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Les Jeux Olympiques, la Syrie, le Mali et nous.

Rédigé par leral.net le Lundi 30 Juillet 2012 à 18:23 | | 0 commentaire(s)|

Les Jeux Olympiques, la Syrie, le Mali et nous.
Alors que le monde entier avait en 1994 les yeux rivés sur le petit écran pour voir se dérouler les préparatifs puis les compétitions de la coupe du monde aux USA, le génocide rwandais planifié et exécuté par un pouvoir central hutu continuait en sourdine. Aujourd’hui, en plein Jeux Olympiques, Bachar-Al-Assad bombarde ses compatriotes.

En 1994, la fameuse communauté internationale n’avait pas pris en compte les avertissements du commandant Dallaire de la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR). Au bout du compte, il y eut 800 000 morts à majorité tutsi. Le monde civilisé doit-il attendre de vivre un génocide plus important en Syrie pour se réveiller ?

Un grand événement sportif mondial venait en 1994 d’éclipser le plus grand génocide du monde en termes de nombre de mort par jour (8000 par jour en 100 jours de génocide). Avec le génocide rwandais, l’ONU et les pays occidentaux venaient de faire preuve d’une lâcheté historique eux qui pouvaient d'imposer un cessez-le-feu pour arrêter les massacres. Les J.O de Londres 2012 vont-ils éclipser la folie en Syrie avec un Bachar al-Assad qui lance des bombardements contre les insurgés devant une communauté internationale amorphe ?

Pourtant la communauté internationale aurait bien pu rééditer ce qu’elle a fait en Lybie hier en 2011 face à la folie de Khadafi. Le conseil de sécurité de l’ONU avait voté une résolution autorisant la création d'une zone d'exclusion aérienne au dessus de la Libye pour « permettre » un combat loyal pour ne dire égal entre le pouvoir et les insurgés. Les abstentions de la Russie, et de la Chine n’y firent rien. Khadafi finit par disparaître sous la poussée d’un peuple libyen qui, sans ce coup de pouce de la « No Fly Zone » Zone d’exclusion aérienne, n’aurait sans doute pas gagné la guerre. Heureusement pour le peuple libyen : le pétrole valait bien l’engagement des nations unies et des occidentaux.

Aujourd’hui, au-delà du soutien anachronique de la Chine et de la Russie, la communauté internationale n’est pas assez engagée pour bloquer le fou de la Syrie qui, sans doute profitera de l’éclipse des jeux olympiques pour commettre un massacre extrême sous forme de baroud d’honneur. La fameuse communauté internationale reviendra sans doute compter des victimes quand s’en ira la flamme olympique.
La Syrie est sans doute loin du Sénégal, mais nous avons le Mali.

Face à la crise malienne actuelle, la communauté internationale ne semble pas avoir tiré les leçons de l’Afghanistan de la période 1997-2001.
Il a fallu en Afghanistan attendre 2001 dans le cadre de la traque contre Osama Ben Laden pour secouer un régime Taliban qui avait eu le temps de s’ossifier dans une vision erronée de l’islam. Aujourd’hui la conviction est faite qu’en dépit de l’instauration d’un régime démocratique, cette partie du monde ne pourra plus jamais se défaire de cette vision politique erronée de l’Islam. Même si les Taliban ne sont plus au pouvoir, ils sont dans une rébellion terroriste permanente contre le système parce qu’ils ont eu assez de temps pour bâtir les ressorts de leur lutte.

Faut-il attendre que le Mali vive la même expérience que l’Afghanistan pour enfin se réveiller devant le spectre qui aura entre temps bâti sa forteresse. La communauté internationale attend sans doute un autre 11 septembre 2001venant certainement des rebelles du nord Mali pour prendre la menace de l’Afganistanisation de l’Afrique de l’Ouest au sérieux.

La conviction de tous est que le Mali 24ème pays le plus vaste du monde, enclavé ayant des frontières avec sept autres États et faisant partie des cinquante pays les moins avancés ne pourra pas en dépit de sa fierté légendaire faire face à la rébellion des groupes islamistes et nationalistes actuels qui tissent lentement des plages de convergence entre eux.

Au moment où Ansar Dine Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest), et le MNLA (Mouvement national pour la liberation de l'Azawad) ont comme accordé leur violon pour couper le pays en au moins deux, il ne reste qu’une intervention militaire d’abord aérienne pour éviter l’Afganistanisation du nord Mali.

En triste vérité, l’ONU semble tergiverser dans une option diplomatique sans issue et, il appartient à l’Union Africaine d’être assez ferme et convaincante pour mobiliser les autour de la nécessité de ne pas faire de l’Afrique une terre des extrémismes religieux.

Nous devons savoir que si la rébellion au nord Mali traverse intact le restant de l’année, il sera difficile d’inverser cette tendance à court terme.
De même si le dictateur syrien reste au pouvoir, ce sera un véritable camouflet pour un monde en marche vers la démocratie.
La communauté internationale doit, au-delà du pétrole se dire qu’il y a une un monde de tolérance à bâtir sur des bases plus justes.
Ces problèmes du monde aussi nous concernent nous sénégalais qui sommes dans le gros village planétaire.

Même si la Syrie est loin, le Mali est à un jet de pierre et toute menace sur ce pays nous interpelle au premier chef.
C’est en cela qu’il faut saluer la démarche tout azimut du Président Macky Sall qui a une claire conscience qu’une Afganistanisation du Mali sera fatale pour l’Afrique en entier. Certes, pour des raisons sensibles d’extrême proximité, le Sénégal ne pourrait être en première ligne de la lutte armée contre le rébellion au Mali. Mais notre pays a son rôle à jouer au plan de la mobilisation de la communauté internationale pour faire face. Il faut une guerre aérienne contre les rebelles au Mali et à ce titre l’occident doit s’implique au plan logistique. Il faut des soldats africains pour aider l’armée malienne maitresse d’œuvre et, à cet titre les pays non frontaliers du Mali doivent d’abord être sollicité pour éviter une propagation du conflit à partir des sept frontières.

Mais nous devons comprendre que la fameuse communauté internationale est capable, sans forte insistance des peuples, de lâcheté historique au nom d’intérêts à courtes vue nationale.

En plus de la demande sociale et d’éthique, il en est une autre plus incompressible. C’est la demande de sécurité que doit garantir un État responsable. Le Sénégal semble l’avoir compris en s’appuyant sur la coopération militaire logistique incontournable avec les têtes de pont de la communauté internationale.
Au-delà des éclats Jeux Olympiques, nous devons comprendre que la réalité du monde est aussi autre.


Mamadou NDIONE
Cadre APR Medina
Mandione15@gmail.com