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Les Sénégalais face au bien public ou la convoitise des biens mal acquis - Par Yacine Bodian

Depuis quelques années, le Sénégalais s’est perdu dans les couloirs de la recherche effrénée du bien matériel quels que soit les moyens d’y parvenir, faisant maladroitement sien l’adage qui dit : « la fin justifie les moyens ». Le mal est profond ; et pour s’en convaincre, il faut se référer au nouveau vocabulaire du genre (Xaliss ken douko liguey, daniou koy lidieunti) "l’argent ne s’obtient pas par le travail, mais par la roublardise". Tout est aujourd’hui bâti et agencé autour de ce nouveau concept.


Rédigé par leral.net le Mardi 18 Mars 2014 à 09:58 | | 10 commentaire(s)|

Les Sénégalais face au bien public ou la convoitise des biens mal acquis - Par Yacine Bodian
Le vol et la corruption sont devenus choses tellement courantes que les conséquences ne sont pas pris en compte ; et, lorsqu’il s’agit de deniers publiques, cela devient carrément une propriété personnelle que l’on gère à sa guise.

Certains nouveaux fortunés ne s’enrichissent plus par le travail ni par le mérite et s’offrent en référence à une jeunesse fragilisée et abusée.

Bon nombre de nos dirigeants politiques se sont faits une bonne santé financière à coup de milliards laissant à la jeunesse une philosophie malsaine : "qui gouverne doit s’enrichir et enrichir ses proches peu importe les moyens !". Ceux qui n’ont pas voulu s’enrichir honteusement sont indexés et méprisés par leurs parents qui les considèrent comme faibles, sans ambitions ou égoïstes.

Dans les entreprises publiques et privées, c’est la ruée vers l’or. Le Sénégalais lambda a une vision très spéciale du bien commun qui semble devenir un bien appartenant à la personne nommée au poste. Qu’il s’agisse d’argent, de meubles, ou d’autres biens publics, tout ce qui appartient à l’Etat devient la propriété de l’administrateur. Le mal est tellement ancré, que tout le monde veut sa part du gâteau.
Depuis l’argent des caisses, en passant par les fournitures de bureau, les bouches d’égout, les constructions sur la voie publique, etc., tout est menacé de vol et de détournement.

Une profonde crise s’installe où voler son prochain est la seule morale au demeurant. Malheureusement, comme dans la pratique, le proverbe : "Bien mal acquis ne profite jamais" semble ne pas être véridique car, vue de l’extérieur, tous les voleurs profitent biens de leurs coups, évidement la malhonnêteté ne fera que s’accentuer.

Seulement, ce profit, n’est que façade. En réalité, un jour ou l'autre et d'une manière ou d'une autre, la malhonnêteté et le vol se retournent contre le voleur.

Et alors…..

Ça commence par la honte. Sa propre honte pèsera des kilos dans une tête qui deviendra subitement si lourde qu’on aura du mal à la relever pour regarder les autres. Après, vient celle des amis et proches. Certains sont obligés de fuir, de peur d'être indexé comme complice ou ressemblant, car un adage dit : "ce qui se ressemble s’assemble".

Ensuite, il faut avoir le courage d'affronter les regards suspicieux. Dès qu'on apparaît, les yeux convergent, comme si l'odeur d'un bouc les attirait subitement. Personne n'en est insensible. On a beau dissimuler le malaise par un comportement parfois inapproprié ou une insolence indélicate, mais la honte empêche de dormir.

Il y a également la peur qui fait que, très lâchement, on cherche à imputer le crime à un autre, assez naïf pour laisser traîner de fausses preuves facilement utilisables. On ne s'arrête plus à se faire mal, mais on cherche par tous les moyens à entraîner le plus possible d’innocents dans cette descente aux enfers. Ce qu'on oublie, c'est que comme on dit chez nous "bopp boo tabakhoul, mouno ko todj" le destin de l'homme n'est pas entre d'autres mains que celles de son créateur.

Retenir qu’aucune action n’est sans conséquence mais une seconde chance est souvent octroyée ; malheureusement, rares sont ceux qui la saisisse.

ybondian3@gmail.com