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Obama exclut de s'excuser d'avoir libéré le sergent Bergdahl

Rédigé par leral.net le Vendredi 6 Juin 2014 à 18:30 | | 0 commentaire(s)|

Barack Obama a campé jeudi sur sa position et refusé de s'"excuser" face au feu croisé des républicains et de certains démocrates qui dénoncent sa décision d'échanger cinq cadres talibans contre le sergent Bowe Bergdahl en Afghanistan.


Obama exclut de s'excuser d'avoir libéré le sergent Bergdahl
L'affaire prend de plus en plus l'aspect d'une offensive politique contre le président, accusé d'avoir violé la loi en ne prévenant pas le Congrès de la libération de ces détenus de Guantanamo, d'avoir négocié avec des militants extrémistes et ainsi encouragé de futures prises d'otages. Pour ne rien arranger, les conditions de la capture de Bowe Bergdahl en 2009 restent floues et certains militaires de son unité se sont épanchés dans la presse, par le biais d'une agence de communication proche des républicains, l'accusant ouvertement d'avoir déserté.

Face au tollé, le président est resté droit dans ses bottes. "Nous avions un prisonnier de guerre dont la santé se détériorait, nous étions très inquiets, nous avons vu une opportunité et nous l'avons saisie", a-t-il lancé depuis Bruxelles, où il participait à une réunion du G7. "Je ne vais pas m'excuser pour cela", a-t-il ajouté, soulignant n'être "jamais surpris par les controverses qui agitent Washington". Sur la défensive, son administration a pourtant dû monter au front et envoyer les numéros deux du Conseil de sécurité nationale, du Pentagone et de l'état-major interarmées devant les sénateurs pour justifier l'échange lors d'une audition à huis clos.

Drogué ou malade
Ils leur ont présenté mercredi une vidéo de preuve de vie de Bergdahl fournie par ses ravisseurs et laissant penser que "sa vie, sa santé étaient en péril", a confié le chef du Pentagone Chuck Hagel dans un entretien à la BBC. "Il est clair dans cette vidéo que cet homme n'était pas en bonne santé. Il avait l'air soit drogué, soit fatigué ou malade", a relaté le sénateur démocrate Dick Durbin à l'issue de cette présentation. Le Conseil de sécurité nationale a confirmé jeudi l'existence de cette vidéo transmise en janvier, expliquant avoir eu à l'époque "des indications selon lesquelles la libération du sergent Bergdahl -- et potentiellement sa vie -- pouvait être compromise si des détails sur l'échange de prisonnier étaient révélés".

"Une grave erreur"
Mais les explications de l'administration sont loin de satisfaire les sénateurs. Même des démocrates qui, à l'instar de Joe Manchin, ne pardonnent pas à Barack Obama de ne pas avoir informé le Congrès 30 jours à l'avance du transfert des cinq détenus de Guantanamo, comme la loi l'exige. Nombre d'élus s'inquiètent que les cinq cadres talibans ne finissent par reprendre du service dans l'insurrection en Afghanistan une fois l'obligation de passer un an au Qatar écoulée. Le républicain Marco Rubio s'est ainsi dit "de plus en sceptique" sur le fait de savoir si c'était un "bon accord pour l'Amérique" car il va, selon lui, "encourager d'autres ennemis de l'Amérique à tenter de capturer des militaires américains".

Au moins sept élus n'ont pas hésité à effacer de leur compte Twitter des messages dans lesquels il saluaient la libération de Bergdahl. Même le républicain John McCain, lui-même ancien prisonnier de guerre au Vietnam, considère l'échange avec les cinq talibans comme une menace pour les Etats-Unis. "Je vous le dis, dans un an, si ce n'est plus tôt, ils seront de retour en Afghanistan pour y combattre", a-t-il lâché. Les soupçons pesant sur les conditions de la capture de Bergdahl à la suite d'un possible abandon de poste, sur lesquels l'armée a ouvert une enquête, n'arrangent rien.

Selon le New York Times qui s'appuie sur un rapport classifié de l'armée réalisé en 2009 après la disparition du soldat, Bowe Bergdahl avait déjà quitté son poste, une fois en Californie et une autre en Afghanistan. Face à la polémique, Fritz Haemmerle, le maire de Hailey, la ville de l'Idaho où a grandi Bergdahl, a annoncé au Los Angeles Times qu'il annulait les célébrations prévues à la fin du mois pour fêter sa libération.