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Lettre ouverte au président de la République: une année blanche, pourquoi pas si c’est nécessaire ?


Rédigé par leral.net le Mardi 28 Avril 2015 à 22:24 | | 0 commentaire(s)|

Lettre ouverte au président de la République: une année blanche, pourquoi pas si c’est nécessaire ?
Excellence,

L’insoutenable situation de l’école sénégalaise nous place davantage devant notre responsabilité historique pour préparer un meilleur avenir à nos enfants, et partant à notre cher Sénégal.

L’école sénégalaise n’a jamais été aussi violentée qu’elle ne l’est aujourd’hui et l’on est en droit de se demander si ses enseignants, au moins une seule fois, se sont arrêtés pour se demander : « qu’adviendrait-il pour notre cher Sénégal et ses fils si tout le monde en faisait autant ? »

Tant de blessures, de cassures, de fêlures, de brûlures engendrées par un système éducatif qui a tellement englouti de moyens et qui continue de jeter froidement nos chers enfants dans la rue.

Il est temps de mettre un terme à cette dérive et de recentrer notre école au cœur de son métier, de sa noble mission : ceci appelle des mesures fortes, courageuses et pérennes de la part de l’autorité centrale que vous incarnez.

Notre nation ne peut continuer à subir les chantages d’une corporation qui tient en otage des familles, des destins, des rêves bref tout un pays.

Ne cédez point et tenez bon ; soyez rassuré que le peuple patriote est avec vous et l’instant présent commande de sauver définitivement notre chère école. Nous sommes conscients des impacts négatifs d’une année blanche dans la vie d’une nation, mais de loin nous préférons la subir et régler définitivement les problèmes de l’école sénégalaise que de s’adonner à des colmatages perpétuels et inopérants (pour sauver des années académiques) qui ont eu pour conséquences l’enlisement, l’affaissement continu du niveau des apprenants, la perte du crédit de notre système éducatif tant au plan national, qu’international.

- Commencez par supprimer tous les syndicats d’enseignant et prévoir d’organiser ultérieurement des élections de représentativité pour avoir des interlocuteurs responsables et fiables parce que représentatifs.

- Fixez un ultimatum pour regagner les classes et tout enseignant qui ne daignera pas s’acquitter de sa tâche sera de facto considéré comme démissionnaire et se sera auto-exclu de la fonction publique.

- Pensez à un audit social exhaustif du système avant de lancer rapidement un appel à candidatures pour pourvoir les postes manquants afin de préparer les nouvelles recrues à la fonction.
Des patriotes bénévoles, selon leur disponibilité, pourront s’engager le temps qu’il faudra dans la formation des apprenants.

- Pensez se servir des leçons de cette situation chaotique pour mettre en place un dispositif et des procédures pour que plus jamais notre école ne redevienne l’otage de quelque groupuscule qu’il soit.

- Enfin repensez le système global de rémunération des agents de l’Etat de façon à éviter d’inutiles frustrations et à ne pas menacer les équilibres.

Excellence, il ne se conçoit point d’émergence encore moins de développement tant que nous continuerons à jeter nos enfants dans la rue. Le capital humain est le premier levier à actionner si nous voulons bâtir dans la durée une nation prospère parce que forte, équilibrée et juste.

Il faudra nous rappeler que la paix à tout prix n’est pas une paix et qu’en négociations, plus vous donnez, plus on vous en imposera. Si vous cédez à leur désidérata, ils vous reviendront demain pour d’autres indemnités ou doléances. Je trouve juste malsain de courir toujours derrière des avantages quand votre outil de travail reste très perfectible et que les élèves, pour qui vous existez, continuent à étudier dans des abris provisoires.

Il est loin de moi l’intention de jeter l’opprobre sur une corporation jadis méritante et exemplaire, qui a beaucoup contribué à notre devenir ; seulement les temps ont beaucoup évolué et cette école qui nous a produit ne mérite pas cette face hideuse qui est la sienne aujourd’hui. Il est des instants dans la vie d’une nation où se taire, c’est mentir et ne pas agir, c’est trahir.

J’ajoute donc, la mort dans l’âme, ma voix à cette vague d’indignation qui pleure aujourd’hui notre école et implore l’autorité de soigner efficacement et durablement ses plaies afin que le système éducatif puisse redevenir le catalyseur d’espoir et d’espérance qu’il a été dans le passé et jouer son rôle d’ascenseur social qui a permis à tant de Sénégalaises et de Sénégalais de sourire et de faire sourire .

Je vous prie de croire, Excellence, en ma considération la meilleure.

Dr Mamadou Badara Seck
Auteur du livre : « Une missive pour Birima : pour que notre peuple se relève enfin ! » éditions l’Harmattan
Mail : mamadoubadara@yahoo.fr