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Ma vie : «Les malfaiteurs m’ont pris plus d’un milliard de FCfa, ils ne m’ont même pas laissé un slip»

L’OBS – C’est un homme désespéré, des tremolos dans la voix, qui s’est ouvert à L’Obs pour exprimer sa «perte» causée par une bande de quatorze personnes accusées de vol, complicité de vol et usurpation de fonction et qui croupissent actuellement à Rebeuss (voir L’Obs du jeudi 12 février 2015, p.4). Marié et père de deux enfants, Domenico Zuccarello est un homme d’affaires italien vivant au Sénégal, depuis 2009. Le quadra gérant de la société M.G Grandi Lavori (une entreprise qui s’investit dans le domaine de l’aménagement, de l’hydro-agriculture etc.) a vu sa vie basculée un soir du mois d’août de l’an 2014, suite au vol perpétré par cette association de malfaiteurs. Ayant foi en la Justice sénégalaise, l’investisseur italien réclame toute la lumière sur cette grosse affaire qui met des parents de hautes personnalités de la République dans les liens de la détention.


Rédigé par leral.net le Lundi 16 Février 2015 à 11:52 | | 0 commentaire(s)|

Ma vie : «Les malfaiteurs m’ont pris plus d’un milliard de FCfa, ils ne m’ont même pas laissé un slip»
«Je m’appelle Domenico Zuccarello. Je suis âgé de 48 ans. Je suis marié et père de deux enfants. C’est en 2009 que je suis venu au Sénégal pour monter une société. J’ai alors fait appel à Meïssa Mbaye Sall que j’ai connu en Italie. De fil en aiguille, nous avons mis en place la société M.G Grandi Lavori, une entreprise qui s’investit dans le domaine de l’aménagement, de l’hydro-agriculture etc. Meïssa Mbaye Sall était mon bras-droit. Mon fidèle collaborateur. J’ai toujours eu confiance en lui. En plus, je n’ai jamais douté de ses compétences. Au début, les affaires allaient bien. Les relations également. Mais, c’est à partir de 2012 que nos relations ont commencé à s’effriter. En effet, lors d’un de mes voyages (il précise qu’il était tout le temps entre deux avions) en Italie, Meïssa Mbaye Sall me fait part de la panne de quelques-unes des machines de l’entreprise pour justifier les dépenses qu’il effectuait. Je n’avais pipé mot à l’époque. Car, c’est lui qui gérait tout à mon absence. Mais, c’était devenu une coutume. Il en abusait. Il m’appelait de temps en temps pour me signaler d’autres pannes qui étaient devenues récurrentes. Ainsi, j’ai commencé à avoir des doutes. Les choses devenaient de plus en plus moroses. Les jours passaient. La situation empirait.

«J’ai été emprisonné pendant trois mois»

«Un jour, Meïssa Mbaye Sall m’apprend, alors que je me trouvais toujours en Italie, qu’un certain M. Kâ l’a contacté pour une prestation de service demandée par un Malien du nom de Khouma. Cette prestation de service portait sur la location de quatre bulldozers. Nous n’en détenions que trois. Donc, il fallait en trouver un quatrième engin pour satisfaire la demande de Kouma. C’est ainsi que Meïssa contacte un de ses amis, Aboubacry Niane dit «Beugue Fallou» pour la location du quatrième bulldozer restant. Ils trouvent un terrain d’entente. Le contrat est scellé entre les deux hommes. Les quatre appareils sont acheminés au Mali. Cependant, le bouteur de Niane, qui n’avait pas tous les papiers requis, sera stoppé à la frontière par les douaniers. L’engin y resta un mois ferme. Cela a coïncidé avec la guerre au Mali. La vie de nos travailleurs était menacée. J’ai difficilement convaincu Meïssa à faire revenir nos travailleurs et les machines au Sénégal. Ce qui n’a pas plu à Khouma. Insatisfait, ce dernier saisit et vend le bulldozer de Niane afin, dit-il, de recouvrir ses pertes causées par l’arrêt des travaux.

Plus tard, Aboubacry Niane portera plainte contre moi. J’étais ainsi condamné à trois mois ferme et au paiement de la somme de 100 millions deFCfa au profit d’Aboubacry Niane. Emprisonné le 12 mars, je recouvre la liberté le 12 juin 2013. Mon avocat, Me Emmanuel Padonou, interjette appel. J’obtiens l’annulation du paiement de la somme. Quelques jours après, comme en stipule la loi sénégalaise, je retourne en Italie. Meïssa Mbaye Sall me dira, au bout du fil, qu’il y a un mandat d’arrêt international décerné contre moi. J’étais complètement bouleversé et dépassé. Je ne comprenais rien sur le cours des événements. C’est ainsi que j’ai délégué mon neveu, Mario Zuccarello, de venir au Sénégal enfin d’en savoir un peu plus sur l’état de mes affaires. Une fois au Sénégal, El Hadji Siré Thiam dit Bamba et Cie se présentent à ma villa numéro 71, sis à la Cité Avion, aux Mamelles, pour demander à mon neveu de leur ouvrir les portes de la maison. Voulant leur opposer un refus catégorique, les faux gendarmes le menacent et l’arrosent d’injures tout en lui promettant une correction s’il refuse d’obtempérer. Quelques jours après, de peur d’être malmené par Bamba et sa bande, Mario retourne en Italie.

Vu la gravité de la situation, je reviens au Sénégal. C’est ainsi que je constate, à ma grande surprise, une fois chez moi, mon appartement complément vidé. Les bandits ont tout emporté. Ils ne m’ont même pas laissé un slip. Le tout emporté est estimé à 1 milliard 650 millions de FCfa, selon les enquêteurs de la Direction des investigations criminelles (Dic). C’est énorme. J’ai tout perdu. Pis, j’ai été étonné de voir que mon domicile est occupé par un autre locataire alors que je n’ai jamais fait l’objet d’une procédure d’expulsion. J’étais complément abattu. Meurtri dans l’âme.

Pour en savoir un peu plus sur cette nébuleuse affaire, je demande des explications au propriétaire de la maison, Babacar Sarr. Ce denier me dira que c’est Meïssa Mbaye Sall qui s’est présenté un jour à l’appartement et a tout embarqué dans un camion. Sans rien laisser. J’ai interpellé, par la suite, le gérant de l’agence immobilière, Patrick Bordier, qui m’avait loué la villa. Celui-ci me dira clairement qu’un individu se faisant passer pour un commissaire de police a eu à l’appeler pour demander de mes nouvelles. Plus tard, il apprend que mon domicile a été défoncé et pillé par des inconnus alors que je n’ai jamais fait l’objet d’une quelconque procédure d’expulsion.

Ainsi, j’ai compris que j’avais affaire à une bande de malfaiteurs. Une association de personnes malintentionnées qui veulent me détruire. Quelques jours après, j’ai déposé une plainte contre Meïssa Mbaye Sall et X. L’enquête minutieuse menée par la Brigade des affaires criminelles de la Dic a permis de mettre la main sur quatorze personnes, parmi lesquels figurent un frère d’un ministre de la République, un professeur d’Université et le beau-frère d’un Vip du pays. L’affaire est pendante devant la justice. Je nourris un grand espoir pour que la lumière soit faite sur cette affaire. Je demande un procès équitable. Et sur ce, j’ai vraiment confiance en la Justice sénégalaise.»

IBRAHIMA KANDE gfm.sn

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