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Mboro s’étouffe et étouffe


Rédigé par leral.net le Mercredi 26 Août 2015 à 09:40 | | 0 commentaire(s)|

Mboro s’étouffe et étouffe
« Comment appliquer une gouvernance vertueuse du territoire, mettre fin aux disparités territoriales qui exacerbent les frustrations et accentuent les revendications et les conflits? Comment mettre fin aux injustices sociales, assurer les bases du développement durable, transformer les villes en levier de développement et restructurer les banlieues ? ». C’est par cette double interrogation que commence l’analyse sur l’acte III de la décentralisation.

Pourtant, comme la grande région des Niayes, la jeune commune de Mboro s’étouffe, étouffe et ne se développe pas. Erigée en commune par le décret 2002/173 du 21 février 2002, elle s’est vue délestée de Darou Khoudoss localité avec laquelle elle formait l’ancienne communauté rurale. Dès lors, son périmètre s’est réduit de façon drastique ; il ne représente présentement que 3,1 kilomètres carrés soit 0,047% du total. D’ailleurs, à ces 3,1 kilomètres carrés il faut soustraire le domaine privé des industries chimiques du Sénégal. En raison de son attractivité liée aux nombreuses activités qui s’y mènent (maraichage-pêche-artisanat-tourisme-mines-industrie-commerce), Mboro a une croissance urbaine très élevée. En effet, avec 8,34%, elle se classe en tête de peloton à l’échelle nationale.

Sous ce rapport, la réserve foncière communale s’est épuisée depuis belle lurette handicapant sérieusement les perspectives de développement infrastructurel de la jeune commune. Face à la poussée urbaine et démographique galopante, il n’y a quasiment plus de réserves pour les projets de construction de certains services publics tels que la gendarmerie, la police, les sapeurs-pompiers, la gare routière etc…D’ailleurs le projet de construction d’un hôpital de référence comme l’installation d’une agence EXPRESSO n’ont pu se concrétiser faute d’espace.

En outre, ceinturée par les ICS et Darou à l’est, limitée au nord et au sud par les domaines maraichers, la jeune commune de Mboro peine à sortir la tête de l’eau.

De même, la forte croissance urbaine avec comme corollaire une impressionnante quantité d’ordures ménagères combinée aux ordures industrielles indispose les autorités et les populations de cette commune dépourvue de déversoir et de système de canalisation.

Dans l’argumentaire de l’Acte III de la décentralisation, on peut lire :
« Le moment est venu d’opérer une avancée qualitative, de repenser le système territorial du Sénégal dans une perspective de clarification, de rationalisation et de simplification capable de faire émerger des territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable. »

Cela est d’autant plus pertinent que la commune de Mboro est une localité à multiples vocations : pêche maritime-tourisme-maraichage-mine-industrie. C’est dire que la clarification et la rationalisation aux quelle le texte fait allusion renvoient sans ambages à la réaffectation de la partie littorale à la commune de Mboro. Une telle décision aurait le mérite de permettre à la commune de Mboro de humer l’air maritime ; ce faisant, de s’épanouir, de se développer mais surtout de supporter les projets structurants de l’Etat dans le cadre du PSE.

Réaffecter la partie littorale à Mboro permettrait aux entreprises installées dans la zone de disposer d’un débouché maritime et par ricochet transporter éventuellement leurs productions par voie maritime. Ce qui d’ailleurs constituerait une soupape de sûreté pour toutes les populations des niayes.

Réaffecter la partie littorale à Mboro permettrait aussi de donner un coup de fouet aux secteurs de la pêche, du tourisme qui se meurent afin de mieux juguler le taux de chômage dans la zone.

Réaffecter la partie littorale à Mboro permettrait aux autorités municipales de moins ressentir la forte pression foncière dans une commune qui s’étouffe, étouffe et ne se développe pas.

Enfin, réaffecter la partie littorale à Mboro cadre mieux avec l’esprit de l’Acte III de la Décentralisation qui stipule :

« La communalisation intégrale ou transformation des communautés rurales en communes devra donner lieu à un important travail d’ajustement des périmètres. »


Cheikh Ahmed Tidiane SALL

Professeur au Lycée Taïba ICS de Mboro