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Lettre ouverte au président de la République du Sénégal : Excellence les Sénégalais ne méritent-ils pas de disposer d’une télévision publique de qualité ?

Rédigé par leral.net le Samedi 27 Mai 2017 à 14:19 | | 0 commentaire(s)|

Lettre ouverte au président de la République du Sénégal :  Excellence les Sénégalais ne méritent-ils pas de disposer d’une télévision publique de qualité ?
Ne sommes-nous pas toujours capables en ce 3ème millénaire de produire une télévision d’Etat qui réponde aux meilleurs standards ?
Je m’autorise à vous interpeller directement car notre télévision nationale, la RTS, en plus de continuer à outrager  allégrement les principes élémentaires du journalisme, apporte aujourd’hui  la preuve manifeste de son manque criant de professionnalisme. En effet dans l’édition du 20 Heures de ce dimanche 21 Mai 2017 et en couverture de la quinzaine nationale de la femme, la Rts1 affiche sur les écrans sénégalais la phrase suivante :                  
 « La caravane des femmes s’arrêtent à Kaffrine, terre d’agriculture ».                                                                                                                                         

En plus de désintéresser les Sénégalais de l’information officielle, la Rts inquiète aujourd’hui par son niveau intellectuel de plus en plus faible traduisant une certaine incurie dans son management.

En tant que télévision publique, la Rts doit être au service du public et doit placer le téléspectateur  sénégalais au cœur de sa préoccupation. La télévision publique, faut- il le rappeler, a la si lourde mais exaltante charge d’informer, d’éduquer et d’animer le débat démocratique, tant au niveau national que local et international. Ce qui n’est pas le cas de notre télévision nationale.
 Nous le savons certes, de l’ORTS à la Rts, notre chaine publique s’est toujours distinguée par son manque de neutralité dans le traitement de l’information et par la faible épaisseur de son contenu programmatique mais ce qui heurte davantage aujourd’hui, c’est l’affaissement du niveau intellectuel de sa production. Pouvait-il en être autrement avec un directeur général très partisan et

Chef de parti, vos activités ouvertement engagé au plan politique ?                                                                                                             

politiques font souvent la une de la principale édition du soir sur la Rts1 même pour recevoir en grande pompe des transhumants politiques alors que toute voix discordante est systématiquement boycottée voire censurée par la même chaine   ( opposition comme société civile). IL n’est nul besoin de rappeler que ce n’est pas seulement avec l’argent des militants de  l’APR et de BENNO BOKK YAKAR que le service public de l’audiovisuel est financé. Cet excès inutile de Zèle fait que la majorité des sénégalais n’accordent plus de crédit à cette chaine et ne la suivent plus, et les rares sénégalais, qui daignent encore la regarder constatent la mort dans l’âme un traitement toujours  déséquilibré de l’information et assimilent la RTS à une télévision de propagande au service exclusif du prince et de sa famille. Ma fille cadette d’une voix innocente avec une mine défaite me demandait l’autre jour si Mame Abdoulaye Wade était monté au ciel car elle ne le voit plus à la télé. Je lui ai répondu que non, seulement il n’avait plus sa télé à lui, c’est le président Macky Sall qui le lui a pris.

Cet échange apparemment anodin est assez symptomatique des dérives de la chaine publique dans le traitement de l’information. Elle pense vous aider en vous faisant écouter ce que vous voulez entendre et regarder ce que vous voulez voir quand elle vous isole et creuse chaque jour davantage le fossé qui vous sépare de vos administrés  avant de vous y précipiter. N’est-ce pas vous-même qui vous plaignez du niveau de la prise en charge de votre  communication politique et institutionnelle ? L’une des principales explications au manque de visibilité de vos actions est due au fait  que le principal canal de diffusion de votre information, en l’occurrence ici la Rts, est devenu obstrué, inapproprié, inaudible car discrédité aux yeux des masses sénégalaises. La ligne éditoriale adoptée est contre-productive en ce qu’elle produit des résultats contraires à ceux escomptés, autrement les alternances politiques de 2000 et 2012 ne se seraient jamais réalisées dans ce pays avec des médias publics fortement colorés au plan politique et très tendancieux.
Si la première alternance politique au Sénégal fut un échec, la 2ème si l’on n’y prend garde, est partie pour subir le même sort avec de terribles conséquences pour l’avenir de ce pays.
Autant nous pouvons être indulgents avec la première qui était à sa phase expérimentale dans le pays avec un Président pas tout à fait rompu aux arcanes et réalités du pouvoir, autant rien ne sera pardonné à la 2ème avec un exécutif à la tête duquel un politique suffisamment bien préparé pour la fonction.

Un Sénégal meilleur (donc de « Yokute »  que je préfère à l’émergence qui semble aujourd’hui plus un slogan à la mode en Afrique noire qu’une vision bien structurée avec des objectifs et indicateurs SMART) ne pourra se construire que dans la sérénité, la cohésion et la concorde nationale avec un enthousiasme populaire. Ce qui n’est pas le cas du pays actuellement.

Faites davantage attention aux courtisans et zélateurs qui vous font croire que vous pouvez réussir la mission en ignorant une bonne frange de la population sénégalaise. Ces activistes et situationnistes professionnels font dans l’enfumage en vous créant des adversaires et des ennemis quand ils ne sont pas capables de vous apporter la preuve de leur loyauté à votre égard et de leur efficacité dans l’action. Ces flagorneurs sont d’une indigence intellectuelle telle qu’ils n’existent  que dans la division, les insultes, les invectives et les combines et travailleront toujours à créer et entretenir l’opacité du jeu politique. Ils vous éloignent de la réalité en colportant des mensonges pour mieux rentrer dans vos grâces. Ils vous font croire par exemple que vous êtes un Président bien élu, ce qui n’est pas la réalité car c’est comme si l’on attribuerait au bachelier du 2ème tour la mention Bien.

En 2012, seul 1 votant sénégalais sur 4 vous a réellement choisi. C’est le vote contestataire du peuple sénégalais souverain au 2ème   qui vous a porté au pouvoir. Depuis, votre coalition a perdu lors de consultations électorales à Dakar, aux Parcelles assainies, à Rufisque, à Thiès, au Baol (Bambey, Diourbel, Mbacké, Touba), à Sokone, à Kébémer, à Dagana, à Podor, à Ziguinchor et Bignona. On ne peut perdre ces localités du fait de leurs poids électoraux respectifs et surtout de leurs charges symboliques dans ce pays et ne pas travailler à rassembler les fils du Sénégal. Ces laudateurs et autres politiciens carriéristes qui soutiennent le contraire ne sont pas vos amis, ni même les amis du Sénégal ; ils sont seulement amis à votre fonction. Vous serez appelé demain à céder le fauteuil présidentiel et dans votre solitude, ils vous tourneront le dos pour d’autres prairies ; il ne vous restera que l’image que vous avez laissée à vos concitoyens et l’histoire ne retiendra que votre œuvre à la tête de ce pays. Travaillez à rester éternel dans le cœur des Sénégalais.

J’ai appris récemment d’un célèbre magistrat français que pour être un bon juge, il faut aimer les hommes. Je pense la même chose du bon leader On ne gouverne pas avec une violence inutile, ni même avec une faiblesse coupable. On reste un leader historique quand on est capable de s’oublier pour se mettre au service de l’intérêt général.
Cette si longue missive que je vous adresse a pour objet de vous alerter et davantage vous sensibiliser sur le nécessaire sursaut national dont vous devez être le principal instigateur afin de préserver notre cher Sénégal.

Nous abordons avec cette 2ème alternance politique un tournant décisif dans notre vie politique que nous devons bien négocier ; le rater nous mènerait vers des lendemains incertains aux conséquences désastreuses car on aura fini de déchirer le recours qui fait du Sénégal cet ilot de stabilité dans cet océan de désordres et de soubresauts. En effet, c’est la foi en la carte d’électeur et en ses vertus qui continue à sauver le pays surtout en cette matinée du 23 Juin 2011.  Seulement si cette même carte ne permet juste que de changer des hommes et non le vécu des Sénégalais, il est à craindre que les compatriotes s’imaginent d’autres moyens non souhaitables, pas forcément les meilleurs, pour améliorer leur sort.                                                                                                                  

  Avant moi, des voix certainement plus autorisées que la mienne, ont déjà averti par rapport au sort qui guette notre pays.
En vous en souhaitant bonne réception et dans l’espoir d’un Sénégal de paix réconcilié avec ses valeurs et qui saura réunir ses fils dans un Etat de droit autour de l’intérêt général,
Je vous prie de croire, Excellence, à l’assurance de ma haute considération.
                                                           
     Dr Mamadou Badara Seck
 mamadoubadara@yahoo.fr