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Jeudi 7 Septembre 2017

Mobutu, la nourrice de ses enfants se confie


Cela va faire vingt ans que le maréchal Mobutu a disparu. Celui qui a régné pendant plus de trente ans sur l’ex-Zaïre, est souvent présenté comme un homme qui ne faisait aucune concession.



La RDC célèbrera discrètement ce jeudi le 20e anniversaire de la mort de celui qui a dirigé le pays durant 32 ans d'une main de fer, le maréchal Mobutu Sese Seko, considéré aujourd'hui, comme le principal responsable de la crise morale qui sévit toujours dans l'ex-Zaïre.

A cette occasion, notre correspondant à Kinshasa a été à la rencontre de l'une des personnes qui ont connu l'homme plutôt que le politicien. Ayo Kayitani a été la nourrice des enfants Mobutu issus du premier lit du maréchal. Elle a habité la résidence présidentielle.

"Lorsque je suis arrivée au Palais présidentiel, le couple avait déjà six enfants…Niwa, Malu, Manda, Konga, Diako, Djamba… les autres (aînés) vivaient déjà en Europe, j'ai élevé 3 enfants, sa fille Françoise Diako, Djamba et le cadet Kongulu alias Saddam qui est né sous mes yeux…"

Ayo Kaitani a aujourd'hui 65 ans ! A 15 ans, elle a été embauchée et est allée vivre dans le Palais présidentiel du Mont Ngaliema. Le président dictateur l'avait repérée un jour lors d'une visite dans sa belle-famille, alors que Ayo, encore adolescente, habitait dans la même avenue que sa première épouse, "Maman " Marie-Antoinette Mobutu.

" Un jour (en 1966), il (Mobutu) me trouva en train de balayer la cour de sa belle-mère qui était la marraine de mon baptême. Il m'a regardée et puis a demandé à sa belle-mère d'où je venais ? Il a dit : lorsque mon épouse viendra ici, elle repartira avec elle…Tout a commencé par-là", déclare la nourrice.

En privé aussi, l'homme qui avait régné sans partage sur le Congo, après s'être emparé du pouvoir lors d'un coup d'Etat militaire, le 24 novembre 1965, était colérique. Et un mari jaloux.

"Il battait sa femme pendant ses crises de jalousie… un soir, on était tous au salon… il est parti au lit le premier, son épouse et moi sommes restées pour regarder un film. Après nous nous sommes séparées, nos chambres étaient en face l'une de l'autre) après quelques temps son épouse commençait à crier dans la chambre, j'ai entendu beaucoup de bruits. Je me suis inquiétée.

Le lendemain après son départ au travail, je suis vite allée dans sa chambre et j'ai trouvé son épouse le visage tuméfié. Je me suis mise à pleurer … Je suis allée chercher quelques feuilles d'herbes vertes et de l'huile de palme et je l'ai massée
", se souvient Ayo.

Que faisait souvent Mobutu, une fois à la maison après le travail ?

"Lorsqu'il revenait du travail…il entrait au salon, il enlevait sa toque qu'il plaçait sur un tabouret juste derrière la porte…..Au salon il aimait beaucoup regarder la télé, et lire les journaux. On plaçait toujours des journaux à ses côtés. Il regardait ses propres activités de la journée au journal télévisé ", confie la nourrice.

Côté cuisine, Mobutu aimait le gibier, le mouton, le pondu (la feuille de manioc), mais n'appréciait pas le poulet surgelé importé. Et Ayo ajoute : "Il ne mangeait pas beaucoup pour éviter de grossir ".

En tout cas, l'ancienne nourrice affirme qu'elle n'a jamais vu le maréchal tomber malade, « même pas une petite fièvre ».

"Un jour j'avais trouvé quelque chose de bizarre sous forme d'un miroir sous son oreiller, j'ai appelé son épouse qui l'a déplacé mais sans me dire de quoi il s'agissait…Mobutu et son épouse n'allaient pas à l'église, Même les dimanches, on restait toujours à la maison et ils ne priaient même pas au palais".

Vingt ans après, la dépouille du maréchal repose pour sa part toujours à Rabat, dans le carré chrétien du cimetière de la capitale marocaine.


 

Auteur: Saleh Mwanamilongo