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Mimi, vous permettez ?


Rédigé par leral.net le Lundi 10 Août 2015 à 09:31 | | 0 commentaire(s)|

MIMI, j’ai beaucoup d’admiration pour vous. Vous êtes arrivée des USA et on vous a découverte. Femme de pouvoir, femme de poigne, femme d’engagement. Dès le premier gouvernement de l’ère MACKY vous vous êtes lancée dans la traque des biens prétendument mal acquis. Et rapidement, vos commandos ont particulièrement ciblé KARIM ; la suite, on la connait. MADIAMBAL a d’ailleurs pondu un article admirablement explicite sur votre collaboration avec MACKY.
Vous l’aviez pris de vitesse, une fois, en arrachant presque par surprise le poste de premier ministre, après la cabale orchestrée contre M. MBAYE. Votre présence aussi éphémère qu’anecdotique à la Primature renseigne à suffisance sur la rapide dégénérescence de vos relations avec votre patron.

Vous en fûtes délogée, et chacun a écrasé une larme avec vous, ému par votre disgrâce aussi brutale qu’attendue.
Bref, je ne vous adresse pas cette présente pour vous rappeler ces moments tristes. Je vous l’adresse plutôt pour vous dire, vous qui vous plaignez du caractère impétueux de nos jeunes étudiants et qui rappelez que personne n’oserait caillasser les véhicules de HOLLANDE ou d’OBAMA, qu’un adage ouolof bien de chez nous dit clairement que doomou diambour kouko yake da ngako diouroul.

Vous, comme MACKY que vous défendez, aucun de vos enfants n’a étudié à l’UCAD ou dans une autre université de notre pays. Vous n’y pensez même pas. Votre fille a été diplômée aux USA tandis que le fils MACKY vient d’y étrenner un diplôme que son père est allé recevoir avec lui. Il y étudie en effet, flanqué d’une horde de gardes du corps qui veillent sur lui.

Pour rien au monde vous autant que tous vos semblables n’aurez aucune confiance en notre système éducatif. Contrairement à SENGHOR, dont le fils fréquentait l’Université en compagnie de ses amis, sans garde du corps et autres artifices sécuritaires du même acabit.

Les étudiants en ont marre de subir une situation qu’ils n’ont pas voulue, et dans laquelle ils se sentent pris au piège. Vous avez été élus justement pour y remédier, car, dans tous les pays de la planète, tout le monde sait bien qu’il n’y a aucune université qui garantisse la bourse ou l’aide ou l’hébergement à tous ses étudiants. Cela est impossible. Et votre courage politique aurait été de réformer ce système et d’assainir les comptes de nos universités, plus confrontées à un vrai problème de gestion rationnelle des ressources mises à leur disposition qu’à une insuffisance de moyens financiers.

Au contraire, vous avez exacerbé la tension latente au sein même de vos structures de jeunes, et une bataille de jeunes impétueux entre camps opposés a dégénéré lorsqu’ils se sont attaqués à d’autres jeunes tout aussi déterminés. La victime collatérale, je l’ai dit ailleurs, n’a qu’à s’en prendre à lui-même.

Je vous rappelle que BUSH Président a essuyé un lancer de chaussure qui le visait directement. Et pourtant c’est l’homme le plus protégé du monde. Vu la levée de boucliers soulevée par les jets de pierres de nos étudiants, si MACKY avait été visé dans un espace aussi confiné par une chaussure, son auteur en serait certainement mort, la hiérarchie policière limogée, et le PDS et REWMI accusés de coups d’Etat manqué ou pire de tentative d’assassinat.

En adoptant la ligne dure contre ces étudiants, en décidant de les punir durement pour en faire des martyrs ou des exemples selon le camp où on se situe, MIMI, vous êtes en train de donner un avertissement clair à toutes les forces vives qui seraient tentées ultérieurement de les imiter.

C’est le peuple sénégalais en entier qui est le destinataire de ce flots de condamnations commandité contre le caillassage de MACKY que vous aviez d’abord qualifié de détail insignifiant au vu du sucés de sa promenade à l’Université.

Mais vous avez mesuré qu’un tabou venait d’être brisé. En plus des huées, pour la première fois en effet, un Président en exercice a été visé par des jets de pierres.

Le mal est fait. Le rubicond est franchi. Et je puis vous assurer ma chère MIMI que c’est le premier acte qui vient d’être joué; il y en aura bien d’autres en effet.

On ne peut pas diriger un pays, en se moquant éperdument des complaintes de la population. L’emprisonnement à tout va est en train progressivement de tuer le mythe de la prison qui avait un caractère dissuasif. La répression au quotidien et les intimidations commanditées exacerbent également le sentiment de colère de nos concitoyens contre les forces de sécurité, et notre système judiciaire.

Vous vous êtes émue ma chère MIMI de tout ce qui s’est passé à l’UCAD ; je vous rappellerai simplement, à vous ainsi qu’à tous les souteneurs et autres courtisans de la cour de MACKY qui ont embouché comme vous la trompette de la colère vengeresse, que «lorsque l’émotion (…) prétend remplacer la raison et l’humanisme, elle sombre dans des passions archaïques de dépendance à l’égard de tyrans soi-disant providentiels ».

Dorénavant, tout le monde mesure chaque jour combien MACKY n’est intéressé que par le pouvoir ; son attachement à son fauteuil grossit chaque jour au même rythme que son embonpoint, et aujourd’hui, il ne fait plus aucun doute désormais qu’il a choisi la logique de la confrontation en lieu et place du dialogue constructif.

Le SENEGAL ne mérite pas cela. Mais puisque MACKY est entouré de personnes aussi incompétentes que vindicatives qui le mènent au suicide collectif pour reprendre MADIAMBAL, vous pouvez être assurée que l’acte des étudiants fera rapidement tache d’huile.

Vous serez coupables de ce qui arrivera à MACKY et au SENEGAL, car l’homme étant un animal social, les citoyens sénégalais, la jeunesse en premier, répondront à l’indifférence de la manière qu’ils jugent la plus appropriée pour attirer l’attention sur eux. Car vous ne pouvez pas continuez d’exiger de vos concitoyens un respect que vous ne leur donnez pas, alors que le respect est réciproque.

Vous faites si peu cas du respect d’ailleurs que vous ne vous respectez même pas, entre vous. Comme le dit Claude BILLET « une équipe faite d’individus qui ne se respectent pas a tendance à développer une dépendance névrotique vis-à-vis de son chef dont elle attend tout, sans autonomie ni esprit critique ».

C’est cela qui est grave. Au lieu de vous remettre en cause et d’analyser sereinement quelles sont les causes de cet événement et quelles actions envisager pour qu’il ne se reproduise plus, vous optez pour la fuite en avant, et déterminez dans la foulée les coupables, vrais ou imaginaires.

MAME M. NIANG a dit dans un éclair de lucidité que l’on pouvait être coupable et non responsable ; il est vrai aussi qu’il n’y a pas de fumée sans feu.

Vous faites partie, MIMI, à tort ou à raison de ceux à qui on prête de l’influence et une poigne de fer tellement vous seriez ferrée à glace sur les principes,

Il est temps de le démontrer, et tout le monde saura que vous êtes une femme d’Etat et non pas une égérie de la trempe de cette dame vieillissante qui n’aura rien fait ni pour sa ville ni pour son pays ni enfin pour elle-même.
Ce sont les mêmes problèmes qui persistent et la même situation qui perdure MIMI, depuis que MACKY a été élu.

Hier samedi, le Ministre Moustapha DIOP faisait danser les dames à Saint Louis en leur promettant des financements, ceux de la Jeunesse et de l’Energie faisaient danser les jeunes à Thiès, en leur promettant de formidables opportunités d’emploi. C’est comme cela depuis que vous êtes là, MIMI : c’est le « je danse donc que je suis, je parais donc j’existe ». Ce culte du paraitre est si exacerbé chez vous qu’un petit ministre a étalé sa vie privée dans les média, après avoir épousé sa belle de nuit préférée.

Vous êtes responsable, MIMI. Car nulle part nous n’avons lu votre réprobation solennelle comme nous avons découvert votre post destiné à casser de l’étudiant, et répondre par la violence verbale à un geste gravissime qu’il eût mieux valu pour vous analyser à tête froide et lui apporter un remède pérenne.

Claude Billet disait par ailleurs que « le mépris, la pitié, le dégoût et la honte font aussi partie de ce cortège malicieux des sentiments négatifs que les manipulateurs cherchent à exciter chez leurs victimes ».

Vous connaissez les manipulateurs certainement. Désormais, les étudiants comme les Sénégalais ont décidé de leur rendre coup pour coup et non plus de subir en victimes stoïques l’incurie de ce régime en place, et des sous fifres qui doivent régler leurs problèmes cruciaux.

Ne vous trompez pas d’adversaires alors, si vous voulez vraiment faire la paix avec les Sénégalais. Commencez donc par balayer à votre porte, MIMI. Vous seriez étonnée du résultat.

Cissé Kane NDAO
Président de l’A.DE.R