Baba Diao introduit deux repris de justice au Palais
Il n’est pas besoin de parcourir les fiches des renseignements étatiques pour se faire une religion quant aux nouvelles fréquentations de Macky Sall. Il suffit juste d’effectuer des recherches sur la toile pour découvrir la «face hideuse pourtant visible» des partenaires assez particuliers du nouveau régime en place.
Dans l’affaire des déchets toxiques de PROBO KOALA ayant fait des dizaines de victimes en Côte d’Ivoire récemment relancée, le président de Trafigura est déclaré passible de poursuites aux Pays-Bas. Fichés par la quasi-totalité des organisations de promotion des droits humains, les dirigeants de Trafigura à qui la présidence de la République a dé- roulé le tapis rouge ont un parcourt tortueux.
Trafigura en question ?
La société Trafigura Beheer BV a son siège administratif à Amstelveen, dans la banlieue d’Amsterdam. Pourtant Trafigura Beheer BV, aux Pays-Bas n’est guère qu’une boîte postale. Le siège se trouve en réalité à Lucerne, en Suisse. C’est uniquement pour des raisons fiscales que l’entreprise mère est immatriculée aux Pays-Bas depuis sa création en 1993. Il a pour actionnaires principaux des sociétés basées à Jersey, à Malte et dans les Antilles néerlandaises.
Dégâts meurtrier en Côte D’Ivoire
En août 2006, Trafigura a affrété le Probo Koala qui transporta jusqu'en Côte d'Ivoire des déchets de type slop pour y être traités. Ils furent déversés dans diverses décharges autour d'Abidjan. Selon Trafigura, les déchets incriminés sont un mélange d'hydrocarbures, d'eau et de soude caustique résultant du nettoyage des cuves du navire (mélange appelé «Chemical slop»). La firme assure avoir communiqué aux autorités ivoiriennes la nature des déchets et dit s'être assurée au préalable de leur «élimination sûre». Les experts qui ont analysé les déchets ont indiqué qu'ils semblaient renfermer du sulfure d'hydrogène (H2S), un composé chimique qui peut être mortel à forte concentration. Cependant d'autres analyses faites par le laboratoire Saybolt, à la demande de Trafigura ont montré que la présence d'hydrogène sulfuré était en dessous de seuil de détection. De plus, la société Amsterdam Port Service (APS), où le Probo Koala avait séjourné, n'a jamais fait mention de cette substance. Les résidus chimiques du Probo Koala déversés à Abidjan en août 2006 étaient déjà dans les soutes lorsque le bateau a quitté Amsterdam, au début du mois de juillet 2006.
La société a refusé leur traitement à Amsterdam, jugé trop long et trop coûteux. Les services de l'environnement d'Amsterdam ont tenté de faire immobiliser le navire, mais se sont heurtés à l'administration nationale. Les services chargés de l'inspection des navires ont, en tout cas, laissé le tanker faire route vers l'Estonie, puis le Nigeria et la Côte d'Ivoire. À Abidjan, la société Puma Energy, filiale de Trafigura et spécialisée dans le stockage pétrolier, a pris contact avec la société Waibs. Cet agent maritime lui a conseillé de faire affaire avec la société Compagnie Tommy, agréée depuis le 12 juillet 2006. Compagnie Tommy récupéra les résidus chimiques et se chargea de l'épandage des produits dans une dizaine de décharges autour d'Abidjan.
Dès que la pollution a été connue, Claude Dauphin et Jean-Pierre Valentini ont décidé de se rendre à Abidjan pour porter assistance et aide au gouvernement ivoirien, afin de trouver les solutions adaptées pour procéder à la dépollution des sites. Le 16 septembre 2006, deux Français, Claude Dauphin et Jean-Pierre Valentini, ont été interpellés à l'aéroport Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan, en raison de leur appartenance la société Trafigura, qui a affrété le Probo Koala. Les deux hommes ont été remis à la police judiciaire ivoirienne, qui les a interrogés, puis mis à la disposition du procureur de la République. Ils ont été inculpés le 19 septembre 2006 pour infraction à la législation sur les déchets toxiques et empoisonnement et ont été placés en détention provisoire. En février 2007, Trafigura s'est engagé à verser cent milliards de francs CFA (152 millions d'euros) à l'État ivoirien, celui-ci lui garantissant en contrepartie l'abandon de toutes poursuites judiciaires. Trois de ses dirigeants, dont deux Français, incarcérés à Abidjan depuis septembre 2006, ont alors été libérés. Le procès s'est ouvert en septembre 2008 à Abidjan. Aucun salarié de Trafigura n'a été inquiété. Le 23 juillet 2010, Trafigura est condamné à 1 million d'euros d'amende par un tribunal d'Amsterdam.
Affaires de l'Essex et du programme pétrole contre nourriture
La justice néerlandaise enquête contre la société pour son implication dans le programme Pétrole contre nourriture des Nations unies, en Irak, présidée par Saddam Hussein. Elle aurait transporté plus de pétrole qu'autorisé entre 1996 et 2003. L'entreprise aurait versé des commissions aux anciens dirigeants irakiens ainsi qu'à Kojo Annan, le fils du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. Kojo Annan aurait reçu 247 000 euros de commis sions. Trafigura nie toute implication, affirmant qu'elle a participé à une fraude malgré elle et que l'ONU avait constaté qu'elle avait été abusée. L'affaire du pétrolier Essex est une fraude portant sur 500 000 barils de pétrole irakien, en 2001, associant le courtier Trafigura et la société Ibex Energy dirigée par Jean Paul Cayre. En contournement de l'embargo, Le pétrole avait été chargé en surplus («surlifting») à bord du supertanker Essex. L'Essex fut intercepté par les autorités américaines, aux larges des Antilles. Le 25 mai 2006, devant un tribunal d’Houston (Texas), Trafigura a plaidé coupable et reconnu avoir violé la loi fédérale américaine et l’embargo des Nations unies dans le cadre du programme Pétrole contre nourriture. Trafigura a accepté de payer deux fois 9,9 millions de dollars d’amende. La première tranche de cette somme correspond aux profits tirés de ces ventes frauduleuses et la seconde à des pénalités.
Installation et scandales en Afrique
Omniprésente sur le marché mondial du pétrole, Trafigura est très active en Afrique, où elle commercialise le pétrole de plu- sieurs pays tels que le Congo- Brazzaville, l’Angola et le Cameroun. Comme Glencore, dont beaucoup de ses membres sont issus, elle a développé le système des préfinancements pétroliers qui est à l'origine du surendettement et de la kleptocratie qui handicapent ces pays. Trafigura fait aussi face à des accusations en Afrique du Sud et au Congo-Brazzaville. Trafigura aurait mis en place des sociétés- écrans pour dissimuler des fraudes et des rachats de réserves pétrolières à des prix bradés. Trafigura est apparue lors de différentes procédures judiciaires à Londres et New York, dans le dossier baptisé «Affaire Kensington» ou «Affaire Gokana». Il s'agit de l'utilisation d'un ré- seau des sociétés-écrans utilisées par des dirigeants de la République du Congo pour vendre du pétrole sur les marchés internationaux, en échappant aux saisies de créanciers réclamant leur dû. (Voir Denis Gokana et Affaire Gokana). Trafigura dispose dans ce pays d’une filiale baptisée Puma-Congo, dont le nom rap- pelle étrangement Puma Energy, son correspondant en Côte d’Ivoire. Trafigura contrôlerait Puma-Congo à 50 %, les autres 50 % seraient détenus par de proches de Denis Sassou Nguesso, en particulier Bruno, neveu du président, et Antoinette, la sœur de l’épouse de ce chef d’État.Enfin, en 2000, Trafigura avait été impliquée dans le scandale des réserves pétrolières stratégiques de l’Afrique du Sud, que la compagnie avait pu racheter à prix «bradé» avec la complicité de décideurs locaux. L’affaire, qui se soldait par une perte de 30 millions de dollars pour les finances des contribuables sud-africains, s’est finalement réglée à l’amiable deux ans plus tard. Trafigura nie aussi les accusations relevées à son encontre en Afrique du Sud.
ABDOUL AZIZ SECK lesenegalais
Il n’est pas besoin de parcourir les fiches des renseignements étatiques pour se faire une religion quant aux nouvelles fréquentations de Macky Sall. Il suffit juste d’effectuer des recherches sur la toile pour découvrir la «face hideuse pourtant visible» des partenaires assez particuliers du nouveau régime en place.
Dans l’affaire des déchets toxiques de PROBO KOALA ayant fait des dizaines de victimes en Côte d’Ivoire récemment relancée, le président de Trafigura est déclaré passible de poursuites aux Pays-Bas. Fichés par la quasi-totalité des organisations de promotion des droits humains, les dirigeants de Trafigura à qui la présidence de la République a dé- roulé le tapis rouge ont un parcourt tortueux.
Trafigura en question ?
La société Trafigura Beheer BV a son siège administratif à Amstelveen, dans la banlieue d’Amsterdam. Pourtant Trafigura Beheer BV, aux Pays-Bas n’est guère qu’une boîte postale. Le siège se trouve en réalité à Lucerne, en Suisse. C’est uniquement pour des raisons fiscales que l’entreprise mère est immatriculée aux Pays-Bas depuis sa création en 1993. Il a pour actionnaires principaux des sociétés basées à Jersey, à Malte et dans les Antilles néerlandaises.
Dégâts meurtrier en Côte D’Ivoire
En août 2006, Trafigura a affrété le Probo Koala qui transporta jusqu'en Côte d'Ivoire des déchets de type slop pour y être traités. Ils furent déversés dans diverses décharges autour d'Abidjan. Selon Trafigura, les déchets incriminés sont un mélange d'hydrocarbures, d'eau et de soude caustique résultant du nettoyage des cuves du navire (mélange appelé «Chemical slop»). La firme assure avoir communiqué aux autorités ivoiriennes la nature des déchets et dit s'être assurée au préalable de leur «élimination sûre». Les experts qui ont analysé les déchets ont indiqué qu'ils semblaient renfermer du sulfure d'hydrogène (H2S), un composé chimique qui peut être mortel à forte concentration. Cependant d'autres analyses faites par le laboratoire Saybolt, à la demande de Trafigura ont montré que la présence d'hydrogène sulfuré était en dessous de seuil de détection. De plus, la société Amsterdam Port Service (APS), où le Probo Koala avait séjourné, n'a jamais fait mention de cette substance. Les résidus chimiques du Probo Koala déversés à Abidjan en août 2006 étaient déjà dans les soutes lorsque le bateau a quitté Amsterdam, au début du mois de juillet 2006.
La société a refusé leur traitement à Amsterdam, jugé trop long et trop coûteux. Les services de l'environnement d'Amsterdam ont tenté de faire immobiliser le navire, mais se sont heurtés à l'administration nationale. Les services chargés de l'inspection des navires ont, en tout cas, laissé le tanker faire route vers l'Estonie, puis le Nigeria et la Côte d'Ivoire. À Abidjan, la société Puma Energy, filiale de Trafigura et spécialisée dans le stockage pétrolier, a pris contact avec la société Waibs. Cet agent maritime lui a conseillé de faire affaire avec la société Compagnie Tommy, agréée depuis le 12 juillet 2006. Compagnie Tommy récupéra les résidus chimiques et se chargea de l'épandage des produits dans une dizaine de décharges autour d'Abidjan.
Dès que la pollution a été connue, Claude Dauphin et Jean-Pierre Valentini ont décidé de se rendre à Abidjan pour porter assistance et aide au gouvernement ivoirien, afin de trouver les solutions adaptées pour procéder à la dépollution des sites. Le 16 septembre 2006, deux Français, Claude Dauphin et Jean-Pierre Valentini, ont été interpellés à l'aéroport Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan, en raison de leur appartenance la société Trafigura, qui a affrété le Probo Koala. Les deux hommes ont été remis à la police judiciaire ivoirienne, qui les a interrogés, puis mis à la disposition du procureur de la République. Ils ont été inculpés le 19 septembre 2006 pour infraction à la législation sur les déchets toxiques et empoisonnement et ont été placés en détention provisoire. En février 2007, Trafigura s'est engagé à verser cent milliards de francs CFA (152 millions d'euros) à l'État ivoirien, celui-ci lui garantissant en contrepartie l'abandon de toutes poursuites judiciaires. Trois de ses dirigeants, dont deux Français, incarcérés à Abidjan depuis septembre 2006, ont alors été libérés. Le procès s'est ouvert en septembre 2008 à Abidjan. Aucun salarié de Trafigura n'a été inquiété. Le 23 juillet 2010, Trafigura est condamné à 1 million d'euros d'amende par un tribunal d'Amsterdam.
Affaires de l'Essex et du programme pétrole contre nourriture
La justice néerlandaise enquête contre la société pour son implication dans le programme Pétrole contre nourriture des Nations unies, en Irak, présidée par Saddam Hussein. Elle aurait transporté plus de pétrole qu'autorisé entre 1996 et 2003. L'entreprise aurait versé des commissions aux anciens dirigeants irakiens ainsi qu'à Kojo Annan, le fils du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. Kojo Annan aurait reçu 247 000 euros de commis sions. Trafigura nie toute implication, affirmant qu'elle a participé à une fraude malgré elle et que l'ONU avait constaté qu'elle avait été abusée. L'affaire du pétrolier Essex est une fraude portant sur 500 000 barils de pétrole irakien, en 2001, associant le courtier Trafigura et la société Ibex Energy dirigée par Jean Paul Cayre. En contournement de l'embargo, Le pétrole avait été chargé en surplus («surlifting») à bord du supertanker Essex. L'Essex fut intercepté par les autorités américaines, aux larges des Antilles. Le 25 mai 2006, devant un tribunal d’Houston (Texas), Trafigura a plaidé coupable et reconnu avoir violé la loi fédérale américaine et l’embargo des Nations unies dans le cadre du programme Pétrole contre nourriture. Trafigura a accepté de payer deux fois 9,9 millions de dollars d’amende. La première tranche de cette somme correspond aux profits tirés de ces ventes frauduleuses et la seconde à des pénalités.
Installation et scandales en Afrique
Omniprésente sur le marché mondial du pétrole, Trafigura est très active en Afrique, où elle commercialise le pétrole de plu- sieurs pays tels que le Congo- Brazzaville, l’Angola et le Cameroun. Comme Glencore, dont beaucoup de ses membres sont issus, elle a développé le système des préfinancements pétroliers qui est à l'origine du surendettement et de la kleptocratie qui handicapent ces pays. Trafigura fait aussi face à des accusations en Afrique du Sud et au Congo-Brazzaville. Trafigura aurait mis en place des sociétés- écrans pour dissimuler des fraudes et des rachats de réserves pétrolières à des prix bradés. Trafigura est apparue lors de différentes procédures judiciaires à Londres et New York, dans le dossier baptisé «Affaire Kensington» ou «Affaire Gokana». Il s'agit de l'utilisation d'un ré- seau des sociétés-écrans utilisées par des dirigeants de la République du Congo pour vendre du pétrole sur les marchés internationaux, en échappant aux saisies de créanciers réclamant leur dû. (Voir Denis Gokana et Affaire Gokana). Trafigura dispose dans ce pays d’une filiale baptisée Puma-Congo, dont le nom rap- pelle étrangement Puma Energy, son correspondant en Côte d’Ivoire. Trafigura contrôlerait Puma-Congo à 50 %, les autres 50 % seraient détenus par de proches de Denis Sassou Nguesso, en particulier Bruno, neveu du président, et Antoinette, la sœur de l’épouse de ce chef d’État.Enfin, en 2000, Trafigura avait été impliquée dans le scandale des réserves pétrolières stratégiques de l’Afrique du Sud, que la compagnie avait pu racheter à prix «bradé» avec la complicité de décideurs locaux. L’affaire, qui se soldait par une perte de 30 millions de dollars pour les finances des contribuables sud-africains, s’est finalement réglée à l’amiable deux ans plus tard. Trafigura nie aussi les accusations relevées à son encontre en Afrique du Sud.
ABDOUL AZIZ SECK lesenegalais