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Lettre ouverte au Président Abdoulaye Wade

Rédigé par leral.net le Lundi 20 Octobre 2014 à 20:54 | | 7 commentaire(s)|

Monsieur le Président,
De notre défaite de 2012, je ne sais si je devrais en rire de honte ou en pleurer de dépit d’avoir malheureusement raison ? Car j’ai eu raison n’en déplaise à ceux qui m’ont hué à la Salle des Banquets. En effet, c’est en Aout 2001 déjà que, dans un article institué « Monsieur le Président ne tombez pas dans ce piège » (Walfadjri), je vous avertissais des risques inutiles que vous preniez en vous engageant dans la voie de l’institutionnalisation de la transhumance et l’intégration dans une armée (gouvernement-partis) de la « légion étrangère politique » qui est la Société Civile.


Lettre ouverte au Président Abdoulaye Wade
J’avais terminé cette lettre par vous comparer à votre « prédécesseur qui, placé au sommet d’une tour d’ivoire, n’a pu faire la différence entre une foule qui vocifère et des militants qui ovationnent, entre une noix de coco et une grenade jusqu’à ce qu’elle lui explose au visage ; tandis que vous, vous avez accepté d’être placé sur un radeau et poussé sur les flots bleus par ceux qui, depuis la berge, vous mythifient, vous encouragent à aller vers le large, assurés qu’ils sont, que vous serez le seul à affronter les tempêtes et le seul naufragé ». Fin de citation. Telle est votre situation aujourd’hui car malgré la mise en scène d’une tragi-comédie qui est votre retour, vous êtes seul, absolument seul dans ce combat de survie. En effet, ceux qui s’agitent, s’excitent, et s’égosillent autour de vous, vous ont lâché il y a longtemps; car à voir la promptitude avec laquelle ils ont obtenu les récépissés de leurs partis et mouvements dès le lendemain de notre perte du pouvoir, on peut affirmer sans l’ombre d’un doute qu’ils avaient mûri leur plan. Là aussi, j’ai eu raison ; car à la Salle des Banquets, en réunion avec la mouvance, je vous avertissais sous les huées, que ceux qui vous promettaient le premier tour, vous trompent car on ne peut pas reconquérir à mains nues une place forte qu’on a perdue étant armé, nourri, logé et blanchi ; tout comme on ne peut régénérer une forêt avec du bois mort, genre « porteur de pancartes » ou « agrégé de volte face » ainsi que d’autres médiocrités politiques qui ont brisé des élans, émoussé des ardeurs et découragé plus d’un par leurs basses manœuvres politiciennes.

Quant aux autres irresponsables, arrivistes et opportunistes, qui s’organisent aujourd’hui en mouvements de honte genre « réthiou » ou « danoo diohum », ils ne devraient s’attendre de vous que mépris pour vous avoir trahi car Macky n’a ni hérité du pouvoir, ni fait un coup d’État : ceux qui ont le plus bénéficié des largesses de votre régime et de votre générosité personnelle, ont voté contre vous.

Monsieur le Président,

Il faut faire la part des choses. Comment pouvez-vous accepter que ceux qui ont créé des partis politiques dès le lendemain de notre chute, viennent vous accueillir à l’aéroport, récépissés en poche, en qualité de militants du PDS et vous tiennent des discours dithyrambiques en guise de fidélité et d’engagement ? Mais il y a plus grave : le manque de courage politique et d’honnêteté intellectuelle réside dans le fait que ce sont ces mêmes responsables qui ont initié, cautionné et légalisé l’éjection aussi brutale que mesquine de Mbaye Ndiaye et de Cissé Lô du parti et de l’assemblée nationale pour avoir simplement en tant que députés, émis un avis contraire à celui du PDS dans la manière dont le président de leur institution a été limogé. Mais il ya plus et pire : ceux qui aujourd’hui, font de Karim Wade un potentiel candidat dont Macky aurait peur, ceux qui se servent de son procès comme bouée de sauvetage, ce sont ceux là mêmes qui le snobaient, ne voulaient même le voir en photo et faisaient tout pour enterré la Génération du Concret comme un mort-né. Cela expliquerait certainement pourquoi les Awa Ndiaye, les Innocence Ntab, les Kalidou Diallo entre autres sont partis sans état d’âme, écœurés et dégoutés par l’attitude de leur frère à l’image de ce « surdoué politique » qui, directeur de campagne d’un candidat contesté, non content de baptiser des chevaux à la pré-campagne, cherche à hériter le parti du père après avoir traité publiquement et ouvertement le fils avec dédain et mépris.

Non Monsieur le Président, Karim ne peut et ne pourra jamais être Président dans les conditions que voici : il a été l’une des causes de notre perte du pouvoir malgré ou plutôt à cause des moyens d’État colossaux mis à sa disposition. Le slogan « Karim Président » comme « gagner au premier tour » est un cri de peur. Ce ne sont pas les lamentations de honte et les regrets tardifs qui peuvent ébranler un régime installé avec plus de 65% et qui a balayé comme fétus de paille Karim, son père, sa mère, sa sœur, leurs alliés, leurs affidés, leurs souteneurs, sympathisants et autres courtisans et coalisés.

Non Monsieur le Président, on vous a trompé et on vous trompe encore. Ceux qui veulent la rupture mais s’accrochent à un vieillard de plus de 90 ans, ceux qui vous ont poussé à vous séparer de tous vos premiers ministres parce qu’ils « lorgnaient votre fauteuil », ceux qui vous ont fait oublié vos premiers compagnons pour promouvoir des ennemis de toujours au détriment des amis de toujours, ceux sont ceux là vos ennemis d’aujourd’hui et les ennemis de la République ; ils vous poussent à défier l’État et la République, alors que simple citoyen, c’est le sort de votre fils qui devrait vous préoccuper et non celui d’un parti implosé en mille morceaux du fait de l’irresponsabilité de la mauvaise foi, de l’ingratitude et de la cupidité des uns et des autres.

Monsieur le Président, il faut arrêter ce jeu : le père de famille que vous êtes, doit sortir son fils de prison car le temps n’a pas de temps. Alors il faut commencer par la fin. Vous êtes mieux placé que quiconque pour connaitre les méandres de la Justice et les arcanes juridiques dans le pouvoir. Alors il faut arrêter et vous savez bien pourquoi, pour qui et comment !

Mor DIENG

Président du Parti WEDDI

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