Leral.net - S'informer en temps réel

Les pays victimes d'Ebola de plus en plus isolés, réponse internationale "inadaptée"

Rédigé par leral.net le Jeudi 28 Août 2014 à 11:22 | | 0 commentaire(s)|

Freetown, 28 août 2014 (AFP) - Les trois pays d'Afrique de l'Ouest frappés de plein fouet par l'épidémie d'Ebola se retrouvaient jeudi de plus en plus isolés, les dernières compagnies aériennes encore présentes ayant suspendu leurs vols la veille.


Les pays victimes d'Ebola de plus en plus isolés, réponse internationale "inadaptée"
La réponse internationale à cette épidémie est "dangereusement inadaptée", selon Médecins sans Frontières (MSF). "L'actuelle réponse internationale à Ebola reste dangereusement inadaptée", affirme la coordinatrice d'urgence de MSF en Sierra Leone dans un témoignage émouvant publié mercredi aux Etats-Unis.

"L'épidémie d'Ebola est devenue incontrôlable depuis plusieurs mois, mais la communauté sanitaire internationale a mis trop de temps à réagir", écrit encore l'infirmière coordinatrice Anja Wolz dans le New England Journal of Medicine.

Les ministres de la Santé des pays de la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) devraient se réunir jeudi à Accra pour discuter d'une stratégie commune de lutte contre cette maladie meurtrière.

Alors que le virus a fait plus de 1.400 morts sur 2.615 cas enregistrés dans la région, au Liberia, le pays le plus touché, le directeur des Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), Tom Frieden, a averti que le bilan était probablement bien plus lourd.

"Le monde n'a jamais vu une épidémie d'Ebola comme celle-ci. Par conséquent, non seulement les bilans sont élevés, mais nous savons qu'il y a beaucoup plus de cas que ceux diagnostiqués ou signalés", a-t-il déclaré à Monrovia.

- Une situation qui empire -

"Le nombre de cas augmente", a estimé le Dr Frieden, en mission dans le pays depuis plusieurs jours, ajoutant que la situation allait continuer à empirer à court terme.

L'épidémie, qui s'est déclarée au début de l'année en Guinée, avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone, pays voisins, puis au Nigeria, est la plus grave depuis que cette fièvre hémorragique a été identifiée en 1976 en République démocratique du Congo (RDC), où elle est réapparue en août pour la septième fois.

Elle a fait 1.427 morts: 624 au Liberia, 406 en Guinée, 392 en Sierra Leone et cinq au Nigeria, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) arrêté il y a une semaine.

Face à l'inquiétude croissante dans le monde, Air France a annoncé la "suspension provisoire", à compter de jeudi, de ses vols vers Freetown, mais poursuivra ses liaisons avec la Guinée et le Nigeria.

Seules deux compagnies desservent encore la Sierra Leone et le Liberia: Royal Air Maroc (RAM) et Brussels Airlines, de manière irrégulière pour cette dernière. Brussels Airlines a indiqué qu'elle prendrait une décision en fin de semaine.

Dans l'immédiat, pour répondre à la demande de passagers et acheminer 40 tonnes d'aide médicale de l'ONU, la compagnie a précisé assurer cette semaine trois vols: un vers Freetown, un vers Monrovia et un vers Conakry.

British Airways avait annoncé mardi prolonger jusqu'à la fin de l'année la suspension de ses liaisons avec le Liberia et la Sierra Leone. Royal Air Maroc a confirmé ses plans de vol habituels: un par jour vers Conakry et un jour sur deux en moyenne vers Monrovia et Freetown, par "solidarité" africaine.

La "très ferme requête" du coordinateur de l'ONU contre le virus Ebola, le Dr David Nabarro, pour que des compagnies aériennes continuent à desservir les capitales des pays touchés a donc rencontré peu d'écho.

Le Dr Nabarro avait averti lundi à Freetown que "la décision compréhensible de certaines compagnies aériennes de ne plus desservir Freetown, Monrovia ou Conakry avait eu un énorme impact sur la capacité de l'ONU à acheminer du personnel et du matériel".

Une centaine de tonnes de matériel de santé et d'hygiène financées par la Banque mondiale ont néanmoins été livrées mardi au Liberia par l'Unicef.

- 'Solidarité africaine' -

Le président gambien Yahya Jammeh a pour sa part fait don à la Sierra Leone de 500.000 dollars (380.000 euros). "En des moments comme celui-ci, nous attendons des pays africains et des organisations comme la Cédéao et l'Union africaine qu'elles resserrent les rangs et fassent preuve de la même solidarité que le président de Gambie", a commenté le chef de l'Etat, Ernest Bai Koroma.

La Grande-Bretagne a également offert 10 millions d'euros pour les services de lutte contre Ebola, selon l'ambassadeur en Sierra Leone, Peter West. Le Dr Nabarro a poursuivi sa tournée des pays touchés, en se rendant mercredi au Nigeria, le moins touché par Ebola.

A l'occasion de sa rencontre avec M. Nabarro, le président nigérian, Goodluck Jonathan, a condamné la stigmatisation qui frappe le Nigeria, dénonçant le fait que l'équipe nigériane a été contrainte de se retirer des jeux Olympiques des jeunes en Chine après une décision du Comité international olympique bannissant les équipes des pays touchés par Ebola pour les sports de combat et la natation.

Le pays le plus peuplé d'Afrique restait néanmoins vigilant, reportant la rentrée des classes d'un mois pour mettre en place "des mesures préventives" contre l'épidémie. Par ailleurs, un expert sénégalais de l'OMS contaminé en Sierra Leone a été admis mercredi dans un hôpital de Hambourg, devenant le premier malade d'Ebola traité en Allemagne, et le troisième en Europe.

Un professionnel de la santé travaillant pour le CDC a quant à lui été rapatrié aux Etats-Unis après avoir été faiblement exposé au virus Ebola en Sierra Leone.

En RDC, les Nations unies ont annoncé avoir déjà débloqué 1,5 million de dollars contre l'épidémie qui s'est déclarée en août, faisant 13 morts, distincte de celle qui sévit en Afrique de l'Ouest, selon les autorités sanitaires.