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Les feuilles de chou de Abdoulaye Daouda Diallo - Par Madiambal Diagne


Il s’était produit au cours de la réunion du Conseil des ministres, tenue à Fatick la semaine dernière, un fait insolite et qui révélera une véritable boulette du ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo. Le premier flic du Sénégal s’était montré excité par une information qui venait de lui être balancée, pour se lever de son siège et aller vers le chef de l’Etat pour lui faire lire le message envoyé sur son téléphone portable officiel de ministre de l’Intérieur. Ce téléphone, semble-t-il, ne devrait être éteint pour aucune raison. Le Président Macky Sall, abasourdi par l’information, informa le Conseil des ministres de l’assassinat, par arme blanche, d’un adversaire politique du ministre de la Culture et de la Communication Mbagnick Ndiaye. L’émoi gagna la salle des délibérations du nouvel Hôtel de ville de Fatick où se tenait la réunion du gouvernement. Le président de la République, dans tous ses états, rudoya le pauvre Mbagnick Ndiaye dont les partisans dans les querelles fratricides au sein du parti présidentiel l’Alliance pour la République (Apr) seraient les auteurs. Mbagnick Ndiaye pleura tout le reste de la réunion. A la fin de la séance du Conseil des ministres, il s’avéra que l’information donnée par le ministre Abdoulaye Daouda Diallo était totalement fausse, le bulletin de renseignements était une vulgaire feuille de chou.


Rédigé par leral.net le Lundi 27 Juillet 2015 à 14:15 | | 0 commentaire(s)|

L’incident est très grave en ce qu’il étale au grand jour les dysfonctionnements dans la collecte, le traitement et l’analyse des renseignements de police. Pour interrompre le Conseil des ministres de façon aussi abrupte, le ministre de l’Intérieur devait avoir une foi totale en sa source, assuré qu’il devait être que toutes les exigences de vérification et de contrôle avaient déjà été satisfaites pour que l’information puisse lui remonter. Nous ne pouvons croire que le ministre de l’Intérieur s’était suffi d’un banal message envoyé par un quidam pour agir de la sorte, car à ce niveau de responsabilité et surtout eu égard à la gravité de l’information, on ne devrait informer un chef d’Etat avec autant de légèreté. On peut donc présumer que le ministre de l’Intérieur avait été faussement informé par ses propres services compétents. Le cas échéant, il y aura encore de quoi s’inquiéter davantage. Si les services qui servent d’oreilles et d’yeux aux plus hautes autorités de l’Etat peuvent se révéler si nuls, le citoyen devrait avoir de bonnes raisons d’avoir peur pour sa sécurité et pour celle de l’Etat.

L’inquiétude serait encore plus grande s’il s’avère que le ministre de l’Intérieur a été victime d’une manœuvre quelconque pour lui glisser une peau de banane on ne peut plus glissante. Dans tous les cas, une enquête devrait être ouverte pour traquer la source du ministre de l’Intérieur. Dire que la semaine d’avant cet incident, tout le pays avait été secoué par le branle-bas des services de sécurité pour traquer les sources de journalistes qui avaient diffusé des informations qui, elles, sont vraies et incontestables ! Véritable ironie du sort non ? En effet, si l’information avait été diffusée par ces «journalistes menteurs devant l’Eternel», l’indignation serait telle que toute la corporation des professionnels des médias serait vouée aux gémonies et des poursuites judiciaires réclamées à cor et à cri.

Macky Sall lui-même se serait permis de faire la leçon aux médias «irresponsables». Mais puisque la bourde vient du gouvernement lui-même et encore de l’un de ses principaux membres, tout le monde fait le dos rond. Comme si de rien n’était, le ministre de l’Intérieur ainsi que sa source familiale se la coulent douce au palace parisien le Plazza Athénée. Pour bien moins que cela, les journalistes Mohamed Guèye (Le Quotidien), Alioune Badara Fall et Mamadou Seck (L’Observateur) avaient été arrêtés et gardés à vue et ont vu leur passeport confisqué parce que l’Etat aurait sans doute peur qu’ils ne s’évaporent dans la nature ou qu’ils se rendent à l’étranger pour filer des informations à des ennemis du Sénégal.

Les services de renseignements ont ainsi fait montre, coup sur coup, d’une cécité et d’une surdité étonnantes et déconcertantes pour n’avoir pas pu identifier les sources des journalistes de L’Observateur et Le Quotidien alors que dans un pays normal, ces services devraient savoir jusqu’à la couleur des draps de lit des grands responsables des médias. Aussi, devant un tel bidonnage comme celui de Fatick, le ministre de l’Intérieur devrait se remettre en cause et remettre en cause ses services et la fiabilité de leurs informations. Nul ne pourrait comprendre que l’on continue à faire comme si de rien n’était, continuer à faire comme avant et avec les mêmes hommes et femmes. Quelque part, il y a eu des fautes graves, des dysfonctionnements inacceptables qui appellent à être corrigés. Autrement, on pourra continuer à croire à tous les quolibets distillés sur les services de renseignements qui fabriqueraient à longueurs d’années de faux bulletins sur les personnalités ou qui utiliseraient leur travail pour promouvoir une clientèle ou pour perdre des adversaires de leur clientèle. C’est peut-être ce mauvais travers qui aurait été à l’origine de la grosse bourde de Fatick.

Avait-on voulu sacrifier un adversaire politique pour commanditer un tel faux bulletin des «Rg» ? De toute façon, il convient de profiter de l’occasion pour redéfinir les missions des policiers des renseignements qui sont plus occupés à du flicage c’est-à-dire à suivre des personnalités politiques de l’opposition et même du gouvernement et des personnalités civiles dans leurs moindres déplacements ou à éplucher leurs «fadettes» jusqu’à passer plus leur temps à s’occuper de qui couche avec qui plutôt qu’à s’occuper du renseignement sécuritaire. Ils sont légion les cas de ratage en matière sécuritaire dans ce pays qu’on pourrait citer, n’eut été un souci d’éviter d’exposer, plus qu’elle ne l’est déjà, la sécurité nationale.