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Non, Monsieur Khalifa Sall n'est pas un légaliste ....Par Tabouré Agne

Rédigé par leral.net le Samedi 4 Octobre 2014 à 15:00 | | 12 commentaire(s)|

Non, Monsieur Khalifa Sall n'est pas un légaliste ....Par Tabouré Agne
La stratégie de communication déployée par le maire de Dakar depuis la consécration de l’Acte 3 de la décentralisation ne peut laisser le citoyen averti, indifférent de l’objectif implicite du maire de Dakar qui est celui de succéder au président de la République Macky Sall. Ce qui est normal dans une démocratie où tout citoyen peut se présenter aux suffrages des électeurs.

Par contre, ce qui est à déplorer, c’est la démarche du maire de Dakar qui depuis l’avènement de l’Acte 3 de la décentralisation s’est lancé dans une logique d’instrumentalisation de l’institution urbaine qu’il dirige, en vue de satisfaire ses visées électoralistes en 2017.

La légalité tant prônée par le maire de Dakar pose problème, car l’homme se contredit lui-même dans ses actes et propos. Quand on se dit légaliste, le premier principe qu’on doit intégrer dans sa démarche est de respecter d’abord la représentation populaire qui vote les lois en toute impartialité en ne prenant en compte que l’intérêt général «la loi est impersonnelle et générale». Elle ne vise donc pas une personne nommée, mais elle est faite pour tout le monde sans distinction de sexe, de race de religion et de parti politique.

Quand on est légaliste et qu’on pense qu’une loi, votée par les députés du peuple est en contra- diction avec vos convictions et ne répond pas à vos attentes en matière de gouvernance locale, La logique républicaine voudrait qu’on démissionne pour montrer

sa désapprobation. La meilleur façon de montrer qu’on ne cautionne pas l’élimination des «100 ans d’histoire de Dakar» est de se retirer de la gestion locale ; ce qui constituerait un acte fort comme l’avait d’ailleurs fait Maître Alioune Badara Cissé en démissionnant du conseil municipal de Saint Louis en 2012.

Etre légaliste, c’est respecter les institutions de la République dont la première est celle du chef de l’Etat. Quand le président de la République clarifie les règles du jeu, alors tout débat doit être clos. Respecter ensuite celle que l’on dirige en cessant toute velléité de personnalisation et en permettant au conseil municipal de jouer pleinement son rôle.

A entendre parler Khalifa Sall et ses partisans, on a l’impression que la ville de Dakar se réduit à son maire. Ce qui est contraire à l’ordre républicain. Khalifa n’est pas la ville de Dakar et la ville de Dakar n’est pas Khalifa Sall.

La ville de Dakar est une institution de la République qui transcende nos personnes y comprit celle du maire de Dakar. C’est une institution qui est composée de conseillers élus qui se trouvent au cœur de toute décision que le maire ne fait qu’appliquer ?

Le fait de se présenter aux élections du 29 juin 2014 montre que Monsieur Khalifa Sall accepte de se plier aux exigences du schéma institutionnel déjà défini dans l’Acte 3. Respecter la légalité aurait voulu que le maire de Dakar vote le budget tel que prévu par l’article

254 du Code général des collectivités locales. Refuser de voter le budget parce que les orientations défi- nies par le pouvoir central ne vous agréent pas, dénote même d’une certaine méconnaissance de ses prérogatives. Lorsqu’une nouvelle personne morale est créée par l’Etat, c’est à l’Etat et l’Etat seul de déterminer la nomenclature budgétaire et la façon de transférer les ressources aux collectivités locales.

Il n’appartient pas au maire de Dakar ou à ses partisans de contester ce pouvoir discrétionnaire de l’Exécutif, mais plutôt d’utiliser les voies de recours possibles en lieu et place d’une médiatisation à outrance.

Non, Monsieur le maire de Dakar n’est pas un légaliste, car être légaliste impliquerait au lieu de bloquer le fonctionnement de la ville de Dakar, sur décision personnelle, de présenter le budget élaboré à partir des informations données par les autorités financières, à la sanction du conseil municipal, comme l’ont d’ailleurs fait toutes les autres collectivités locales du Sénégal. Et seul le conseil municipal jugera en toute souveraineté de la décision à prendre.

Au-delà de tous ces aspects et au moment où le Ps renouvelle son appartenance à Benno Bokk Yaakaar, je me pose la question, comme d’ailleurs beaucoup de Sénégalais à savoir : Au nom de quelle légitimité se prévaut Monsieur Khalifa Sall pour penser dès à présent qu’il sera le candidat naturel du Ps en 2017. En quoi serait-il plus méritant qu’un Abdoulaye Wilane par exemple, qui a eu à gagner Kaffrine et à réaliser de belles choses dans cette contrée du Sénégal ?

En attendant la réponse à ces questions, il est temps pour Monsieur le maire, en tant que «légaliste», de faire voter le budget par le conseil de la ville de Dakar qui, en toute souveraineté tranchera j’en suis sûr, dans l’intérêt des populations.