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Lundi 6 Juin 2016

Non-respect du délai de livraison du Building administratif par l'entreprise Bamba Ndiaye S.A : l'Etat accuse le Bureau des Archives


C’est une affaire qui semble échapper à la vigilance de beaucoup de Sénégalais. La réhabilitation du building administratif dont les travaux devaient s’achever en 2015, est toujours en cours. En effet, la Société Bamba Ndiaye S.A, attributaire du marché en 2013, s’était engagée à livrer le bâtiment l’année dernière.



’’Le Building étant un immeuble classé, il faut une certaine technicité pour intervenir dans des conditions rigoureusement établies et des normes à respecter. L’idée, qui est derrière la réhabilitation de cet immeuble, est de préserver son identité de 1954, le livrer dans les années 2014 – 2015 avec des conditions de sécurité, de fonctionnalités et de respect du système environnemental sans faille", avait déclaré l’ancien ministre porte-parole du Gouvernement, Abdoou Latif Coulibaly, Président du Comité de pilotage du projet.
Trois ans après le début des travaux, ce bâtiment, dont la réhabilitation a coûté 17 milliards F Cfa à l’Etat, est toujours en chantier. Cette situation coûte cher à l’Etat du Sénégalais qui est obligé de louer des maisons conventionnées, pour y transférer la plupart des Ministères.
Qu’est-ce qui explique ce retard ? L’entreprise Bamba Ndiaye S.A a-t-elle des difficultés financières pour respecter le deadline ? Les travaux sont-ils plus complexes qu’elle ne l’imaginait ? (Le promoteur a promis un ‘’bâtiment intelligent’’).
Pour en savoir davantage, Actusen s’est rendu au Building administratif, pour mener sa propre enquête. Sur les lieux, on peut apercevoir des dizaines d’ouvriers (des Sénégalais et des blancs) de plain-pied dans le boulot, des machines qui tournent à plein régime. Mais l’accès est interdit aux personnes étrangères.
Devant la porte d’entrée, un gendarme et un vigile veillent à la sécurité. Lorsque Actusen.com a demandé à rencontrer quelqu’un de la Société Bamba Ndiaye S.A, le chef de chantier nous a fait comprendre qu’il ne peut répondre à nos questions, sans l’aval de ses supérieurs. Il nous a alors suggérer de nous rendre au siège de la société sis à l’avenue Faidherbe.
Sans perdre de temps, Actusen.com se rend à l’adresse indiquée. Malheureusement, les attentes de votre site ne seront pas satisfaites. Car la commerciale, qui nous a reçus, après que nous avons décliné l’objet de notre visite, nous a remis une adresse e-mail et nous a demandé d’envoyer nos questions au patron.
Une procédure qu’Actusen a faite, mais en vain. Puisque que nous n’avons reçu aucune réponse, après 48 heures d’attente. Du côté de l’Etat, on n’est pas trop bavard sur ce dossier…sensible ( ?).
Contacté par Actusen, Karim Fofana, Directeur général du Patrimoine bâti, explique cette situation par ‘’le retard dans le déménagement du Service des archives, qui occupait le building et qui n’a quitté qu’en 2016, dit-il. Pourquoi laisser un service sur place alors que l’Etat a les moyens de le loger ailleurs ? Comment le maintien d’un seul service dont le personnel n’y était pas peut donc impacter sur des travaux ? Autant de questions qui n’ont pas eu de réponses de la part de notre interlocuteur.
Alors, là, nous avons décidé de nous tourner auprès du Président du Comité de pilotage, Abdou Latif Coulibaly. Mais nos tentatives pour entrer en contact avec le Secrétaire général du Gouvernement sont restées vaines.
Nébuleuse autour du marché de 17 milliards

Pour rappel, ce marché très juteux (17 milliards F Cfa) a été attribué à l’homme d’affaires Bamba Ndiaye sous le magistère du Premier ministre, Abdoul Mbaye. Une décision qui avait fait couler beaucoup de salive, dans la mesure où cette attribution a été faite dans l’opacité.
Dans une tribune parue dans la presse, Bihahim Seck, membre du Forum civil, avait contesté, à l’époque, les explications servies par le ministre Oumar Youm, qui avait soutenu que ce marché de réhabilitation du Building administratif s’est fait dans les règles de l’art.
‘’Peut-être bien que oui. Parce que comme Me Youm l’a déclaré, chaque Sénégalais penserait qu’il s’est agi d’un appel d’offres ouvert. Or, il n’en est absolument rien. Parce que le type d’appel d’offres dont vous parlez ou du moins que vous laissez entendre, exige une publication dans un journal quotidien à grande diffusion. A quelles dates et dans quels quotidiens l’avis d’appel d’offres a-t-il été publié ?’’, se demandait-il.
Avant d’ajouter : ‘’Est-ce la raison pour laquelle le Secrétaire général du Gouvernement, ancien porte-parole et sentinelle de la Bonne gouvernance, sentant que les réponses de son collègue ministre n’étaient pas parvenues à calmer l’agitation née de l’octroi de ce marché de 17 milliards, est monté, à son tour, au créneau, pour, lui aussi, « éclairer la lanterne des Sénégalais ».
En effet, Abdoul Latif Coulibaly parlait de procédure d’appel d’offres restreint qui a été utilisée pour filer le marché à BN S .A. ‘’Or, dans le plan de passation de la Primature, il est mentionné, sous la référence « T_DAGE_41 », que le marché aurait été passé par la procédure d’appel ouvert suite à une modification. Dans le document figurant toujours dans le site www.marchespublics.sn, il est inscrit : « Réhabilitation et extension du Building Administratif ». ‘’, démonte Birahim Seck.
A la lumière de ces explications, ce spécialiste en passation de marché public s’interroge : ‘’Qui de Me Youm ou de Abdou Latif Coulibaly faut-il croire ? Qu’est ce qui a été modifié ? La nature de la réalisation ou le mode de passation? Pourquoi?’’ Monsieur Abdou Latif Coulibaly, homme de transparence, s’il en est, pouvez-vous publier la lettre faisant état de « la situation d’urgence » adressée à la DCMP pour solliciter de passer le marché par appel d’offre restreint ainsi que les motifs justifiant « l’impossibilité de respecter les délais prévus pour passer un appel d’offres. ‘’
S’inscrivant en faux contre les propos de Latif Coulibaly qui a précisé que le marché n’a pas été attribué à un ‘‘simple vendeur de carreaux , mais à un homme d’affaires respectable, qui a lutté pour devenir ce qu’il est, et qui apporte beaucoup à la Nation’’, Birahim Seck lui porte l'estocade.
‘’Certes, si nous saluons le mérite de M. Bamba Ndiaye pour avoir sué sang et eau et beaucoup travaillé pour devenir ce qu’il est aujourd’hui, il n’en demeure pas moins que BAMBA NDIAYE S.A, l’entreprise qui lui appartient « n’a pas une expérience en matière de restauration de bâtiment ». Cela, c’est M. Coulibaly lui-même qui l’avoue. Et de poursuivre : « c’est pourquoi il est allé s’associer avec des sociétés italiennes».

Daouda Gbaya

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( Les News )