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« Libération » dévoile les contradictions d’un « spécialiste du djihad »

Rédigé par leral.net le Lundi 22 Décembre 2014 à 19:55 | | 0 commentaire(s)|

« Libération » dévoile les contradictions d’un « spécialiste du djihad »
Il y a le journaliste Samuel Laurent, qui travaille au pôle Décodeurs du Monde, et puis il y a l'autre, le "consultant international", qui a écrit trois livres sur le djihadisme en un an. Devenu en quelques mois un habitué des plateaux télé et radio, le "spécialiste" est loin de faire l'unanimité. En témoigne l'article publié dimanche 21 décembre sur le site de Libération, et qui reprend par le menu les approximations et exagérations d'un auteur qui ne cite pas ses sources.

Interrogé sur les contradiction de son avant-dernier livre, Al-Qaida en France, le consultant admet des "passages compressés" et des "raccourcis pour faire simple" – "Cela s'appelle faire un livre", conclut-il. Il en va ainsi de son estimation du nombre de combattants de l'Etat islamique (50 000 selon lui, contre 20 000 à 31 000 selon la CIA), ou du nombre de Français engagés dans l'organisation (2 000 selon lui, contre près de 400 combattants recensés par les services de renseignement français). Même chose pour le financement de l'Etat islamique grâce à ses ventes de pétrole : le spécialiste parle de 3 millions de dollars par jour, quand le Trésor américain évoque, lui, un million par jour.

Plus problématique encore, le récit de son voyage en Syrie aux côtés d'Abou Maria qu'il présente comme un "émir d'Al-Qaida" syrien. Contacté par Libération, le combattant explique que M. Laurent n'aurait pas passé "plusieurs semaines" à Selma, comme il l'affirme, mais seulement six jours, et qu'il n'y aurait rencontré aucun djihadiste français. Une version qui va à contre-courant des aventures contées par le spécialiste.

"Diffamation"

Face à de telles accusations, M. Laurent n'a pas manqué de réagir avec violence sur Twitter, où il dénonce le "mensonge", la "manipulation" et la "diffamation" s'attaquant à lui et à son éditeur (Seuil). Entre deux retweets de soutien, il affirme également que cet article "a failli [lui] coûter la vie".



Mais qui est Samuel Laurent, soudainement apparu sur la scène médiatique il y a près d'un an ? Difficile de démêler le vrai du faux. Sur son site Internet, la maison d'édition Seuil présente en quelques mots le parcours de ce "consultant international" qui "sillonne depuis des années les régions contrôlées par les djihadistes, et possède des contacts inégalés dans ces organisations". A Libération, l'éditeur Jean-Christophe Brochier évoque, là encore, "un consultant international, ce qui veut tout dire, ou ne rien dire. Disons que c’est un baroudeur".

Sa fiche d'auteur sur Amazon dévoile un parcours en effet pour le moins singulier. L'écrivain aurait pris les armes dans sa jeunesse au sein de l'armée karen de libération nationale, qui s'est battue entre 1949 et 2012 pour l'autodétermination du peuple karen de Birmanie. Il voyage pendant quatre ans entre la Brimanie et le Cambodge avant de passer trois ans à Hongkong où il s'ennuie "car au fond de lui, son cœur ne battra jamais que pour les jungles oubliées de Birmanie et pour cette existence à la fois monotone et exaltante qui a si longtemps représenté son quotidien".

Et pour ce qui est de ses "contacts", sa courte biographie se charge d'entretenir la légende :

"Au fil des ans, ses amitiés lui permettront de nouer des liens solides et souvent amicaux avec plusieurs personnalités influentes de la région. Des hommes qui forment aujourd'hui un réseau fiable et confidentiel sur lequel Samuel Laurent peut s'appuyer pour obtenir des informations souvent hors de portée des médias et autres 'spécialistes' autoproclamés."

M. Laurent doit à présent faire face aux critiques, quitte à adopter une position un peu trop offensive. Au journaliste Nicolas Hénin qui partage l'article de Libération sur Twitter, il répond : "Nicolas, je comprends qu'avoir strictement tout raté en Syrie te colle les nerfs. Mais ne t'en prends pas aux autres :) " Une réponse qui manque un peu de tact, envers un journaliste qui a été otage pendant presque un an aux mains des djihadistes syriens.