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Macky Sall entre les enjeux politiques et les réalités socio-économiques à l'horizon des échéances électorales (Par El hadji Oumar Sow)

Rédigé par leral.net le Mardi 8 Novembre 2016 à 18:40 | | 0 commentaire(s)|

Au lendemain des élections du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), une lecture  élargie de la situation politique et socioéconomique du Sénégal s’avère nécessaire pour faire ressortir les points d’échoppement qui pourraient impacter la coalition Benno Bokko yakar (BBY) pour les prochaines législatives. Cette réflexion va s’appesantir sur les situations potentielles aussi bien au niveau  politique, qu’au niveau socio-économique.
  1. Sur le plan politique, l’étude va s’appuyer sur trois points concernant la majorité présidentielle :
  1. La situation de BBY de 2012 à nos jours ;
  2. La situation de l’élargissement de BBY avec l’arrivée de nouvelles entités politiques (Union pour le Renouveau Démocratique, Parti pour la Renaissance et le Développement du Sénégal…) ;
  3. La position du Parti Socialiste (PS) lors des prochaines législatives et présidentielle.
 
  1. La situation de BBY de 2012 à nos jours
Le noyau essentiel de BBY (APR, AFP, PS, LD, PIT) a continué à gérer l’action gouvernementale tout en notant le départ d’un parti important qu'est le REWMI qui a rejoint l’opposition.
Par ailleurs, il faut noter que BBY se prépare aux prochaines élections législatives avec le renforcement d'autres  organisations de la scène politique.
  1. La situation de l’élargissement de BBY avec l’adhésion d'autres entités politiques
Cet élargissement, voulu par le Président Macky Sall, apporte-t-il une valeur ajoutée à l’action de la majorité présidentielle ?
D’un point de vue psychologique, la venue de ces  formations politiques a effectivement désorienté le camp de l’opposition qui comptait créer une dynamique avec certaines  figures historiques comme Djibo Ka, Secrétaire Générale de l’URD, Ousmane Ngom ancien Ministre l’Intérieur, etc.

D’un point de vue électoral, à l’exception de l’URD, qui dispose d’une certaine base politique dans le Djoloff, les autres entités pèsent d'un poids relativement limité.

Cependant, bien que BBY soit, à ce jour, renforcé par des partis et mouvements politiques , la situation socio –politique caractérisée par la recrudescence de revendications sociales (grèves de syndicats, mouvements sociaux…), la  pression de la société civile sur le gouvernement et la nouvelle réorganisation de l’opposition autour d’un front pour la défense du Senegal ‘’Mankoo Wattu Senegaal’’ (FDS/MWS) devrait amener les dirigeants de la mouvance présidentielle à une prise de conscience face à ces risques et obstacles pour mieux appréhender les évènements politiques à venir.
  1. La position du parti socialiste lors des prochaines élections législatives et présidentielle
Comment le PS va-t-il se présenter? Éventuellement en double ?

La coalition dakaroise « AND TAXAWU Dakar » avec Khalifa SALL, plus que jamais très ambitieux, qui se donne déjà avec ses victoires et résultats un destin présidentiel et en face de lui, le secrétaire général du PS, Ousmane Tanor DIENG, qui semble être en phase avec la vision du Président Macky SALL.

Lors  des prochaines législatives, tout semble indiqué que le groupe de Khalifa Sall  « AND TAXAWU DAKAR » se présenterait sous une forme d’entité nationale pour briguer les suffrages des sénégalais, alors que la direction du PS s’emmure dans un silence assourdissant. Au vu de cette situation, d’aucuns penseraient à une entente tacite de répartition de taches et rôles d’activités politiques en prévision de l’élection présidentielle de 2019.

Ainsi Ousmane Tanor DIENG, Secrétaire Général du Parti Socialiste, actuellement Président du HCCT, une institution dotée d’un budget annuel d'environ 8 milliards, se positionne comme un élément incontournable dans les enjeux politiques de 2017 et 2019. Sa position à la tête de cette institution lui permet de gérer un fonds politique de 500 millions de F CFA par an.

Ousmane Tanor DIENG a déclaré solennellement que le PS ira aux prochaines élections législatives dans la coalition de la mouvance présidentielle BBY. Cet engagement pouvant amener une frange du PS ‘’And Taxawu Dakar’’ à se présenter aux prochaines législatives de 2017 au niveau national.

Cette situation constituerait, éventuellement, un risque pour BBY et l’APR; cette stratégie ayant été déjà utilisée lors des dernières élections locales de 2014 au niveau de la région de Dakar.
 
  1. Sur le plan économique et social              
  • Les Projets initiés par le président Macky au lendemain de son élection en 2012:
 
Déjà à la veille de l’élection de 2012, le candidat Macky a décliné un programme en quatre axes et ainsi il a promis de mettre un terme à l’injustice sociale.
  • Axe santé/social : En constatant la vulnérabilité d’une catégorie sociale représentant l’écrasante majorité de la Population du Sénégal, il a envisagé de mettre en place entre autres, une couverture maladie universelle, une bourse de sécurité sociale, des filières de la formation professionnelle, des structures de santé adéquates de proximité
  • Axe Infrastructures : En constatant aussi que les ressources financières très importantes utilisées dans ce secteur restent non compétitives, non optimales pour impacter le développement souhaité, il a envisagé de construire les véritables bases de développement en choisissant d’orienter les infrastructures vers les zones agricoles et sylvo pastorales pour construire des pistes de production, des forages et mettre à disposition de l’énergie rurale
  • Axe Productivité économique : l’objectif étant de s’appuyer sur les secteurs de l’agriculture, du monde rural et du tourisme. Il comptait produire de la valeur ajoutée en transformant la production agricole, céréalière, fruitière et arachidière.
  • Axe Développement d’un modèle démocratique respectable: L’établissement d’un Etat de droit, l’équilibre entre les institutions, la mise en place d’une politique de décentralisation et de déconcentration constituent des leviers importants dans l’approfondissement de la démocratie.
 
  • Les réalisations effectuées depuis l’avènement du Président Macky à la tête de la magistrature suprême, citons entre autres :
  • Au niveau santé
  • réduction des tarifs de séance de dialyse dans les établissements de santé privés et du centre d’hémodialyse de la Ville de Dakar ;
  • gratuité de la césarienne ;
  • gratuité des antirétroviraux ;
  • gratuité  des soins pour les enfants de O à 5 ans et les personnes âgées ;
  • mise à la disposition des infrastructures sanitaires de proximité pour le traitement du cancer ;
  • acquisition des scanners destinés aux hôpitaux de Kolda, Tamba, Touba, Kaolack, Ourossogui, Saint-Louis, Grand-Yoff.
  • Au niveau Social
  • Une politique sociale englobant un budget de 120 milliards de Francs CFA est disponible depuis 2015 ;
  • la baisse de l’impôt sur les salaires augmentant ainsi les revenus des travailleurs en améliorant du coup leur pouvoir d’achat. Une portée sociale qui touche les agents de la fonction publique comme ceux du secteur privé ;
  • installation et électrification des forages dans beaucoup de villages : les données passent de 8500 à 20000 ;
  • dotation budgétaire annuelle de 27 milliards de francs du fonds de soutien au secteur de l’énergie (FSE) pour adoucir le prix de l’électricité ;
  • vote d’une loi pour la réduction des loyers ;
  • une couverture maladie universelle et une bourse de sécurité familiale sur le modèle des pays émergents.
  • Au niveau agricole et promotion du développement rural
  • Octroie 34 ,2 milliards francs pour la subvention des intrants agricoles de la compagnie agricole année 2012 -2013 ;
  • paiement des arriérés dus aux acteurs du monde rural pour les compagnes agricoles pour 54 milliards ;
  • accroissement des montants du programme d’équipement du monde rural qui passent de 200 millions s en 2012 à 4,8 milliards en 2013 (24fois plus) ;
  • financement de l’hydraulique rurale pour une enveloppe de 24,4 milliards Francs CFA pour 55 forages neufs , 5 forages réhabilites, 2253 km d’extension de réseaux, 98 nouveaux châteaux d’eau, 1394 bornes de fontaines ;
  • subvention du matériel agricole avec l’objectif principal l’autosuffisance alimentaire à long terme. Estimation d’une production de 1,6 millions de riz en 2017 ;
  • mobilisation de 29 milliards pour l’appui en vivres au monde rural
 
Au niveau infrastructures
  • Réhabilitation de 287 km de routes entre Ziguinchor et Vélingara(RN6) ;
  • reconstruction du Pont de Kolda long de 91m, travaux lancés en 2013 ;
  • réhabilitation de la RN2 : SAINT-LOUIS –Rosso y compris 65 km de voies de désenclavement ;
  • construction du pont de Kédougou ;
  • reconstruction du pont de NDIOUM long de 150m ;
  • réhabilitation et élargissement de 120 km de routes entre  Richard-Toll et Ndioum (RN2) ;
  • construction de la route Fatick-Bambey ;
  • réhabilitation de la route de Mako –Kedougou ;
  • réhabilitation de la route de Manda Douane-Vélingara ;
  • réhabilitation du parking gros porteur à Tambacounda ;
  • réhabilitation de la route de Tamba-Dialacota ;
  • réhabilitation du pont Patte d’Oie Senegal 92
  • construction du Centre International Conférence Abdou Diouf à Diamniadio ;
  • construction du Quai de Pèche de Soumbedioune ;
  • Construction des Salles de Conférence pour le Gamou à Tivaoune et le Magal à Touba ;
  • Construction de la Cité de l’ Emergence avec  ses 17 tours  à Dakar ;
  • Construction de  l’autoroute Diamniadio –Blaise Diagne ;
  • Construction de  l’autoroute AIBD-Somone-Mbour.
 
  • Au niveau de la gouvernance
  • Bonne maitrise des déficits publics et du train de vie de l’Etat : une annulation de dépenses jugées non prioritaires d’un montant de 61.2 milliard de francs CFA a été réalisée en 2012 ;
  • rationalisation des effectifs et du nombre de missions diplomatiques et consulaires ;
  • suppression de 59 directions et agences non efficientes, suppression du SENAT soit une économie de près de 8milliards de francs CFA ;
  • réduction de 1,2 Milliards de francs CFA des factures de téléphones
  • réduction de 608 Millions de francs CFA des factures d’eau de l’administration entre Juillet et Décembre 2012 ;
  • adoption d’une loi créant un Office National Anti-corruption (OFNAC) ;
  • adoption de loi transposant le Code de transparence des finances publiques  de l’UEMOA et de la loi portant réforme de la Cour des Comptes ;
  • mise en œuvre de la norme mondiale qui promeut la transparence des revenus issus des ressources naturelles : le Senegal est membre depuis 2012 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) ;
  • renforcement de notre modèle de démocratie ;
  • restauration d’un Etat protecteur des populations, le rétablissement d’un Etat transparent ;
  • garantie pour la paix, la sécurité et l’intégration régionale ;
  • renforcement des pouvoirs des Collectivités Locales par la création du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) ;
  • modification du Code de Nationalité Sénégalaise pour permettre aux femmes sénégalaises de pouvoir transmettre la nationalité à leurs enfants ;
  • saisine des postes diplomatiques et consulaires pour le recensement de tous les sénégalais détenus dans leur juridiction a l’effet de leur fournir l’assistance consulaire nécessaire ;
  • renforcement du dispositif d’établissement de passeports pour les sénégalais de l’extérieur.
  • Au niveau éducation et formation
  • Elaboration du projet d’amélioration de la qualité et de l’équité au niveau de l’éducation de base (PAQUEEB) ou PAQUET (Projet d’Amélioration de la Qualité de la Transparence) avec l’adhésion de tous les partenaires techniques et financiers ;
  • mise en place de l’Autorité Nationale d’Assurance Qualité (ANAQ) sur la licence, le master et le doctorat ;
  • développement de l’offre éducative avec des filières scientifiques, techniques et professionnelles plus adaptée à la demande à tout le niveau de la pyramide scolaire ;
  • renforcement de l’ouverture des universités publiques, privées et les autres structures avec la signature de convention et partenariat avec des projets et instituts de recherche ;
  • rénovation de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar avec des pavillons bâtis ;
  • construction des centres de formation professionnelle;
  • construction d’une deuxième Université à Dakar et d’autres dans les régions de Ziguinchor, Kaolack, Fatick  et Thiès ;
  • mise en place d’une nouvelle politique d’édition des manuels scolaires, basée sur un multiple déconcentré et un partenariat public- privé ;
  • implantation de l’Université de Sine Saloum de Kaolack
  • mise en œuvre du programme des daara modernes ;
  • unification et reconnaissance en langue arabe. Il s’y ajoute que les arabisants peuvent désormais accéder à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA).
 
  • Au niveau de la politique de création d’emplois
 
  •  l’audit physique et biométrique des agents de l’Etat a assaini le fichier des fonctionnaires  qui comptait des salariés irréguliers (fictifs) ;
  • les statistiques en matière d’emplois recensés au Sénégal entre 2012 et 2014 font ressortir « un cumul de 135.629 contrats visés par les inspections régionales du travail et de la sécurité sociale, soit 37.114 en 2012, 44.695 en 2013 et 53.820 en 2014 » ;
  • 10.000 postes  d’agents de sécurité de proximité ;
  • lancement de l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ) qui est le fruit de la politique de rationalisation des structures en charge de l’emploi des jeunes ;
  • obtention d’une ligne de crédit de 10 milliards de F CFA  avec la B.A.D pour le financement des activités des femmes et jeunes filles ;
  • financement de 17 milliards de F CFA accordé par la B.A.D pour l’emploi des jeunes ;
  • mise en place d’un fonds de garantie des investissements prioritaires dotés de 5 milliards de F CFA pour financer les projets des jeunes et femmes ;
  • programme de création de domaines agricoles communautaires d’un montant de 100 milliards de F CFA pour créer 300.000 emplois dans le domaine agricole.
  • Les Perspectives de réalisation de nouveaux programmes initiés par le Chef de l’Etat en cours de mandat : le PSE
Parmi les importants programmes en cours de réalisation initiés dans le cadre du PSE par le Président, on peut citer :
  • Le parc éolien de Taïba Ndiaye qui participe au développement de l’électrification rurale qui est un des objectifs de la modernisation du monde rural ;
  • L’autoroute qui va relier la ville de Thiés à celle de Touba Mbacké permettra de diversifier le réseau routier du Sénégal et participera au désenclavement de toutes les villes et agglomérations traversées par cet important ouvrage ;
  • La mise en place du train express Dakar-AIBD va participer à la politique de mobilité des populations avec un développement du réseau ferroviaire qui va impacter toutes les régions environnantes.
  • En conclusion, à la lumière de l’importance des réalisations constatées depuis 2012, un certain nombre de recommandations pourrait être proposé  à l’intention des autorités :
  • La lutte contre le chômage pourrait être initiée par une nouvelle politique hardie de retour vers le développement rural grâce à la mise en place d’un programme d’exploitation agricole pour les jeunes diplômés qui bénéficieraient  d’une formation de mécanisation, de production et de commercialisation agricole
  • La mise en place d’une nouvelle politique de coopération sous régionale et internationale en créant un département autonome chargé de la planification stratégique et de la coopération.
Grace au développement des structures sous régionales comme la CEDEAO, le Sénégal devrait faire partie des groupes de pays influents dans la sous région Ouest Africaine et en Afrique, en général,
La CEDEAO représente plus de 300 millions de consommateurs, qui disposera d’une influence importante dans les affaires socio-économiques en Afrique et dans le monde.
 
El hadji Oumar Sow
Ingénieur en économie et logistique/transport
Cadre au CO.SE.C
Cadre APR, chargé de la communication du Département de Podor