capacité de 140 lits, le président Macky Sall déclarait ceci, en présence du Premier ministre Aminata Touré, de la ministre de la Santé et de l’Action sociale, Pr Awa Marie Coll Seck, et l’ambassadeur de Chine, Xia Huang :

"La Chine a construit cet hôpital en 23 mois. En tant que Sénégalais, cela doit nous obliger à pousser la réflexion et à veiller à effectuer les travaux dans les plus brefs délais". Le Président Sall de se faire plus incisif : "Il faut qu’ils sachent travailler plus rapidement", a indiqué le dirigeant sénégalais avant de poursuivre en langue nationale wolof : "Loolu nak, ñun dañu ci wara am ay jangat" (nous devons en tirer des enseignements, nous Sénégalais).

Si de plus en plus le débat est posé au niveau de l'Etat, le sociologue Malick Ndiaye a regretté dernièrement “que la société civile ne se soit pas approprié la question pour la traiter comme il faut”. Une société civile beaucoup plus intéressée par des questions de démocratie, de droits de l'Homme, de la Femme plutôt que des questions de développement et de progrès économique.



Faux certificats médicaux : la loi du silence...

Les faux certificats médicaux empestent déjà l'atmosphère au niveau de la Justice. Dans les lieux de travail aussi, ils ont fini par installer un véritable climat de...non travail. N'importe quel employé qui n'a pas envie de respecter ses jours de travail, peut s'en procurer et le présenter à son employeur. Généralement, c'est le cachet et la signature du médecin qui sont les critères de validité. Il est rare de voir un employeur contester le document, même si tout le monde sait qu'il est confectionné avec laxisme et souvent sur la base de pratiques corruptrices. Pourtant la loi existe, qui réprime de telles pratiques frauduleuses.

Lors de la tenue des journées de réflexion de la Cour suprême sur ‘l'éthique, la justice et la médecine : les agressions sexuelles et les problèmes liés aux certificats médicaux’, tenue en avril 2009, Me Madické Niang, à l'époque ministre de la Justice, rapportait ceci dans les colonnes du Soleil: “La rédaction du certificat médical est un acte grave de l'exercice de la médecine qui témoigne, par sa portée, de la confiance accordée au corps médical par notre système de justice. Il constitue un témoignage émanant du médecin.

Et la formule classique : ”Je soussigné, docteur en médecine certifie que...” qui coule sous la plume du médecin, a une portée que l'habitude et la routine font malheureusement souvent oublier’. Or, ajoutait Me Madické Niang, ‘le certificat médical engage la responsabilité non seulement du médecin qui rédige mais aussi la responsabilité civile et pénale de l'auteur des blessures volontaires et involontaires’. Le travailleur qui use et abuse bien souvent de ce document sonde-t-il réellement la portée de son acte ? En tout cas, ils sont bien nombreux les responsables d'entreprises qui, bien que conscients qu'il s'agit de faux, ont la paresse d'engager une procédure contre leurs employés...


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