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Niasse et Niade: Misère de la politique et de l’enseignement - Par Mamadou Sy Tounkara


Rédigé par leral.net le Vendredi 22 Mai 2015 à 20:09 | | 0 commentaire(s)|

Niasse et Niade: Misère de la politique et de l’enseignement - Par Mamadou Sy Tounkara
Les textes de Niade de l’AFP contiennent tout le contraire d’un débat public constructif et serein : contre-vérités, écriture pauvre et insultes.

Il me reproche d’avoir dit que son patron Moustapha Niasse avait fendu la lèvre et fait couler le sang de Djibo Ka en 1984 lors d’une réunion du Bureau politique du PS à l’Assemblée nationale. Son argumentaire ? « Quand cet incident a eu lieu, j’ai demandé à Djibo Ka de se déplacer. Je cite Abdou Diouf dans ses mémoires. Une question, M. Tounkara, comment peut-on demander à quelqu’un dont la lèvre est fendue et le sang coule de changer de place et continuer la réunion ? » Ceci ne figure point dans les mémoires de Diouf. A quelle page Niade l’a-t-il vu ? Diouf dit, plutôt : « je vis tout d’un coup Moustapha Niasse se pencher pour asséner des coups de poing à Djibo Kâ. Les gens étaient là, médusés. Je demandai alors à Famara Ibrahima Sagna de mettre Djibo Kâ à l’écart et la réunion put se poursuivre » (p.237). Me Doudou Ndoye, un autre témoin des faits : « Moustapha Niasse prenait la parole et Djibo Kâ a murmuré deux à trois mots qui n’étaient pas bien placés. Et Moustapha Niasse s’est fâché. Il s’est levé, a pris Djibo Kâ, l’a abreuvé d’insultes de mère en wolof, et lui a donné des coups de poing jusqu’à ce que Djibo Ka ait la lèvre fendue. Le sang coulait. Djibo Kâ a pris son mouchoir, il l’a posé sur sa bouche et il a dit : «je respecte le Président Abdou Diouf, c’est pourquoi vous m’avez frappé et je ne me suis pas vengé ; c’est moi qui, personnellement, suis le seul qui me suis levé pour intervenir et les séparer.» A moins que Doudou Ndoye n’ait raconté des histoires, l’Histoire retiendra que Niasse a bien insulté et tabassé Djibo Kâ qui s’est retrouvé avec une lèvre fendue et du sang qui coulait. Manque de retenue, absence de maitrise de soi, haine, violence verbale et physique. Tout le contraire d’un leadership éclairé.

Niade continue, toujours en citant faussement Diouf, sans jamais donner de précision de page : « C’est Moustapha lui-même qui m’a demandé de le libérer de son poste. » Diouf ne dit rien de cela dans son livre. Bien au contraire : « Au lendemain de cet évènement, Niasse se rendit à New-York, laissant derrière lui un tollé puisque la rue avait appris ce qui s’était passé. Le bruit fut tel que je me résolus à le rappeler d’urgence. Je le reçus au Palais et lui notifiai la sanction qui était devenue inéluctable vu la tournure prise par l’affaire qui était devenue publique. A l’annonce de la sanction qui le poussai hors du gouvernement, Niasse me répondit : « je comprends votre décision et je l’approuve ». Pour donner sans doute du poids à ses propos, il répéta ses mots une seconde fois » (p.238). De ce limogeage, Niasse nourrira une haine mortelle envers Jean Collin qu’il accusa d’avoir tout manigancé ; il se refusa à se rendre à ses obsèques (p.351), ce qui étonna Diouf, encore plus étonné que Niasse, en 2000, s’était présenté contre lui malgré son serment sur le Coran de ne jamais le faire (P.347).

Niade reconnaît la pauvreté de son texte, avouant qu’il a fauté en commettant autant de fautes d’orthographe et de grammaire. La véritable humilité aurait été de se faire relire par un professeur du CEM de Mpak que, hélàs, il dirige. Il n’est pas non plus tard de prendre des cours d’orthographe et de grammaire car être un professeur de SVT ne saurait jamais être une excuse pour écrire à ce si bas niveau. Quelle misère pour notre école et nos enfants que les enseignants aient des problèmes avec les connecteurs logiques (il met « dont » à la place de « que »), ne savent pas distinguer les cris des animaux (il parle de âne qui hennit, le cri du cheval, lui qui enseigne les SVT !), ne maîtrisent pas du tout la ponctuation et font des fautes indignes du CM2! Une langue doit se parler et s’écrire en respectant ses règles.

Niade demande ma démission de la 2STV. Puéril. On ne demande la démission que de quelqu’un qu’on paie de son argent. Un citoyen peut demander la démission du président de l’Assemblée nationale pour insulte publique ou d’un principal de CEM pour contre-vérités, insultes et carences étalées publiquement, car nous les payons de nos impôts ce qui leur confère une obligation d’exemplarité. A défaut, ils ne méritent guère nos maigres deniers.

Quel débat de fond est possible avec quelqu’un qui a l’insulte à la bouche dès l’entame et vous compare publiquement à un âne qui hennit (sic !) et pète? Il n’y a pas de débat dans le manque de respect.

Libre à Niade d’être le second couteau de Niasse et d’aller aux charbons pour lui. On aurait juste préféré qu’il défende son champion en nous montrant ses réalisations concrètes, lui qui a traversé tous les présidents de ce pays ! A 79 ans, être défendu par des réalisations, pour les jeunes, qu’il a traités « d’imbéciles et de salopards » par exemple, aurait été beaucoup plus honorable pour la postérité qu’une défense par des insultes, des contre-vérités et une bien pauvre plume.

Si c’est cela nos politiques et nos enseignants, quand verrons-nous le Sénégal de nos rêves ?

Mamadou Sy Tounkara