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"Lettre aux sacrifiés de l’alternance: Sur vos tombes ils ont bâti des palaces !"


Rédigé par leral.net le Lundi 31 Août 2015 à 12:01 | | 18 commentaire(s)|



Les hommes valeureux n’ont pas peur de mourir, ce dont ils ont peur c’est de vivre dans l’indignité ou de mourir pour les petites causes, celles mesquines. Les
Jeunes qui ont sacrifié leur vie parce qu’ils étaient engagés dans un combat qu’ils croyaient juste et noble sont donc plus honorables que ceux qui ont rusé avec eux en les envoyant, de façon probablement superflue, périr sur le bûcher. Ils croyaient mourir pour quelque chose au moment où ceux qui les encourageaient à mourir voulaient simplement, par le nombre de morts, s’assurer leur ascension ainsi que leur assomption.

On a sacrifié des vies pour des destins personnels : c’est une évidence empirique ! On a dévoyé le combat pour plus de démocratie et de transparence : des coupeurs de « route démocratique » et des pirates ont arraisonné l’admirable navire rempli d’espoirs et d’entrain pour s’en approprier. On a bercé la jeunesse dans le rêve d’un Sénégal différent et meilleur, on l’a excitée d’espérances folles, on l’a précipitée vers l’abime de la mort pour simplement susciter l’émoi ici et ailleurs. Des jeunes ainsi anesthésiés par des enchanteurs sans vergogne ont sacrifié leur vie pour que le Sénégal change, mais en fin de compte il a simplement changé de mains et pas de destination ni même de manière de faire.

Les héritiers de cette alternance douloureuse ne savent pas qu’ils se comportent en charognards : c’est évident que le poids du sang a pesé très lourd dans la balance électorale de 2012 ! Car ils sont nombreux à avoir fait ce raisonnement lucide : une victoire de Wade en 2012 installerait ce pays dans un bain de sang impossible à endiguer. Ce n’est pas sûr que ceux qui ont bénéficié de ce vote aient envie de comprendre les raisons ultimes de certains suffrages. Ils ont usurpé un combat dans le seul but d’en récolter les dividendes : ils n’ont jamais été animés par une volonté de réformer ce pays. Ils sont en train de légitimer tous les crimes et péchés qu’ils dénonçaient hier, ils sont devenus subitement riches, ils ont construit des villas en un temps record au moment où les routes du pays sont majoritairement impraticables. Ils se prélassent tous les jours dans les hôtels au moment où les populations de la banlieue sont noyées dans des inondations. Jeunes sacrifiés de l’alternance, si vous saviez ce que les coachs de la mort ont fait de votre combat !

Je vois des journalistes naguère directeurs de conscience devenus courtisans du Prince, je vois des défenseurs des droits de l’Homme transformés en défenseurs de causes injustes. Je vois des rappeurs devenus activistes, mais dont l’abnégation est trahi par des joues étonnamment épanouies depuis l’alternance : comment peut-on combattre l’enrichissement illicite tout en s’enrichissant par le biais de la politique ? Je vois un Président se défendre de s’être illicitement enrichi en des termes si lamentablement maladroits « ça ne fait même pas deux milliards » ! Ainsi estime-t-il son patrimoine. C’est ce qu’on appelle une dénégation qui enfonce et ternit plus qu’elle n’absout. Ce qui devrait être des mausolées pour les martyrs de la démocratie a été donc honteusement travesti en palaces pour des hédonistes que les délices de la vie ont définitivement emprisonnés dans les dédales de l’incohérence.

Le cartel politico-économique qui dirige présentement le Sénégal corrompt tout le monde, emprisonne les adversaires et insultent ceux qui ont l’outrecuidance de garder leur lucidité. J’entends la voix des martyrs s’interrogeant ainsi : « qu’est ce que tous ces intellectuels trouvent d’attrayant dans l’action ou la vision d’un Président comme Macky ? ». A ces martyrs je répondrai : « rien, sinon les honneurs et les faveurs de la république ». Ces intellectuels faussaires dont se plaignent Pascal Boniface et les autres (ceux qui l’accusent de plagiat) ont dénaturé la démocratie en France et l’ont inhibée au Sénégal et il urge de les combattre sans fléchir.

Alassane K. KITANE, professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès