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Macky Sall : le Monsieur Jourdain de la mal gouvernance ou quand la vanité humaine se joue des hommes

Rédigé par leral.net le Lundi 9 Mars 2015 à 09:29 | | 0 commentaire(s)|

Macky Sall : le Monsieur Jourdain de la mal gouvernance ou quand la vanité humaine se joue des hommes
C’est le génie littéraire de Molière qui nous permet ici de comprendre l’outrance et la profondeur de la sottise et du ridicule des humains lorsqu’ils sont mus par la vanité. M. Jourdain, désireux d’entrer dans les bonnes grâces d’une femme de haut rang, cherche laborieusement à lui offrir un présent de qualité remarquable. Suite aux conseils de Le comte Dorante, il décide de lui écrire un billet qui ne soit ni en vers ni en prose, tellement qu’il le voulait de bon goût. En s’y attelant, M. Jourdain découvrit que depuis trente ans il faisait de la prose sans le savoir. Molière se serait ressuscité au Sénégal, on lui aurait montré Macky Sall et sa gouvernance, il aurait certainement cru regarder sa célèbre comédie exécutée en politique.

Macky Sall veut nous imposer l’image d’un Monsieur « mains propres », soucieux de gérer les ressources publiques : il a créé ou ressuscité la CREI et lui a donné comme mission d’exproprier et de condamner les dignitaires du défunt régime de Wade. Mais ce que Macky Sall et son régime propagandiste ne disent pas aux Sénégalais, c’est que non seulement la supposée cagnotte de plusieurs centaine de milliards « volés et retracés dans les banques en Europe » était un leurre, mais que ce leurre permet d’entretenir des avocats pour ne rien faire. Combien de milliards nous ont coûtés les avocats de l’État, les commissions rogatoires, les experts comptables qui comptent des comptes vidés par des prisonniers (qui doivent certainement être extrêmement ingénieux et industrieux)? En feignant lutter contre l’enrichissement illicite, le régime de Macky Sall enrichit illicitement des avocats dont le rôle flagrant a été, tout le long du procès, de mener un combat politique sous le manteau de l’espièglerie juridique. Quand le mal s’incarne en bien, on parle généralement de conversion morale, mais le terme approprié est plutôt l’imposture : le régime de Macky Sall n’a pas d’autre nom que le règne de l’imposture.

A l’occasion de ses déplacement à l’intérieur du pays comme à l’étranger, Monsieur Macky Sall ne se gêne jamais de distribuer des millions à ses militants : avec quel argent ? De quel droit Monsieur Macky Sall entretient-il si généreusement son parti ? Au nom de quoi le Palais présidentiel devrait-il être la permanence d’un parti qui prétend être républicain ? Macky Sall prétend être un homme courtois, respectueux et nourrissant une grande affection pour son prédécesseur coupable, lui, d’être tombé trop bas en abreuvant d’injures son successeur. Pourtant un bref rappel de quelques faits suffit pour faire comprendre à ceux qui sont doués de bon sens et de sincérité républicaine que si Wade est tombé si bas c’est parce qu’on l’a si profondément enfoncé dans les caniveaux qu’il ne pouvait pas ne pas éructer des immondices de ce genre. Nous sommes le 12 avril 2012 un article signé Cheikh Yérim Seck et intitulé "Exclusif! Qu'a dit Macky Sall du régime Wade au khalife général des mouride ?" révèle ceci : « Durant 30 mn, à Mbacké Kadjor, le tout nouveau président de la République, Macky Sall, a tenu à prendre à témoin le khalife général des mourides, Serigne Cheikh Sidy Makhtar Mbacké, et à lui décrire l'état dans lequel Abdoulaye Wade lui a remis le Sénégal. Macky a commencé par le palais, indiquant au guide religieux qu'il n'y a rien trouvé en arrivant: ni mobilier, ni décorations, pas même de chaises ni de moquettes...

Tout ce qui s'y trouvait, et qui est appartient à l'Etat, a été emporté. Puis il lui a rapporté les cas de vol qu'il a constatés depuis sa prise de fonction: des centaines de véhicules dérobés, le matériel audiovisuel de la présidence emporté, l'outil de travail (matériel informatique, mobilier de bureau...) pillé...Puis Macky Sall en est venu à l'état de la trésorerie du pays. Il a tenu à faire remarquer au khalife qu'à son départ Abdou Diouf avait laissé à Abdoulaye Wade 200 milliards de francs cfa dans les caisses de l'Etat. Tandis que Wade a déjà exécuté la quasi-totalité du budget de cette année 2012 de la présidence, tout comme nombre de ministres l'ont fait dans leurs départements. Non sans faire remarquer qu'il n'a hérité d'aucun fonds destiné à préparer la future campagne agricole ni à faire face à la crise alimentaire qui pointe à l'horizon. Tout au contraire, on lui a légué des dettes comme cette ardoise mensuelle de 500 millions de francs cfa, rien pour la facture de téléphone de la présidence. Et des déficits abyssaux creusés par des faits graves de mauvaise gestion.

Au bout de cette démonstration, Macky Sall a indiqué au khalife qu'il ne pouvait pas ne pas passer au peigne fin la gestion de son prédécesseur pour situer les responsabilités de ce "désastre". Son interlocuteur n'y a pas trouvé à redire. Place aux audits ! » . Un Président sobre, vertueux et républicain aurait-il si maltraité son prédécesseur au palais, fut-il un rat ? Le caractère indigne de telles révélations a choqué même ceux qui ont combattu Wade, car l’adversité politique doit se maintenir dans les limites de la décence. Comment Macky Sall pouvait-il prendre conscience du patrimoine du Palais sans le travail documenté et chiffré du gouverneur dudit Palais ? Dans la même période un article signé Mamadou Sakhir Ndiaye (Pressafrik.com) révélait ceci : « 430 milliards de FCFA, c’est la somme envoyée dans des banques parisiennes et des pays du golfe par des ministres qui ont exercé dans le régime de Wade. La déclaration est faite par le forum civil qui réclame la réactivation de la loi sur l’enrichissement illicite. Encore un scandale financier ! Des ministres du régime défait le 25 mars dernier sont cités comme auteurs de fuite de capitaux vers l’étranger.

En effet plus de 400 milliards sont placés dans des banques à Paris avant d’être transférés dans les pays du golfe, nous révèle le coordonnateur adjoint du forum civil, Me Moussa Félix Sow qui cite des organismes s’occupant du blanchiment d’argent. L’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats qui affirme que des ministres du régime d’Abdoulaye Wade ont amassé énormément d’argent, plaide toutefois au micro de la RFM, pour une réactivation de la loi sur l’enrichissement illicite au Sénégal ». Il est à noter que Moussa Félix Sow auteur de ces révélations de Pressafrik sera plus tard un des avocats de l’État dans le dossier Karim Wade : la mal gouvernance est ici manifeste car l’auteur d’affirmations si péremptoires est payé pour demeurer dans l’incapacité notoire de nous dire dans quelles banques se trouvent ce pactole.

L’indignité et la cruauté avec lesquelles on a fait le procès de Wade et de son régime dépassent de loin celles dont les fauves font preuve vis-à-vis de leur proie. Il est facile aujourd’hui de crier avec les loups pour se faire passer pou un saint ou un apôtre du saint, alors que l’indécence et la violence verbale dans la scène politique sont pain béni de la classe politique et d’une presse très souvent pyromane et affabulatrice. Macky Sall a parlé de Abdoulaye Wade, à l’occasion d’une interview dans la presse étrangère, en des termes si familiers et si péjoratifs que même un lutteur n’utiliserait envers son adversaire, et c’est cet homme que l’on veut nous présenter comme un saint !

Pour conclure notre questionnement sur la prétention de Macky Sall d’incarner la bonne gouvernance, nous ne pouvons que rappeler cette sagesse de William Shakespeare « Il n’est pas de vice si simple qui n’affiche des dehors de vertu ».

Alassane K. KITANE, professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès.