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Modibo Diop : "Il faut déplacer les Législatives en 2019 pour harmoniser l'agenda électoral..."

Sa reconversion dans le secteur privé fait de Modibo Diop, ancien DG ASER, qu’il fait des apparitions plutôt professionnelles que politiques dans les médias. Mais accroché un jour de repos chez lui à Colobane, Modibo Diop laisse sa pensée libre et se prononce sur l’actualité de ce moment. Le dialogue national, la libération de Karim Wade, les prochaines élections législatives, rien n’est laissé au hasard par cet Ingénieur Polytechnicien devenu un Consultant International dans les Infrastructures, l'Energie et l'Eau dans l’espace Uemoa. Modibo Diop à cœur ouvert.


Rédigé par leral.net le Mercredi 8 Juin 2016 à 15:50 | | 0 commentaire(s)|

Le report des élections est agité ? Quelle appréciation en faîtes-vous ?

Je suis d’accord qu’il faut reporter les élections jusqu’en 2019. Et pourquoi je le dis ? Depuis le référendum, nous avons une nouvelle constitution qui donne un quinquennat au Président de la République , dans l’ancienne constitution, il y avait un mandat de 5 ans pour les députés et les maires. Si on n’harmonise pas le calendrier républicain, nous allons passer notre temps à faire des élections et c’est dangereux pour l'économie. Regardez, depuis 4 ans que Macky est au pouvoir, il n’y a eu plus que 4 élections. Me Wade, en 12 ans, a organisé 10 élections. Dans un pays pauvre, une telle chose nous retarde. Allez aux Etats-Unis, le mandat est de 4 ans renouvelable une fois. On ouvre les primaires en février, une chose qui concerne spécifiquement les partis. Le 8 novembre, c’est les élections présidentielles et ça se passe un mardi c’est-à-dire en jour ouvrable. 2 mois après, le président est installé et il n’y a plus d’élections jusqu’à prochain mandat Pour pouvoir régler ces problèmes politiques et harmoniser le calendrier électoral, il faut reculer les législatives jusqu’en 2019, les coupler avec les présidentielles de telle sorte que quand on aura fini, entre le mois de février et de juillet on aura fait toutes les élections : présidentielle, législative, municipale. Ainsi, tous les élus seront installés avant le mois de juillet 2019 et le pays se mettra au travail pendant le quinquennat. Le pays ne va plus perdre son temps dans le chantage et les enchères politiques habituelles organisées par des politiciens au chômage et sans métier (rires).

Le dialogue national a été lancé, des débuts d’apaisement social ?

C’est une très bonne chose. Le Président Macky est très généreux car c’est la première fois qu’on voit dans un pays où les institutions sont stables qu’on appelle au dialogue. Vous savez, un dialogue est toujours convoqué en période de crise, comme les conférences nationales dans d’autres pays. La justice marche, l’administration centrale aussi, et donc pour certains on ne doit pas dialoguer alors que c’est l’occasion de le faire. La rencontre qui a eu lieu le 28 dernier l’a montré. La classe politique et religieuse est venue et chacune a donné son point de vue sur la marche du pays. Et ceci est un facteur important de pacification sociale. Il faut féliciter le président Sall qui a accepté de l’organiser avec autant de générosité, sachant qu’il n’y était pas obligé mais aussi il faut féliciter tous ceux qui ont participé, notamment le Pds. Parce que j’ai toujours soutenu qu’il faut que la famille libérale se retrouve après les erreurs stratégiques qui lui ont fait perdre le pouvoir. Regardez comment sont partis Macky, Idy, moi-même et les tous les autres ? Mais les libéraux ont compris maintenant qu'après le départ de Wade qu’un libéral comme Macky lui succède est une chance inouïe pour eux. Donc il est important de voir, dans le cadre de ce dialogue, comment les libéraux vont soutenir Macky en 2019 pour son deuxième mandat.

Et que répondez-vous à ceux qui parlent de deal entre Wade et Macky ?

Non... non… non... ! Ce n’est pas un deal ! Pour qui connaît Macky Sall il est trop loin des deals c'est pas son tempérament (rires) ! C'est un homme de rupture qui est en train de refonder les valeurs au Sénégal. Moi j’ai toujours dit que malgré les problèmes que j’ai eu au PDS, qu'il est temps que Karim soit libéré. J’ai même dit que je vais voir Karim en prison. Je pense que Karim pourrait être libéré sous peu, le Président l'a confirmé. C’est la loi qui donne au Président cette prérogative. Karim condamné à 6 ans a purgé la moitié de sa peine, donc il est en droit d’être libéré. Maintenant, c’est les formes qu’il faut mettre et c’est le Président qui les détient. Cela peut une grâce présidentielle, une loi d’amnistie ou une liberté conditionnelle, mais il faut laisser la discrétion au Président pour la forme qui lui parait judicieuse pour libérer son jeune frère. Tout le monde applaudirait car Karim à duré à Rebeuss.

Macky est-il dans cette dynamique ?

Apparemment oui. Il ne faut oublier que l’APR est membre de l’internationale libérale. On ne doit cependant pas oublier aussi que Benno est le socle qui a élu Macky. Le Président doit continuer à consolider sa coalition et c’est par devoir et par reconnaissance. Maintenant, il faut que le Pds soit d’accord de venir soutenir Macky dans le cadre de Benno Bokk Yakaar ou une autre coalition pour les élections de 2019. Mais Benno est le socle électoral naturel de Macky Sall il n'est pas question de le casser mais plutôt de le renforcer. L’APR est encore un jeune parti, il a besoin de ressources humaines de qualité pour renforcer ses bases c'est la vision de son directoire. Moi, je dis toujours que Macky Sall, c’est son étoile qui l’a mis Président de la République. Et c’est son étoile qui va lui donner un second mandat. Quand je le dis, les gens m’attaquent mais vous allez voir. Il a tellement bien travaillé depuis 4 ans qu’aujourd’hui, les résultats sont en train de sortir de terre. Il a de bons résultats économiques, un taux de croissance de plus de 6%, l’inflation maitrisée etc., il y a eu beaucoup d’avancées économiques et sociales. Et c’est ça qui va lui donner un second mandat. Il ne faut pas se tromper, il n’aura pas de candidat sérieux en face de lui en 2019 c'est la réalité. Certains disent que l’argent ne circule pas, mais ça c’est une perception et elle est subjective. En économie, c’est les chiffres et les agrégats qui comptent mais pas de perception. Et entre la perception subjective et la réalité, l’économiste gère la réalité : c'est l'expert qui vous parle et non l'homme politique. Le PSE est là pour le prouver : C’est un excellent programme. Je viens d’un forum sur la finance islamique. On a essayé de voir comment on peut aider le PSE avec la Finance islamique. Mais retenez que le PSE est un bon programme qui va sortir le pays du sous- développement. Il dépasse même le mandat du président de la république. En 2035 ce ne sera certainement Macky Sall Président du Sénégal. Moi-même j’ai proposé au Conseil Economique Social et Environnemental que le PSE doit être encadré par une loi-plan. De telle sorte que même si Macky part en 2024, personne ne pourrait plus changer la nomenclature du PSE. En tout cas tout le monde est d’accord là-dessus. C’est en effet un excellent programme économique qui fait partie des meilleurs en Afrique et si nous réussissons sa bonne mise en œuvre, le pays serait émergent avant 2035 et c'est en l'honneur du Président Macky Sall.

Vous venez d’assister à un forum sur la finance Islamique. Y a –t-il un rapport entre la Finance islamique et le Pse ?


Avec l’argent qu’on va trouver dans la finance islamique, beaucoup de projets du PSE pourront être financés par des partenaires arabes grâce au système qu’on appelle la ‘’moudaréba’’ et les "soukouk". C’est en effet un prêt qu’on donne aux entreprises privées et publiques pour le financement des projets en partenariat public et privé. Vous pouvez constater que l’argent de la finance islamique est en train d’aider le Sénégal. Avec les soukouks il y a près dont 80 milliards l’année dernière et 100 autres milliards pour cette année ci. Cependant, sur le plan juridique, il y a des textes à améliorer dans le corpus bancaire. Donc il appartient au Sénégal de choisir, mais il faut retenir que la finance islamique est une chance pour le PSE et pour le Sénégal.

Entretien réalisé par Youssouf NDIONGUE
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