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Modibo Diop sur la croissance économique du pays : "Ce n'est pas un débat politique, c'est un débat d'écoles"

L'ancien Dg de l'Aser, Modibo Diop, revient, dans cet entretien qu'il a eu avec nos confrères de L'Observateur, sur l'actualité politique et sociale du Sénégal. C'est sans détours qu'il a donné son avis sur la situation économique du Sénégal qui fait couler beaucoup de salive depuis le discours à la Nation du Président Sall, le 31 décembre dernier.


Rédigé par leral.net le Vendredi 15 Janvier 2016 à 15:07 | | 0 commentaire(s)|

Il y a trop de polémiques autour de la réduction du mandat présidentiel de Macky de 7 à 5 ans. Vous qui êtes aujourd'hui proche du Président ne pensez pas que Macky Sall est dans l'obligation de respecter sa promesse électorale ?

Le Président Sall veut bien respecter sa parole, mais il est tenu de consulter, s'il veut changer la Constitution, l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel. C'est clair. Il n'a pas le choix. Le président Macky a juré devant le peuple(article 37 de la Constitution) sur une Constitution avec un premier mandat à 7 ans. Donc, il n'y a pas possibilité de réduction du premier mandat. Le président a émis une idée, mais la Constitution ne lui permet pas tout.

Le taux de croissance de 6,4% en 2015 est à l'origine de beaucoup de commentaires. Est-ce que vous pensez réellement que le Sénégal est arrivé à tel exploit en si peu de temps ?

Les gens discutent beaucoup des taux. Mais, il faut voir ce que c'est un taux de croissance. Quand vous calculez un PIB comme un PNB, vous faites les sommes des valeurs brutes de l'économie (agriculture, industrie, commerce, etc), vous y ajoutez la Tva, les droits de douanes et vous sortez les subventions pour avoir à peu près une idée du PIB. La croissance, c'est le développement de cette masse économique d'année en année. On ne peut que l'estimer sur des prévisions. Ce n'est pas un débat politique, c'est un débat d'écoles. Malheureux les politiciens s'amplifient Quand le président Sall ayant les dernières données a annoncé 6,4% de croissance en 2015, d'autres ont dit que le Fmi a donné de 5,1%. Ils oublient que le chiffre du Fmi a été donné a la revue bailleurs de septembre 2015. Alors que les données de septembre 2015 en économie ne sont pas les mêmes que celles de décembre 2015. C'est le taux du Président qui reste le bon.

Comment appréhendez-vous la situation économique sous Macky Sall ?


Le Sénégal est dans une très bonne situation économique actuellement avec le président Macky Sall. Ce n'est plus l'homme politique que je suis qui vous parle, mais plutôt l'expert. Macky a fait de très bonnes performances économiques. 2015 a été une bonne année. Et cela, s'explique par le taux de croissance de 6,4% annoncé par le chef de l'Etat. Il faut se féliciter de ce chiffre et s'enorgueillir car c'était 2%à sa prise de pouvoir. Dans le budget de 3000 milliards FCfa qui vient d'être voté, il y a pratiquement plus de 1000 milliards d'investissements publics que Macky va développer pour l'année prochaine. Quand vous enchainez de 2015 vers 2016, l'inflation a été très basse autour de 2%. Et les taux de consommation des crédits extérieurs et intérieurs sont assez très hauts. Ils se situent entre 27 et 32%. Quand quelqu'un réalise ces exploits dans une période très courte au pouvoir, il faut reconnaître que les performances économiques du président Sall sont très bonnes. Le Sénégal est sur un très bon rail économique. Il faut souhaiter maintenant que des facteurs exogènes, comme les taux d'intérêt ,la pluviométrie et autres soient encore plus intéressants pour le pays. Je crois que le président Sall pourra avoir un taux de croissance autour de 8% à l'horizon 2017. Il pourra arriver vers une souveraineté économique qui lui permettra, à partir son concept de sobriété budgétaire , de mieux investir dans les infrastructures, l'énergie, l'eau et l'agriculture et surtout le social.

Qu'en dites-vous du bilan social actuel de Macky ?

Autant le président Sall a un excellent bilan économique, autant il a un très bon bilan social. Cela, si on analyse les efforts faits sur la baisse des prix des denrées de première nécessité sur la baisse des locations et. Il a amélioré le pouvoir d'achat des salariés en renonçant à 30 milliards FCfa de fiscalisation sur les salaires. Il y a eu 300 000 bénéficiaires des bourses sociales et plus de 2,5 millions d'enfants qui seront pris en charge médicalement. Sans compter le grand programme religieux de Macky Sall pour Touba, Tivaouane, Ndiassane, entre autres foyers religieux du Sénégal. Ce sont des réalisations au niveau social qui sont extrêmement importantes et qui vont baliser incontestablement sa voie pour sa réélection. Les excellentes performances économiques et sociales de Macky Sall vont le réélire en 2019.

On sait que vous avez eu à gagner Colobane, dans le cadre d'une coalition, lors des dernières élections locales. Qu'est-ce que vous faites aujourd'hui pour maintenir le flambeau ?

C'est vrai que nous avons gagné Colobane lors des dernières locales dans le cadre d'une coalition composée de l'Alliance pour la République, le mouvement Fekké ma ci bole de mon ami Youssou Ndour et le mouvement Cam que je dirige. Nous avons gagné largement Khalifa Sall à Colobane. Mais, on a eu beaucoup de difficultés pour prendre beaucoup d'élan sur Fass et Gueule Tapée. Nous avons tiré beaucoup d'enseignements sur ces élections. Ce qui nous permet aujourd'hui de voir quelles seront les coalitions que nous allons mettre en place en vue des prochaines élections législatives et la présidentielle. Mon mouvement continue à être présent à la base (Commune de Fass -Gueule Tappée-Colobane) et à Dakar, Mon mouvement a redynamise ses connections sur les 18 autres communes de Dakar. Nous allons conclure ce travail que nous faisons au mois d'Avril 2016. Il y aura une grande assemblée générale pour mobiliser afin de nous préparer aux prochaines législatives et la présidentielle à venir.

N'avez-vous pas des craintes devant des dinosaures politiques comme Moussa Touré Sidy Diamil et Pape qui sont vos adversaires politiques dans la commune Fass-Gueule Tapée-Colobane. Quelle stratégie comptez-vous dérouler pour conserver votre leadership ?

J'ai beaucoup de respect pour ces gens-là ils sont de grands leaders communaux,departementaux et meme nationaux Mais au niveau de la Commune, ils savent bien ce que je pèse. Ils me connaissent bien. J'ai gagné devant eux en 2009 et en 2014 .

Ce qui s'est passé en 2014 est que je suis sorti de mes difficultés à trois jours de la campagne des élections locales. Malgré tout, j'ai gagné avec l'Apr et Fekké ma ci bole. C'est vrai que ce sont des personnalités politiques importantes qui ont de grands moyens aussi .Mais Je continue à travailler pour maintenir mon leadership dans la commune et aussi développer mon leadership à Dakar les populations savent qui est à côté d'elles. Moi, je suis en plein dans le social Ce qui fait que passer devant moi dans la commune Fass-Gueule Tapée-Colobane risque d'être difficile pour ces Messieurs.

Vous êtes un des initiateurs du mouvement «Cercle des amis de Macky Sall». Vos détracteurs pensent qu'en mettant en place ce mouvement, vous le faites uniquement dans le but de chercher des positions ou postes de recasement auprès de Macky. Que répondez-vous ?

Ce sont des mauvaises langues qui disent ces choses-là. C'est le Président qui a demandé qu'on le soutienne. Nous sommes ses amis. Il a vécu des moments intenses d'amitié et de complicité avec beaucoup d'entre nous quand nous étions avec Wade. Nous avons un passé commun avec Macky c'est pourquoi il nous a demandé de le soutenir. Jusqu'à présent, nous sommes dans une position d'alerte et de veille. Quand nous sentons que certaines choses ne tournent pas comme il le faut, on l'informe pour attirer son attention. Sur certains dossiers, si les gens l'attaquent de manière inopportune, nous devons aussi réagir pour le défendre. Ça n'a rien à voir avec ceux que certains pensent du «Cercle des amis de Macky». Nous avons la totale confiance du Président pour l'accompagner dans les échéances à venir.

Vous n'attendez rien en retour du Président ?

On ne dit pas qu'on attend rien du Président. Mais, quand vous accompagnez un President dans sa mission il est souhaitable que vous soyez dans des positions techniques, administratives ou politiques pour mieux le servir c'est normal et comprehensible Pendant plus de 20 ans nous avons eu des relations particulières avec le Président Macky, nous avons le devoir de le soutenir. Il est bon que la famille libérale qui a été autour de Wade et qui a été explosée se retrouve un jour pour voir comment continuer à gérer le Sénégal.

Depuis votre fin de démêler avec la justice que vos proches qualifient comme une victoire de la vérité sur le mensonge, quel homme êtes-vous devenu aujourd'hui ?

Quand vous sortez de prison, vous apprenez beaucoup de choses. Vous voyez des gens qui sont reconnaissants et d'autres qui sont ingrats. Vous voyez des gens qui étaient à côté de vous parce qu'il y avait des questions d'intérêts et d'autres parce qu'ils vous aimaient. Tout ce recul vous permet de rebondir. Avec le recul, vous devenez un homme aguerri. Quand vous aspirez à diriger, il faut comprendre tous ces tempéraments. Malheureusement quand vous êtes au pouvoir ces choses vous échappent.

Quelles sont aujourd'hui vos relations avec le président Abdoulaye Wade ?


Je n'ai pas des nouvelles du président Wade depuis très longtemps. Quand je suis sorti de mes difficultés, je ne l'ai pas vu. J'entends les nouvelles de Wade à travers la presse. Wade et moi, nous n'avons pas de relations particulières. Par contre ce que je peux dire, le président Wade, je le considère toujours comme mon père. C'est quelqu'un qui m'aimait bien. Malheureusement, des personnes très malintentionnées ont mal joué entre nous. Elles ont détruit mes relations avec Wade. Je pense qu'avec le recul, Wade a beaucoup de regrets de m'avoir perdu. Je le pense très sincèrement.

Mais, est-ce que vous avez au moins des nouvelles de son fils Karim Wade aujourd'hui en prison ? Lui avez-vous rendu visite?


Je n'ai pas de nouvelles de Karim Wade j'avais de bonnes relations avec Karim quand j'étais dans le gouvernement Malheureusement Il y eu ce qu'il y a eu entre eux et moi. Mais, je continue à prier pour Karim pour qu'un jour il sorte de sa situation difficile pour rejoindre sa famille et surtout ses filles car moi je ne suis pas rancunier en tant que musulman .Quand vous connaissez la prison, vous ne souhaitez pas que quelqu'un y reste. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller voir Karim pour l'encourager je le ferais c'est une résolution humaniste et non politique.

Si vous arrivez à rendre visite à Karim en prison qu'est-ce que vous lui conseillerez ?

Quand vous êtes en prison, il faut beaucoup de courage. Et si vous sortez de la prison, vous êtes enrichi par votre expérience personnelle. En prison, il faut beaucoup prier. Il faut beaucoup apprendre le Coran pour celui qui est Musulman et la Bible pour celui qui est Chrétien. Moi, je suis mouride. Dans ce genre de situation, il faut beaucoup penser à notre Maître vénéré Cheikh Ahmadou Bamba qui est passé dans ces moments très délicats. Il faut patienter, car un jour les choses finiront par s'arranger.En fait, quand vous êtes au pouvoir, souvent vous avez les yeux fermés par beaucoup de choses.

Qu'est-ce que le Sénégal peut en tirer du sommet de la Cop 21(conférence sur les changements climatiques de Paris) auquel vous avez pris part ?


Des décisions importantes ont été prises au sortir de ce sommet dont la plus importante est la mise à disposition de plus de 100 milliards dollars d'investissements aux pays en développement. Cela, pour créer un fonds vert et développer des énergies nouvelles et renouvelables. Le Sénégal peut y en tirer énormément de profits. Le Sénégal a déposé une contribution nationale qui peut être financé entièrement par ces fonds verts. C'est aux experts de continuer à travailler pour arriver à capter tous ces fonds. On peut espérer une rentree massive d'argent au Sénégal et la création d'emplois.

L'Observateur