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"Mort à l'Amérique", le cri de milliers d'Irakiens aux funérailles du général iranien Soleimani

Rédigé par leral.net le Samedi 4 Janvier 2020 à 12:46 | | 0 commentaire(s)|

Des milliers d'Irakiens ont scandé samedi des slogans hostiles aux États-Unis dans le cortège autour des cercueils du général iranien Qassem Soleimani et d'Abou Mehdi al-Mouhandis, son principal lieutenant en Irak. Les deux hommes avaient été tués la veille dans un raid américain.


Des milliers d'Irakiens se sont rassemblés à Bagdad samedi 4 janvier, pour les funérailles du général iranien Qassem Soleimani, de son principal lieutenant en Irak, Abou Mehdi al-Mouhandis, ainsi que d'autres victimes tuées dans un raid américain la veille près de l'aéroport de la capitale irakienne.

La journée de funérailles a débuté dans le sanctuaire chiite du quartier de Kazimiya, dans le nord de Bagdad. Les participants ont réclamé "vengeance pour Abou Mehdi al-Mouhandis", chef opérationnel du Hachd al-Chaabi, coalitition de paramilitaires chiites intégrés aux forces de sécurité irakiennes.

Selon un photographe de l'AFP sur place, le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi était présent aux obsèques, tout comme le chef de file des pro-Iran au Parlement irakien, Hadi al-Ameri, l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki et plusieurs chefs de factions chiites pro-iraniennes.

En tout, le "tir de précision d'un drone" américain qui a pulvérisé dans la nuit de jeudi 2 à vendredi 3 janvier, les deux voitures à bord desquelles se trouvaient Soleimani et Mouhandis a fait dix morts – cinq Irakiens et cinq Iraniens.

Les cercueils des cinq Irakiens ont été amenés à Kazimiya sur des pick-up surmontés de drapeaux nationaux et fendant la foule habillée entièrement de noir. Les corps des cinq Iraniens étaient, eux, surmontés du drapeau iranien.

Certains dans la foule brandissaient des portraits du guide suprême iranien, Ali Khamenei, ou du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, qui assure former avec le Hachd l'"axe de la résistance" aux États-Unis et à Israël au Moyen-Orient, et qui a appelé au "juste châtiment" des "assassins criminels" responsables de la mort de Soleimani.

Une réunion prévue au Parlement a été repoussée à dimanche pour que les députés puissent eux aussi assister aux obsèques, dont une partie se déroule dans la Zone verte de Bagdad.

Après ces hommages, les corps seront ensuite acheminés à Kerbala et Najaf, deux villes saintes chiites plus au sud de la capitale irakienne. Puis la dépouille du général Qassem Soleimani sera enterrée mardi 7 janvier dans sa ville natale de Kerman, au centre de l'Iran, à l'issue de trois jours de cérémonies à travers la République islamique, ont annoncé samedi les Gardiens de la révolution.

Une nouvelle frappe américaine ?

Les Unités de mobilisation populaire, rassemblement de mouvements armés soutenu par l'Iran en Irak, sont revenues samedi sur de précédentes déclarations faisant état d'une frappe aérienne près de la base de Taji, au nord de Bagdad. Le mouvement Hachd al-Chaabi avait dans un premier temps déclaré que cette frappe aérienne visant ses combattants, avait atteint un convoi médical. Il a par la suite publié un autre communiqué pour dire qu'aucun convoi n'avait été visé à Taji.

La coalition anti-État islamique, conduite par les États-Unis, et l'armée irakienne, ont de leur côté démenti tout bombardement dans ce secteur.

La veille, la frappe américaine sur Bagdad avait plongé le monde entier dans l'incertitude, faisant redouter "une nouvelle guerre dans le Golfe" que "le monde ne peut se permettre", selon les Nations unies.

L'Iran plaide le droit d'exercer sa légitime défense

L'Iran a fait savoir vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU qu'elle se réservait le droit d'exercer sa légitime défense en vertu des lois internationales, après ces assassinats. Dans une lettre, son représentant à l'ONU, Majid Takht Ravanchi, écrit que l'assassinat de Qassem Soleimani "est un exemple évident de terrorisme d'État et, en tant qu'acte criminel, constitue une violation flagrante des principes fondamentaux du droit international et, en particulier, ceux stipulés dans la Charte des Nations unies".

L'escalade entre Téhéran et Washington se poursuit, chacun s'estimant en droit de se "défendre". M. Trump a déclaré avoir ordonné l'élimination de Soleimani pour "arrêter" une guerre et non pour en commencer une, affirmant qu'une attaque contre des Américains était "imminente". "Nous ne cherchons pas de changement de régime" en Iran, a-t-il assuré.

Les États-Unis ont commis leur "plus grave erreur" en tuant Soleimani, a averti le Conseil suprême de la sécurité nationale, plus haute instance sécuritaire d'Iran. "Ces criminels subiront une dure vengeance au bon endroit et au bon moment." Le guide suprême iranien Ali Khamenei et le président Hassan Rohani ont, eux aussi, appelé à des représailles.




France24 Avec AFP et Reuters