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Non Me Wade, vous n’avez pas le droit (EDITORIAL)

Comme si le cas de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire et celui de Mamadou Tandja au Niger ne nous avaient servi à rien, voilà que le président Abdoulaye Wade du Sénégal, par son entêtement et sa boulimie du pouvoir, est sur le point de faire entrer le Sénégal dans la tourmente endémique dans la sous région. Une tourmente aux conséquences incalculables, si l’on n’appuie pas vite sur le frein pour dire « stop ».


Rédigé par leral.net le Jeudi 23 Juin 2011 à 17:03 | | 0 commentaire(s)|

Non Me Wade, vous n’avez pas le droit (EDITORIAL)
Par Hamadou Tidiane SY*


Pourtant, pour le Sénégal et en premier lieu le président Wade - qui au plus fort de la crise ivoirienne se faisait le chantre de la démocratie en soutenant urbi et orbi que Gbagbo devrait « partir », lui qui jouait au sapeur-pompier au Niger - les leçons ne manquent pas à tirer des cas nigérien et ivoirien. C’est donc le moment pour nous aussi de lui dire tout haut : Non, M. le président vous n’avez pas le droit.

Non, M. le président vous n’avez pas le droit

Non, M. le président vous n’avez pas le droit, car, et au cas où vous l’auriez oublié, le peuple sénégalais ne vous a jamais élu pour que vous fassiez de ce pays votre propriété privée. Il ne vous a jamais élu pour cautionner des forfaitures, comme celle que vous voulez faire passer en ce moment, appuyé par des zélateurs qui n’ont d’intérêts que personnels.

Non, M. le président vous n’avez pas le droit.

Ce peuple a été suffisamment tolérant et patient avec vous et vos partisans, au point d’être soupçonné d’être amorphe. Au moment où ailleurs, les peuples se soulèvent et les armes tonnent pour faire partir vos « amis », ici on s’est contenté de vous rappeler paisiblement à l’ordre, de vous avertir, d’essayer de vous raisonner...

Et pourtant que de raisons ce peuple avait-il pour imiter ce qui se passait ailleurs : vous avez dilapidé les fonds publics, favorisé des clans et des groupes religieux, fait régressé la démocratie, fragilisé les institutions, détruit le tissu industriel, bref violé votre serment.

Malgré ce lourd passif, le peuple vous a regardé en se disant que le moment viendra pour lui de vous faire partir, dans le calme, par les urnes. Or, vous avez confondu cette patience à de la complicité passive, ou à de la peur ! Eh bien la preuve vient de vous être administrée par ce même peuple que vous trompez lourdement.

Non, M. le président vous n’avez pas le droit.

Non. M. le président vous n’avez pas le droit de faire souffrir davantage ce peuple qui en 2000 vous a sorti de votre galère pour vous porter au pouvoir, espérant du coup consolider sa démocratie acquise de haute lutte et sortir des difficultés de la vie quotidienne. Mais vous l’avez trahi. Et pourtant c’est stoïquement qu’il vous regarde faire, alors qu’ailleurs, comme en Egypte et en Tunisie, par exemple, des révolutions ont emporté vos semblables, balayées en quelques jours comme de vulgaires feuilles mortes.

Non, M. le président vous n’avez pas le droit.

Bien que vous considérant en grande partie très mal élu en 2007, le peuple sénégalais vous a laissé gouverner, espérant que, « de toutes façons » ce serait là, votre ultime mandat. Et pour cette raison, il s’est encore une fois plié à vos désidérata.

Non M. le président, vous n’avez pas le droit de faire couler une seule goutte de sang de ce peuple déjà suffisamment meurtri et qui chaque jour qui passe, vous observe, vous, votre famille et vos courtisans, vous accaparer des maigres ressources de la nation, que vous avez fini de vous partager.

Non, M. le président vous n’avez pas le droit.

Non, M. le président vous n’avez pas le droit de continuer à berner ce peuple, qui vous a fait confiance et qui se retrouve aujourd’hui trahi devant les milles et une promesses non tenues : de l’emploi pour tous à un meilleur système éducatif en passant par une économie performante. Rien de tout cela. Au contraire vous avez promu les médiocres, enrichi votre fils et vos zélateurs et laissé le reste du pays dans le désarroi.

Ne vous y trompez-pas M, le président le peuple n’est pas dupe. Il ne vous laissera jamais faire l’ultime forfaiture consistant à vous laisser, vous et vos laquais incultes, continuer à gouverner ce pays.

Que vous l’ayez compris ou pas, M. le président il est temps pour vous de partir. Car, même dans le cas improbable où une quelconque institution voulant se discréditer davantage autoriserait votre candidature ou pire encore s’amuserait à vous déclarer vainqueur en 2012, vous n’auriez plus ni la légitimité, ni la stature morale qui permettent de gouverner un pays.

Non, M. le président vous n’avez pas le droit.

Non, M. le président vous n’avez pas le droit de rester au pouvoir. Sous aucun prétexte, ni légal, ni moral. Et plus important encore, vous n’avez surtout pas le droit de déchirer ce pays qui vous a tout donné. Bref, il est grand temps pour vous de partir.

*Hamadou Tidiane SY, journaliste fondateur Ouestafnews

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