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Meurtre de Bitèye K. Ndiaye : Retour sur le film de l'horreur

Rédigé par leral.net le Vendredi 3 Juillet 2015 à 13:29 | | 0 commentaire(s)|

La nouvelle de l'arrestation à Nouackchott du caïd Pape Mor Djité a été relayée dans la presse écrite et en ligne du 24 juin 2015 ; cette arrestation miraculeuse est venue mettre du baume au cœur de tout citoyen épris de justice et, particulièrement, de celui de la famille de la victime Bitèye Ndiaye, âgé de 62 ans, retraité de la Sociéte Nationale de Recouvrement (SNR) et concessionnaire de voitures de luxe à la cité Keur Damel, en face du Complexe Yengoulène, à Nord Foire.


Meurtre de Bitèye K. Ndiaye : Retour sur le film de l'horreur
Rappelons nous de ce crime odieux qui, en mai 2011, avait défrayé la chronique et suscité beaucoup de réactions dans l’opinion publique sénégalaise dont la plus en vue était le rétablissement de la peine de mort au Sénégal tant le crime était crapuleux.

Ce matin du 9 mai 2011, Pape Mor Djité, le présumé meurtrier, et ses complices ont attiré l’homme d’affaires dans un piège, l’ont kidnappé et ensuite l'ont roué de coups de barres de fer avant de l’achever en l’étranglant avec sa propre cravate. Puis, ils ont mis le corps dans un sac de riz et l'ont emballé avec du scotch. En complicité avec un chauffeur de taxi interurbain du nom de Maguèye Guèye, ils ont transporté le corps jusqu'à Thiès et l’ont caché sous un pont sur la voie de contournement à proximité de l’Ecole Polytechnique. Il aura fallu quatre longues journées de recherches, d'angoisse et de suspens pour que le corps sans vie de Bitèye Ndiaye soit finalement découvert dans un état de décomposition très avancée.

Malgré la gravité de cet acte criminel d'une rare violence, avec actes de barbarie, Pape Mor Djité a réussi à s'évader de prison en juin 2014, dans des circonstances où tout porte à croire qu'il aurait bénéficié de complicités. En effet, la nouvelle de l'évasion de Pape Mor Djité a conforté la famille dans son sentiment qu’il y a des commanditaires suspects qui font partie du complot et qui courent toujours. De surcroît, l’incompréhension de la famille réside surtout dans le fait que, malgré son insistance, aucune piste menant à ces individus n’a jamais été sérieusement exploitée au cours de l’instruction de cette affaire. Aujourd’hui encore, cette évasion spectaculaire du suspect montre à suffisance que certaines personnes n’ont pas intérêt à ce que ce dossier livre tous ses secrets et font tout pour brouiller les pistes afin d’échapper à la justice. Pour ce faire, la suite logique était donc d’extirper des geôles de Reubeuss le principal suspect Pape Mor Djité qui était capable de livrer des informations sur ses complices ; ce qui semble justifier l’organisation de cette évasion,

Il y a lieu de se demander comment un prisonnier aussi dangereux et auteur d’un crime aussi grave passible d'une lourde peine de condamnation a pu échapper à la vigilance du garde pénitencier au cours de sa visite médicale à l’hôpital Le Dantec ? Comment se fait-il qu'il soit accompagné d’un seul garde pénitencier, pour sa surveillance, sans aucun dispositif sécuritaire approprié ?

La famille de la victime a toujours eu le sentiment que Pape Mor Djité, un des éléments du puzzle, bénéficie du support matériel et logistique d’une bande de complices et commanditaires actifs dans le milieu de la drogue qui font tout pour lui épargner les foudres de la justice en facilitant son évasion.

Lorsque Pape Mor Djité a été entendu la première fois, il avait avoué avoir agi de connivence avec un certain El Hadj Mar et El Hadji Malick Guèye pour voler la voiture, de marque Porsche Cayenne, appartenant à la victime pour la conduire ensuite en Guinée Bissau pour y rencontrer un commandant de la police locale et échanger le véhicule contre 5 kilos de cocaïne qu’il devait ensuite ramener à Dakar. Il avait aussi avoué que ses complices avaient déjà avancé une somme de 5 millions de francs Cfa pour l’achat des cinq kilos de cocaïne et qu’il fallait coûte que coûte livrer le véhicule afin que les commanditaires, complices du vol du véhicule, ne perdent leur avance.

Quelques jours plus tard, Pape Mor Djité reviendra sur tout ce qu’il avait dit dans sa première audition pour finalement avouer qu’il avait agi tout seul et que, sous l’emprise de la peur face aux limiers de la DIC, il n’avait avancé cette thèse que pour se protéger. Ce que la famille juge inexact pour beaucoup de raisons dont la principale est que les personnes dont les noms ont été cités par Pape Mor Djité existent bel et bien et il est établi qu'ils avaient eu des connexions réelles par voie téléphonique.

Lors de son audition à l’enquête préliminaire, Pape Mor Djité avait fait des aveux circonstanciés au sujet du nommé El Hadj Malick Guèye qu’il avait accusé d’être l’instigateur des actes qu’il avait posés et qui avaient conduit à la mort de feu Bitèye Kounta Ndiaye.

Pape Mor Djité avait même révélé les circonstances dans lesquelles il avait connu El Hadj Malick Guèye. S’agissant des faits à proprement parler, il avait déclaré que c’est quelques jours avant les faits que El Hadj Malick Guèye l’avait appelé pour lui dire qu’il était à la recherche d’un véhicule de marque Porsche Cayenne et qu’il devait s’arranger pour le lui trouver et l’amener en Guinée Bissau en échange de 5 kilos de cocaïne. Pape Mor Djité à précisé, en outre, qu’il correspondait avec El Hadj Malick Guèye par mail ou Skype puisque ce dernier changeait régulièrement de numéro de téléphone. Ils se connaissaient bel et bien et avaient eu des relations d’affaires dans le milieu de la vente de véhicules.

Après le vol, la carte grise du véhicule de la victime a été changée en un laps de temps et lorsque Pape Mor Djité a été interpellé par les officiers de la police judiciaire, il avait déclaré que la carte grise falsifiée lui avait été remise par El Hadji Mar, ce qui conforte la thèse que El. Hadj Mar était aussi bien dans le coup.

Il est important de noter que El Hadj Mar connaissait bien la victime ; pour preuve, avant le meurtre, il est venu personnellement rencontrer Bitèye K. Ndiaye á son parking, prétendument pour marchander le véhicule. Finalement, ne l’ayant pas acheté, il a proposé à la victime de le montrer à un de ses amis, un certain Bakar Diagne, à Thiès, qui le voulait pour son épouse. En cours de route il a proposé à Bitèye Ndiaye de passer prendre un mécanicien, ce que la victime a refusé. Sans doute avait-il déjà un plan.

Mais, ce qui est toujours troublant pour la famille, c’est qu’il semble y avoir également, quelque part, un manque de volonté pour éclaircir cette affaire puisqu'elle révèle que, pour un crime aussi odieux, la reconstitution des faits, base de toute enquête, n’a même pas été faite, que certaines actions ont été prises avec beaucoup de retard et que beaucoup de pistes pour retrouver les commanditaires ont semblé être tout simplement ignorées.

En conclusion, la famille de la victime demande tout simplement que toutes les investigations et enquêtes soient menées pour mettre la main sur les éventuels complices de Pape Mor Djité.

Compte tenu de son état de récidiviste, la famille lance un appel aux autorités compétentes, en l'occurrence l'administration pénitentiaire, pour une plus grande rigueur sur les conditions d'incarcération de ce prisonnier dangereux. C'est important si on ne veut pas que le scénario de son évasion se répète.

Par ailleurs, il est aussi important de noter que le fait qu'il ait été arrêté en Mauritanie pourrait ne pas relever d'un simple hasard vu que Pape Mor Djité avait déjà, dans ses déclarations, relaté l'épisode de la Mauritanie dans une affaire de faux billets de banque dans laquelle il était impliqué.

D. Ndiaye