Leral.net - S'informer en temps réel

Les élections 2012 et la gauche anti-libérale et anti-impérialiste !

Rédigé par leral.net le Samedi 10 Mars 2012 à 10:48 | | 0 commentaire(s)|

Le peuple est en passe de mettre fin à 12 ans de règne du pouvoir libéral issu de la première alternance qui a aggravé la corruption, la gabegie, le népotisme inhérent au néocolonialisme Françafricain depuis 1960, a dévalorisé en tripatouillant au moins 16 fois la loi fondamentale du pays, s’est approprié l’argent public en le dilapidant, a inféodé la république à la religion, notamment à une confrérie en bafouant la laïcité, a fait voter une loi pour amnistier l’assassinat politique, a méprisé le peuple qui l’a pourtant élu avec une arrogance inégalée à ce jour et surtout a piétiné les valeurs éthiques des peuples d’Afrique avec l’insultant waxeet.


Les  élections 2012 et la gauche anti-libérale et anti-impérialiste !
A la surprise générale le second tour par lequel le peuple doit balayer le libéral mafieux Wade lui oppose un de ses ex-premiers ministres libéral Macky Sall. La gauche ouvrière anti-libérale et anti-impérialiste doit tirer un bilan rigoureux sans complaisance et dégager des perspectives tactiques et stratégiques pour émerger comme force sociale et politique de conquête du pouvoir politique et résoudre les questions de l’indépendance réelle et de sortie du sous développement du pays et de l’Afrique.

Trois scénarios pour que WADE NE DEGAGE !

Malgré le coup d’état anticonstitutionnel avec sa troisième candidature et les fraudes, l’autocratie libérale mafieuse wadiste a été mise en échec par le peuple mobilisé qui lui a imposé un second tour. Assommée et paniquée la bande monarchiste est ainsi confrontée à trois scénarios possibles :

1) Contre le bon sens même se proclamer « vainqueur » au second tour pour effacer l’échec du premier tour, ce qui signifie que Wade finira comme Ben Ali ou Moubarack ;

2) Considérant l’échec du vol programmé du premier tour, se désister pour un second tour entre Macky Sall et Moustapha Niasse, mais connaissant le mépris légendaire de Wade pour le peuple, c’est trop lui demander ;

3) S’entêter en allant au second tour face à Macky Sall, alors être électoralement écrasé et humilié grâce à la vigilance et à la mobilisation populaire contre une seconde tentative de vol électoral.

Dans tous les cas :

- l’ensemble des candidats, y compris ceux et celles déboutés par l’infâme conseil constitutionnel, les forces politiques et démocratiques doivent se rassembler sur la base des conclusions des Assises Nationales (ANS) ;

- le M23, en tant que sentinelle garante du respect de l’état de droit et cadre organisé de la mobilisation populaire, doit poursuivre ses actions de luttes citoyennes autour du mot d’ordre : WADE DEGAGE !

Toute autre considération en dehors de l’exigence de clarté et d’engagement sur les conclusions des Assises Nationales et de la nécessité impérieuse que WADE DEGAGE est à reléguer après l’accomplissement de cette tâche devenue aujourd’hui historique : empêcher Wade le bénéficiaire de la première alternance démocratique sur la base de la volonté populaire en devenir le fossoyeur !

On ne peut laisser par principe et pour la mémoire des morts électoralement impuni ce précédent scandaleux : il faut chasser Wade et sa clique !

Quarante ans de socialisme libéral et 12 ans de libéralisme : « la politique, c’est pour la poche » !

Cet adage très répandu résulte du constat indéniable que l’engagement politique est motivé par la recherche du chemin le plus court pour devenir « millionnaire sous le PS » et « milliardaire sous le PDS ». Si les va-et-vient dans les « gouvernements d’union nationale » de la part de l’opposition libérale PDS et de la gauche sous le PS ont alimenté en donnant au citoyen électeur cette perception des « politiciens ». L’abjecte transhumance et la participation de la quasi-totalité des partis de la gauche au pourvoir de l’alternance en ont été les travaux pratiques à grande échelle. Sous le pouvoir libéral mafieux la mise à sac de « l’argent public par les politiques » est devenue une gangrène qui s’est manifestée par un nombre incalculable de ministres, de conseillers, de pca, de sénateurs, etc. : bref comme on l’entend souvent « ce sont des postes de sinécures qui ne servent aux politiciens qu’à se remplir les poches ». Il faut le dire clairement très peu de secteurs ont échappé à cet arrosage vénal et corruptif : ONG, associations de la société civile, syndicats, etc.

A la base de cette dégradation de l’éthique citoyenne et militante il y a que :

- l’Etat semi-colonial est le conseil d’administration des firmes transnationales Françafricaines, du FMI, de la BM qui se sont soumis les classes féodales et bourgeoises et petites bourgeoises locales pour surexploiter le peuple laborieux et piller les richesses nationales ;

- les diktats libéraux du FMI et de la BM avec les plans d’ajustement structurel ont liquidé la relative industrie locale avec la suppression des protections douanières, réduit l’embauche dans le secteur formel, généralisé l’économie de survie qu’est le travail informel dit « goorgorlu », rendu chronique le chômage en général et en particulier celui de la jeunesse diplômée, soumis les familles aux coupures endémiques de courant et d’eau, rejeté les paysans dans la misère, aggravé la paupérisation des populations, poussé les jeunes à tenter l’émigration piroguière, aggravé le sous développement du pays ;

- capitulant devant l’offensive idéologique et politique du libéralisme et dans le sillage des sociaux démocrates et des libéraux porteurs de la « pensée unique libérale », la gauche enfermée dans la lutte des places au gouvernement avant et après l’alternance a cessé de propager les antidotes idéologiques et politiques antilibéraux et anti-impérialistes, a abandonné l’étude des réalités des classes populaires pour un programme de transformation économique, culturelle, politique et s’est coupée des masses en désertant l’engagement militant d’antan qui a fait ses heures de gloires ;

- les scissions au sein de la gauche historique issue du PAI et de son manifeste de 1957 ont produit des organisations rivales qui ont préféré tour à tour le suivisme vis-à-vis des libéraux avant l’alternance et les sociaux libéraux après celle-ci en lieu et place de l’unité stratégique des forces révolutionnaires pour la conquête du pouvoir par les classes laborieuses.

Pourquoi le libéral Macky a devancé les sociaux libéraux de Bennoo ?

Le colonialisme, le néocolonialisme, c’est du capitalisme importé qui n’a pas extirpé les modes de productions précoloniales, notamment féodales ; dès lors les colères, les révoltes sociales et politiques des masses laborieuses sont captées et détournées par « le sauveur providentiel » bourgeois et/ou féodal qui, en période électoral utilise à fond l’argent volé au peuple. Ce fut le cas de Wade en 2000 et c’est aujourd’hui le cas Macky en 2012.

Entre 1978 et 2000, la fabrication de l’opposant de « contribution » qu’a été Wade a été le piège pour prolonger durant ces décennies le pouvoir social-démocrate libéral et pro-impérialiste PS. Le « multipartisme intégral » a servi à marginaliser puis éliminer la menace du RND de feu le professeur émérite Cheikh Anta Diop et à entraîner les partis marxistes-léninistes dans le giron du suivisme et de la soumission au PDS. Le ras le bol du pouvoir PS s’est exprimé par le rejet de A. Diouf et par l’élection de A. Wade que la gauche historique a fait « roi », laquelle s’est précipitée pour réchauffer des fauteuils ministériels desquels ses représentants furent éjectés les uns après les autres selon la stratégie de confiscation du pouvoir par les libéraux, puis par le clan Wade avec son projet de dévolution monarchique. Ce qui est arrivé avec les travaux pratiques de la collaboration des classes avec la participation de la gauche historique au gouvernement a fait l’objet d’une mise en garde d’une grande actualité et d’une pertinence éclairante de F. Engels en 1894 à partir de l’expérience italienne d’alors: « Après la victoire commune, on pourrait nous offrir quelques sièges au nouveau gouvernement - mais toujours en minorité. Cela est le plus grand danger. Après février 1848, les démocrates socialistes français (...) ont commis la faute d’accepter des sièges pareils. Minorité au gouvernement des républicains purs, ils ont partagé volontairement la responsabilité de toutes les infamies votées et commises par la majorité, de toutes les trahisons de la classe ouvrière à l’intérieur. Et pendant que tout cela se passait, la classe ouvrière était paralysée par la présence au gouvernement de ces messieurs, qui prétendaient l’y représenter » (La révolution italienne à venir et le Parti Socialiste – œuvres choisies - P.486).

Une fois expulsée du pouvoir par A. Wade, la gauche historique recommence par la mise en place d’une alliance électorale stratégique dominée par les sociaux libéraux qui remportent les élections locales en 2009. Et là aussi la gouvernance locale – Mairies, Communautés Rurales, Conseils Régionaux – est demeurée une gestion libérale que les populations vont progressivement décrier. Ce facteur décisif en plus de la division de la coalition social-démocrate au dernier moment est la raison de fond qui explique pourquoi Macky Sall a devancé les candidats sociaux libéraux issus de Benno et que plus de 45% des électeurs se sont abstenus.

En effet la majorité du peuple rejette A. Wade et son projet de dévolution monarchique, mais ne voit aucune différence entre gouvernance libérale et social-libérale avant et après l’alternance, ainsi qu’entre le pouvoir d’état du PDS et les pouvoirs locaux de Bennoo.

Les Assises Nationales et le mouvement du M23

Le naufrage dans lequel A. Wade a jeté le pays va susciter une saine réaction citoyenne associant associations de la société civile, partis politiques, syndicats, personnalités qui se traduira par une initiative nationale des forces vives du pays. Cet important travail de débats, de concertations débouchera sur des conclusions dont il faut retenir pour essentiel : - la condamnation du régime présidentiel et l’exigence du régime parlementaire – la nécessité du respect de la laïcité qui sépare l’Etat des religions et des confréries – la dénonciation de l’appropriation personnelle et privée des deniers publics - la responsabilisation pénale de la corruption, la gabegie, le népotisme, les détournements de fonds publics – la moralisation et l’assainissement de la vie politique et publique – le respect de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire, de l’état de droit et de la souveraineté populaire –

Le 23 juin la révolte va gronder pour faire échec à la 17éme révision en 12 ans de la constitution par laquelle Wade voulait instituer « le ticket président/vice-président élu à 25% des suffrages ». La jeunesse, celle là même qui a été la force motrice de la première alternance politique du pays, va sous les slogans « touche pas à ma constitution » et « y en a marre » mettre au devant l’objectif de « Wade, dégage !» reprenant en cela le mot d’ordre lancé par la jeunesse Tunisienne et Egyptienne.

Pour comprendre le rôle particulier de la jeunesse dans la nouvelle phase des luttes des peuples des semi-colonies, il faut retenir que le système néocolonial de domination impérialiste qui a émergé de la première phase des luttes indépendantistes a été confronté à des luttes massives et récurrentes de chaque génération d’élèves et d’étudiants, luttes qui ont contraint les pouvoirs à concéder une relative massification de l’éducation et de la formation. Parallèlement l’emploi n’a pas suivi parce que dépendant justement du développement économique. Cette contradiction a suscité les politiques dites « d’emploi non salariés » qui ont accompagné les diktats libéraux du FMI et de la BM appelé plans d’ajustement structurel (PAS). L’offensive idéologique libérale semant l’illusion que « tout étudiant peut devenir opérateur économique » et que ce sont « les opérateurs affairistes économiques qui développeront les pays sous développés » va dans un premier temps susciter beaucoup d’illusions chez les jeunes diplômés. Au Sénégal cela a donné la « génération bul fale » des « gagneurs », de la « réussite personnelle » avant de sombrer dans la « génération de l’émigration piroguière ».

La génération « y en a marre » ou du « nouveau type de Sénégalais » (NTS) est le retour progressif au projet collectif, à l’action collective, à la lutte collective pour des solutions collectives au problème du sous développement. C’est le retour progressif aux pensées nationale et panafricaine des T. Sankara, K. Nkrumah, Um Nyobe, O. Afana, A. Cabral, C. Anta Diop, P. Lumumba, P. Mulélé, E. Mondlane, C. Hani, E. Mondlane, A. Neto, F. Fanon, T. Garang Kouyaté, Lamine Arfan Senghor qui montrent que c’est la domination impérialiste, la françafric, l’Usafric, l’Eurafric, qui est le cancer qui ronge l’Afrique et que ses complices Africains représentants des classes sociales serviles et capitulardes doivent être combattus et vaincus à l’aide d’un programme de développement national panafricain souverain des travailleurs et des peuples.

Dégager Wade et envoyer des députés de gauche à l’Assemblée Nationale

Une fois acquitté le devoir de chasser A. Wade et sa clique mafieuse par le vote Macky Sall, les forces de la gauche doivent ensemble s’atteler à envoyer le maximum de députés à l’Assemblée Nationale.

Partout où les militants les plus en vue de la gauche historique sont reconnus par les masses pour leur engagement désintéressé dans les luttes populaires, leur sérieux, leur rigueur, leur compétence, leur fermeté dans la défense des intérêts des travailleurs, leurs candidatures à la députation doivent être concrètement et clairement posées dans les cadres existants.

Il faut le faire clairement et sans hésitation dans le mouvement de masse, dans le M23, dans les coalitions locales ou nationales et y compris dans Bennoo. Il faut le faire ensemble avec l’appui de toutes les composantes des forces issues historiquement du PAI et de son manifeste et avec les forces issues de la tradition panafricaniste non marxiste-léniniste. Il serait désastreux de rééditer l’expérience négative de Benno sur ce point lors des locales en ce qui concerne les candidatures pour les législatives. L’objectif doit être d’envoyer le maximum de députés de notre famille politique à l’Assemblée Nationale.

La défiance des électeurs vis-à-vis de la social-démocratie exprimée, malgré les fraudes Wadistes, permet de poser sans complexe la question des candidats qui ont la confiance des masses en lutte. Envoyer le maximum possible de députés de la gauche à l’Assemblée Nationale, c’est un des pas à franchir pour « décomplexer » la gauche révolutionnaire et assurer que cette institution résonne demain des échos des luttes et forcent les gouvernants libéraux et sociaux-démocrates à prendre en compte les revendications populaires. C’est aussi sortir la gauche historique de la « clandestinité » institutionnelle pour la préparer à poser demain la question décisive de toute révolution : le pouvoir de et pour quelles classes ?

L’Afrique doit rejoindre l’Asie et l’Amérique du sud contre le monde unipolaire des impérialistes

Le monde capitaliste en crise est en train de passer du monde « unipolaire » né de la défaite du camp socialiste à un monde multipolaire impulsé par un des acteurs de Bandoung en 1955 que sont l’Asie puis plus tard l’Amérique du sud avec la Tricontinentale.

L’impérialisme Françafricain, Usafricain, Eurafricain est en perte de vitesse et se lance dans des guerres coloniales qui visent particulièrement le monde Arabe et l’Afrique. L’Asie et l’Amérique du sud deviennent les « pays ateliers » en opposant au capitalisme libéral prédateur des impérialistes occidentaux un capitalisme d’état antilibéral et anti-impérialiste parce que fondé sur une stratégie nationale indépendante de développement et qui améliore sensiblement le niveau de vie des populations.

L’Afrique retarde et devient un enjeu des guerres impérialistes pour le contrôle des matières premières stratégiques dont les pays émergents ont besoin pour poursuivre le cours actuel de leur développement national.

Les pays émergents les plus performants sont dirigés par les partis communistes comme en Chine, à Cuba, en Corée du nord et au Vietnam qui associent secteurs socialistes, secteurs capitalistes d’état nationalisés, économie familiale de production ou de travailleurs indépendants, entreprises privées étrangères et nationales, etc., et tout cela dans le cadre d’une planification d’état. Les résultats sont là d’une telle efficacité au point que la crise mondiale du capitalisme si elle touche tous les pays ne les touche pas exactement de la même façon. C’est le centre de l’impérialisme qui est aujourd’hui terriblement frappé et là aussi la lutte des classes reprend droit de cité après un long sommeil causé par la dite « société de consommation à crédit » et le réformisme de la collaboration des classes.

A partir de l’analyse concrète de nos réalités, nous pouvons et devons reprendre le flambeau de nos prédécesseurs assassinés par les impérialismes pour que le Sénégal et l’Afrique rejoignent le concert en développement des nations et des peuples qui, hier, ont lancé l’appel de Bandoung et puis de la Tricontinentale avec nos leaders d’alors pour l’égalité des peuples, l’indépendance nationale, la sortie du sous développement et le socialisme.


Ferñent / Mouvement des Travailleurs Panafricains-Sénégal