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Les incohérences de l’Etat du Sénégal

Rédigé par leral.net le Jeudi 1 Janvier 2015 à 16:25 | | 0 commentaire(s)|

Sëriñ TUUBA aurait prédit que les colonisateurs blancs quitteraient un jour notre pays. Et il s’était empressé d’ajouter que lorsqu’ils se décideraient à le faire, ils prendraient le soin de former et d’installer, à leur place, une classe de « Blancs à peau noire » sans fibre patriotique, qui continuera à les représenter et à les servir, prioritairement, à se servir elle-même ensuite et pour, finalement, desservir le pays et ses populations. Mais, termina-t-il, un jour, les dignes fils de notre pays arracheront celui-ci des mains de ces « Blancs à peau noire ». Est-ce cet état de fait qui expliquerait les nombreuses incohérences qui caractérisent l’Etat du Sénégal ? Prenons juste les trois exemples que sont (i) la médecine traditionnelle nationale, (ii) la reconstruction du système éducatif national et (iii) la promotion de l’artisanat national.



Discours de Son Excellence
Monsieur Macky SALL,
Président de la République du Sénégal


Les incohérences de l’Etat du Sénégal
I. Jusqu’a une date récente, voire jusqu’à présent encore, la médecine traditionnelle traitait des fractures de membres du corps humain, en reproduisant ces fractures sur un bout de bois ou sur une patte de volaille ; la fracture artificielle traitée, entraînait la guérison, à distance, de la vraie fracture. Une arête de poisson malencontreusement coincée dans la gorge, ne nécessitait nullement une opération, mais s’enlevait sur la base d’une incantation et d’une bouchée d’aliment ; parfois même, il suffisait de prononcer dans la paume de la main l’expression de « Penda Saar sa ŋawle » et de caresser la partie douloureuse de la gorge pour la débarrasser de l’arête. Il existe encore des Sénégalais qui n’ont jamais connu les bienfaits du traitement par la piqûre de seringue, du fait de leur invulnérabilité qui empêche l’aiguille en acier de pénétrer leur peau au risque de se casser ou de se tordre. La médecine moderne, sait-elle faire tout cela ?

Si nous remontons dans notre passé pharaonique, nous retrouvons le Pharaon TOUTANKHAMON ou, plus exactement, TUUT TANK AMON (le Petit AMON), pour avoir accédé à la royauté à l’âge de 18 ans, avant de décéder à l’âge de 21 ans. La médecine d’alors, par la pratique de la momification, qui a été exercée sur la dépouille de ce Pharaon, a permis de conserver encore, 3 300 ans après, l’intégralité de son corps (hormis les viscères), jusqu’aux commissures de ses lèvres. Ce sont nos ancêtres de l’Egypte pharaonique qui, après avoir terminé la préparation d’un médicament, avaient l’habitude de dire (en guise de « Eurêka ») « Bii far na te mokk na » ou « far mokk na » (far ou dose de concentration requise, mokk ou homogénéité du principe actif) ; ce qui a donné les mots de « pharamakon » en grec (ou art de préparer les médicaments) et de « pharmacie » en français (ou lieu de préparation, et non de vente, des médicaments). Et, après avoir constaté que les médicaments qu’ils fabriquaient, à base de principe actif, entraînaient des effets secondaires qui ne pouvaient être traités qu’avec des éléments qui ont été éliminés au moment de l’isolement du principe actif (restes de la feuille, de l’écorce, de la racine, etc., de la plante), les anciens Egyptiens ont renoncé à la préparation et à l’usage du principe actif, pour préférer la feuille (l’écorce, la racine, etc.), dans son entièreté. Plus de 2 500 ans après, la médecine moderne en est encore et toujours à l’usage du "maudit" principe actif. Hippocrate n’aurait pas laissé d’écrits ; et l’essentiel de ses paroles rassemblées après sa mort, est tirée de papyrus de l’Egypte pharaonique, notamment son diagnostic de la femme stérile, par l’usage d’une gousse d’ail ; de sorte que certains d’entre nous en sont même arrivés à se demander si le « serment d’Hippocrate » n’est pas, finalement, un « serment d’Hypocrite », notamment au regard des pratiques actuelle d’euthanasie. On peut mettre fin à la vie d’un malade, pour le soulager et constater, le lendemain, que le médicament, qui pouvait le soigner et le guérir, vient d’être mis au point !

Aujourd’hui, au Sénégal, pas moins des 2/3 de la population (encore plus, en milieu rural) se soignent à partir de la médecine traditionnelle. Et, il est fréquent, dans les endroits où se pratique la médecine moderne, de rencontrer des malades désespérés de s’entendre dire que « nous n’avons rien vu » ou « nous ne pouvons rien y faire », qui se tournent ensuite vers la médecine traditionnelle et se faire soigner et guérir, complètement. De fait, l’avenir de la médecine moderne est dans la médecine traditionnelle. Et pourtant, cette médecine traditionnelle, qui remonte à l’Egypte pharaonique et qui a enfanté (et continue d’enfanter) la médecine moderne, est officiellement interdite dans notre pays ; sa pratique est officiellement considérée comme illégale et condamnable par la loi. Au Sénégal, tous ceux qui se font soigner par la médecine traditionnelle (plus des 2/3 de la population nationale), sont en situation illégale et sont passibles de condamnation par la loi. Imaginons, un seul instant, les conséquences pouvant résulter d’une stricte application de cette loi ? Et pour camoufler leur forfaiture, les autorités sanitaires du pays présentent notre médecine traditionnelle comme quelque chose qui « n’est pas autorisé, mais simplement toléré ». Combien de temps devrons-nous attendre encore, avant de (i) reconnaître la réalité, l’utilité et le caractère incontournable et irremplaçable, de la médecine traditionnelle, (ii) lui donner toutes ses lettres de noblesse, (iii) accepter sa primauté sur la médecine moderne et son statut de préférence nationale, (iv) faire coexister, dans l’harmonie et la complémentarité, les deux formes de médecine (traditionnelle et moderne) ?

II. Au Sénégal, 40% du budget national seraient affectés à l’Education Nationale. Or, sur 100 élèves qui entrent à l’école primaire, seuls deux (02) arriveront à l’université. 98% des effectifs scolarisés sont progressivement exclus du système éducatif public. Les 2% qui arrivent à l’université, ont du mal à s’y insérer, faute de place ou de bourses payées ; et quand ils terminent leur formation, ils sont (i) exclus du système productif national, par inadéquation des formations qu’ils ont reçues, (ii) condamnés à ne pouvoir devenir que des enseignants ou (parfois) des marchands ambulants et des rappeurs, ou à se reconvertir dans d’autres métiers, après avoir subi une nouvelle formation, (iii) obligés de prendre le chemin de « barsaa-barsaq ». Quel intérêt, l’Etat du Sénégal a-t-il à dépenser autant d’argent (près de la moitié du budget national), pour obtenir des résultats aussi insignifiants ? Or, on ne peut pas changer, du jour au lendemain, un système éducatif mis en place, contrôlé et solidement protégé, depuis plus d’un demi-siècle déjà. Il s’agira plutôt de le maintenir et de l’améliorer, en (i) améliorant la qualité et l’efficience de l’enseignement dispensé et (ii) ramenant le taux de 2% de réussites à 1% ou à moins de 1%. Ainsi, on aura fait jouer au système éducatif national en place, son véritable rôle de formation de l’élite de l’élite, même si celle-ci, pour le moment, brille par son manque de fibre patriotique.

Ce qui est ensuite crucial, c’est la prise en charge de la destinée (i) des 99% ou plus, qui sont entrés dans le système et qui y seront progressivement exclus et (ii) des enfants qui sont en âge d’être scolarisés et qui, pour diverses raisons, ne le sont pas. Les seconds doivent impérativement et obligatoirement être inscrits en Classe d’Initiation (CI), quel qu’en soit le prix ; car, c’est un niveau crucial de sélection ; tous les enfants en âge d’être scolarisés, devront impérativement passer par cette étape. Quant aux premiers, il s’agit de récupérer tous ceux qui n’ont pas eu le niveau requis pour passer du CI au CP, du CP au CE1, …, du CM1 au CM2, …, de la 4è à la 3è, …, de la 1ère à la Terminale et de la Terminale à l’Université, pour les insérer, progressivement, dans des Centres de Formation Professionnelles (CFP), qui vont mettre à la disposition des différents corps de métiers nationaux, aux divers échelons de qualification, les ressources humaines qui leurs sont indispensables et indispensables à la construction du pays. Et il n’y aura pas de déchets ; toutes les ressources humaines seront mises à profit, pour former des aides-apprentis et des apprentis, jusqu’aux assistants d’ingénieurs ; même les personnes souffrant d’un quelconque handicap, seront mises à profit, etc. De plus, des passerelles seront aménagées, pour permettre aux apprenants de remonter les échelons de qualification, en bénéficiant de formations plus qualifiantes.

Contrairement aux attentes, la récupération et la prise en charge des élèves, progressivement exclus du système éducatif national classique, nécessitera peu de moyens additionnels à mobiliser par l’Etat, moyens qui pourraient même découler des importantes économies budgétaires découlant de la réduction des dépenses effectuées au niveau du système éducatif national classique rénové. Il ne s’agira pas d’abord de créer et de prendre en charge des CFP classiques, mais de formaliser les ateliers privés déjà existants de menuiserie bois et métalliques, de mécaniques, de bijouterie, de cosmétique, de cordonnerie, de couture, de coiffure, de maçonnerie, de plomberie, de teintureries, d’électricité, d’informatique, de pharmacopée, de transformation de produits agricoles, pastoraux, halieutiques, etc., etc. La formalisation consistera à assurer à ces ateliers privés (i) un cadre amélioré d’installation, (ii) un appui en équipement et matériel de travail et (iii) une formation technique et de gestion, des responsables et de leurs adjoints. Ce processus de formalisation, une fois amorcé, poussera de plus en plus de Sénégalais à mettre en place des ateliers privés dans les divers autres corps de métiers, jusqu’à "boucler la boucle". Ces ateliers privés rénovés, ainsi transformés en Micro Entreprises, viendront s’ajouter aux Petites et Moyennes Entreprises existant, pour constituer le corps des Miros, Petites et Moyennes Entreprises (MPME) privées nationales. Ce sont ces MPME, qui vont se charger de la récupération et de la formation des apprenants, qui ont été progressivement exclus du système éducatif national classique, ainsi que, en partie, de leur insertion dans le tissu productif national. Avec l’appui de l’Etat, chaque MPME se dotera de sa propre structure d’encadrement des apprenants et de ses propres travailleurs (formation, organisation et suivi). Il y aura très probablement des regroupements de MPME et des absorptions de certaines MPME par d’autres MPME, aussi bien horizontalement que verticalement. Et c’est seulement lorsque l’absence de corps de métiers ou de niveaux de qualification professionnelle, jugés indispensables, sera constatée, que l’Etat se chargera d’installer et de gérer (i) des structures publiques de formation (à défaut d’avoir pu inciter le secteur privé national à le faire) et (ii) les MPME manquant (à défaut d’avoir pu inciter le secteur privé national à le faire).

Il va sans dire que cette révolution, dans le système éducatif national public, ne peut être envisagée, sans la promotion des langues nationales ; car, les échecs scolaires sont imputables, le plus souvent, à l’usage, dès le bas âge, d’une langue non maîtrisée, étrangère à l’environnement de l’enfant. « Des expériences montrent que la seule solution pour instruire un peuple arriéré est l'enseignement (même supérieur) donné dans des langues nationales qui est douze fois plus rapide qu'être artificiellement cultivé dans une langue étrangère ». C’est ainsi que les Etats Généraux de l’Education et de la Formation, tenues en 1981 au SENEGAL, avait montré que si l'enseignement est dispensé dans la langue maternelle de l'enfant, il lui faudrait seulement trois ans pour terminer le cycle primaire et avec brio, alors que si c’est en français, il faudrait six ans et avec des résultats mitigés. Ceci est valable non seulement pour des enfants en bas âge, mais aussi pour des adultes déjà fossilisés dans leur langue maternelle.

Comment les MPME pourront-elles s’articuler aux grandes entreprises publiques ou privées nationales ou aux entreprises étrangères résidentes, comment tout cela évoluera t-il ? Seul l’avenir le dira. Mais, ce qui apparaît immédiatement, comme impératif, c’est de sortir le système éducatif national classique et le pays, du cercle vicieux dans lequel ils sont tous deux perpétrés, qui est fait de piétinements sur place et d’évolution en dents de scie. Ce qui apparaît également évident, c’est que le système éducatif national classique, même rénové, ne peut aller sans son articulation avec les deux autres systèmes éducatifs que sont (i) le système éducatif religieux et (ii) le système éducatif familial. C’est à cette seule condition que l’individu ou le citoyen pourra correctement s’incérer dans la société, au triple plan socio-historique, temporel et spirituel.

III. Des politiques étatiques sont en train de s’amorcer, dans le sens de la promotion et le développement de l’artisanat national, alors que le Gouvernement ne semble pas se rendre compte de l’existence de quatre exigences préalables :

(+) La mise à disponibilité des matières premières par (i) l’élaboration et la mise en œuvre, sans délais, de vastes programmes nationaux, régionaux, départementaux, communaux et villageois, de développement agro-sylvo-pastoral, piscicole et apicole, de nature à garantir la production artisanale d’intrants de production, d’équipements et de matériels de travail, de produits frais ou transformés, (ii) la mise en œuvre d’un vaste programme de boisement ou de reboisement d’espèces diverses (fruitières, fourragères, forestières et ornementales), en quantité et en qualité, de nature à éviter de réveiller les démons de la dégradation de l’environnement qui trouveraient un appui solide auprès des changements climatiques, mais aussi et surtout, de façon à libérer l’artisanat national de sa dépendance par rapport à l’importation du bois, (iii) l’élaboration et la mise en œuvre de politiques soutenues de recherche et d’exploitation, minières, (iv) l’obligation à faire aux sociétés nationales ou étrangères, qui exploitent nos ressources du sous-sols (fer, or, pétrole, etc.) de prévoir et de libérer, des quotas artisanaux de matières premières, en quantité et à des prix préférentiels, etc. Tant que la matière première n’est pas disponible, au niveau national, quantitativement, qualitativement et à un coût des plus compétitifs, il est illusoire de vouloir promouvoir et développer un artisanat national. Et sans un artisanat national solide, pas d’industrie nationale compétitive possible.

(+) L’existence de Centres de Formation Professionnelle, aptes à assurer un bon encadrement des artisans (formation, organisation et suivi), par leur mise en place qui s’inscrira dans le cadre de la rénovation du système éducatif national, tel que décrite plus haut.

(+) La disponibilité de l’équipement et du matériel de travail adéquats (de préférence, fabriqués localement ou, à défaut, importés) par la promotion de l’épargne privé et des investissements publics, qui peuvent contribuer à réduire substantiellement les coûts d’acquisition.

(+) La garantie des conditions incitatives d’écoulement des productions, tant au niveau national (promotion de la consommation des produits locaux et de la préférence nationale) qu’international (la mise à profit de nos représentations diplomatiques, pour l’identification et l’exploitation des marchés existant ou potentiels, dans les pays d’accréditation).


Kolda, le 31 Décembre 2014
Pharaon Cheikhou GASSAMA
Marché Mame Diarra x Route du Lycée
Sikilo Ouest – Région de Kolda
Tel : 77 499 31 22
gassamacheikhou@yahoo.fr