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Mouhamed Galaye Ndiaye, imam de la grande mosquée de Bruxelles : "Tout ce que nous pouvons faire est d'enseigner le vrai islam"

Après les attaques de vendredi à Paris, la piste mène encore en Belgique. L'imam de la grande mosquée de Bruxelles Mouhamed Galaye Ndiaye, explique dans un entretien avec l'agence de presse suisse ATS, pourquoi les recruteurs de djihadistes se tiennent à l'écart de sa mosquée et pourquoi ce n'est pas son devoir de collaborer avec la police.


Rédigé par leral.net le Jeudi 19 Novembre 2015 à 13:31 | | 4 commentaire(s)|

L'homme enseigne au centre culturel islamique de Bruxelles, qui dispense des cours d'arabe, de religion, des conférences et des colloques, et donne des conseils pour la vie quotidienne.

Étant donné les nombreux problèmes avec les jeunes hommes qui se rendent en Syrie et veulent rejoindre l'Etat islamique (EI), le travail des imams du centre se focalise actuellement plus sur cette catégorie de personnes, indique M. Ndiaye.

"La discussion est centrée sur la cohabitation ici en Belgique. Notre travail consiste à leur expliquer l'islam. Telle est notre mission en général, au cœur de l'Europe".

Interrogé sur d'éventuels contacts du centre avec des personnes qui recrutent des djihadistes, l'imam dit : "Si nous les connaissions, nous vous les montrerions". Le centre n'a aucun contact avec ce milieu, selon lui, car ces gens ne viennent pas à la grande mosquée. "Ils connaissent notre position".

Ils nous considèrent en outre comme des "musulmans vendus", poursuit le théologien qui a étudié à l'université Al-Azhar du Caire, l'une des plus hautes autorités de l'islam sunnite. "Ils pensent que je n'ai aucune idée de l'islam et que je ne travaille pas pour les musulmans, mais contre eux ».

Si des parents viennent au centre avec leur enfant et font part de leur crainte car celui-ci est en contact avec des djihadistes sur Facebook, M. Ndiaye n'informe pas la police. "Nous ne sommes pas des indicateurs", ajoute-t-il. "Il n'y a pas de coopération avec la police. Nous faisons notre travail comme imams".

"Continuer à faire notre travail tous les jours"
Il est également très difficile de détecter dans une conversation de cinq ou dix minutes si une personne représente un danger imminent et réel, note-t-il. Identifier le danger est le travail de la police, selon lui. "La seule chose que nous pouvons faire est de continuer à faire notre travail tous les jours".

"Ici, il y a de nombreux immigrés de troisième génération. Ils sont nés ici et parlent couramment français. Ensuite, parce que les parents se séparent ou à cause d'autres problèmes sociaux, ils plongent dans la petite criminalité et atterrissent, à un moment donné, sur des sites internet où ils sont recrutés. Ils sont vulnérables et se transforment en monstres", remarque l'imam.

On leur dit : "Tu restera un criminel, mais à la différence que la criminalité sera halal", c'est-à-dire en conformité avec l'islam. "Tu tueras, mais Allah sera heureux. A ce moment-là, tu iras au paradis, où t'attendent les plus belles femmes. Ici, tu n'a aucune de ces choses: pas de belles femmes, tu es pauvre et tu n'as pas de travail, rien du tout".

"On ne peut pas vraiment parler d'une coopération entre l'Etat et nous"
A la question de savoir pourquoi le problème de radicalisation est important en Belgique, M. Ndiaye répond : "Je crois qu'ici, en Belgique, on ne peut pas vraiment parler d'une coopération entre l'Etat et nous. Chaque fois qu'il y a un attentat, on vient vers nous nous demander si nous condamnons les actes. Bien sûr, nous le faisons", mais ce sont juste des mots.

Du gouvernement, il attend juste que ses représentants "viennent ici et voient le travail quotidien que nous faisons et ce que nous pouvons améliorer. Avec le soutien de l'Etat, nous pourrions faire beaucoup plus".

Le centre islamique et culturel de Belgique a été fondé en 1963 à Bruxelles et se trouve dans le même bâtiment que la grande mosquée, au Cinquantenaire à Bruxelles. Il est également ouvert aux non musulmans.

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