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Négocier pour sauver l'école !

Cicéron, " qui n'empêche pas le mal, le favorise".


Rédigé par leral.net le Lundi 27 Avril 2015 à 10:39 | | 0 commentaire(s)|

Négocier pour sauver l'école !
Il y a 27 ans, notre pays, le Sénégal a vécu la plus grande catastrophe scolaire de son histoire. Les conséquences désastreuses de cette année blanche, restées gravées dans les esprits sont encore vécues par toute la nation.

En 1988, le président de la République d'alors, en recevant la délégation des étudiants disait " j'ai le dos au mur et que derrière le mur, c'était le vide." Faute de consensus fort autour de l'Ecole, le bébé fut jeté avec l'eau du bain.

Comme l'histoire ne bégaie pas, alors évitons d'assister à la comédie qui risque de se jouer dans notre école.

Apprenants, enseignants, collectivités, partenaires, autorités, société civile, presse, agissons ensemble!! Disons plus
jamais ça!

2015, l'école sénégalaise est-elle encore à la croisée des chemins?

Force est de reconnaître que notre système éducatif est secoué par de nombreuses crises depuis des décennies, inhérentes à tout organisme qui se développe, mais l'heure est grave.

Une bonne prise en charge de cette situation ne peut se faire sans un esprit de dépassement et de renoncement qui vise les intérêts exclusifs des générations futures, qui ne sont pas encore en mesure de prendre la parole ou d'agir.

La résolution des problèmes appelle de la part des uns et des autres sérénité, écoute attentive, décisions courageuses, respect mutuel, afin d'aboutir à un arbitrage objectif dépourvu de préjugés, gage de paix dans l'espace scolaire.

Le peuple de Kocc dit que "MBAM GATENA WAYE CI JUR GI LA BOKK."

Exit les invectives et les menaces! Les pyromanes et autres mythomanes, incapables de dominer leurs émotions, délivrent des prescriptions qui ne feront qu'exacerber la peur collective, pour ne pas dire de fausses solutions à un vrai problème. Au moment où toutes les composantes de la société travaillent à rapprocher le souhaitable et le possible, des individus assis sur leurs certitudes font des propositions où le grotesque le dispute au kitsch.

"Radiez les enseignants" à l'image des policiers. Comparaison n'est pas raison.

Le malaise est plus profond qu'ils ne le pensent. L'Afrique est confrontée à une pénurie d'enseignants, ils sont en
nombre insuffisants, mal formés, mal payés, peu motivés. En général le dialogue est rompu, les revendications reléguées au second plan, les motifs sont jugés politiques, très souvent les accords signés ne sont pas respecté. En Côte d'Ivoire, la grève fait rage et le gouvernement procédé à des ponctions sévères.

En effet, il faut s'interroger sur la soutenabilité du modèle économique actuel gagnant-perdant et l'implacable loi de Pareto, qui veut 20% de la population consomme 80% des ressources, sources d'inégalités et de frustrations, provoquant ainsi une rupture des équilibres. A cela s'ajoute le corporatisme aigu hérité de la colonisation, accentué par une école qui n'est pas encore totalement adoptée par une population constituée de 49% d'analphabètes.

L'environnement économique international est difficile, les attentes nombreuses, les délais courts, les équilibres macroéconomiques précaires, la situation politique tendue, mais faisons intervenir le génie sénégalais pour permettre au capitaine du bateau de contourner Scilla sans heurter Charybde.

Seneque le jeune a certainement raison de dire je le cite :« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. » fin de citation.

En ces moments difficiles, où les visibilités sont réduites, le peuple inquiet tourne son regard vers celui à qui il a confié les destinées du pays, pour que des solutions sages et innovantes soient mises en œuvre pour sauver la nation.

Le 25 mars 2012, le peuple dans son écrasante majorité a porté son choix sur Son Excellence, le Président Macky Sall, victime de l'année 1988. Dépositaire de pouvoirs et d'espoirs des sénégalais, puisse le Tout Puissant lui donner la force pour faire face, afin que l'irréparable soit évitée.

Excellence, Monsieur le Président de la république, le salut est au bout du dialogue. Votre leadership et les ambitions que vous nourrissez pour le Sénégal sont aux antipodes d'une année blanche, ou invalide.

Un sursaut patriotique est attendu du côté des enseignants pour que l'instrument de travail soit sauf, pour que les chances de nos enfants ne soient pas hypothéquer dans un monde globalisé où chance et compétence sont confondues, pour perpétuer à jamais le binôme consubstantiel apprenant-enseignant, qui fonde l'Ecole.

Quand l'agriculteur sème, plante, sarcle, bine pour récolter du mil, du riz, de l'arachide, de la pomme de terre pour nourrir le peuple, l'enseignant s'évertue à construire le savoir, le savoir-faire et le savoir-être afin de livrer des ingénieurs, des médecins, des juges, des journalistes des mathématiciens, des enseignants, des chercheurs, qui iront à l'assaut des problèmes de l'Humanité et de la Terre.

Dans ce monde gouverné par l'industrie du savoir, vous conviendrez aisément avec moi que la qualité et la quantité de la produits sont largement tributaires du statut social, de la formation, de la compétence mais surtout de la motivation.
Au demeurant, les déterminants qui motivent les choix d'embrasser la profession enseignante, convoquent en première instance la valeur accordée au statut dans la société, la rémunération, les conditions de travail et de vie.

C'est comme si le President Park Chung Hee avait mis en pratique la pensée de Jules Ferry selon laquelle: je le cite "Entre toutes les nécessités du temps présent, entre tous les problèmes, j’en choisirai un auquel je consacrerai tout ce que j’ai d’intelligence, tout ce que j’ai d’âme, de cœur, de puissance physique et morale, c’est le problème de l’éducation du peuple» fin de citation.

Ce general visionnaire a fait un pari sur l'Education, placé l'Enseignant au sommet de la pyramide sociale tant au plan de son traitement salarial que de son statut. Résultat des courses, la Corée du Sud a vu son PIB/ habitant passer de 100$ en 1970 à 11.000$ en 1995 pour atteindre 22.000$ en 2005.

Quid du Japon! Ces pays d'obédience confucianiste, positionne l'Enseignant du point de vue de son statut entre le Roi et la Mère et leur voue un respect identique à celui que nous dédions à nos grands érudits, ont extirpé le mot grève dans leur vocabulaire.

Méditons ensemble la citation Abraham Lincoln "if you think education is expensive try ignorance".

ABDOULAYE DIATTA

Ancien Directeur de la Formation et de la Communication au Ministère de l’Education Nationale