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Occupation du Nord du Mali : Pourquoi la CEDEAO s’échine-t- elle à vouloir intervenir militairement ?

Rédigé par leral.net le Lundi 10 Septembre 2012 à 22:00 | | 0 commentaire(s)|

Après que le Mali soit parvenu à mettre sur pied un «Gouvernement d’Union nationale » de large consensus, l’opinion africaine attendait, comme le reste du monde, à ce que la CEDEAO, se range derrière ce Gouvernement légitime, pour appuyer sa stratégie de libération du Nord de son pays, occupé des hordes d’agresseurs.


Occupation du Nord du Mali : Pourquoi la CEDEAO s’échine-t- elle à vouloir intervenir militairement ?
A cet effet, ce Gouvernement a décliné sa feuille de route dans laquelle, il a clairement défini ses attentes en direction de la CEDEAO et de la Communauté internationale.

Le Mali s’attend à ce que la CEDEAO accompagne son armée en matière de formation, en équipement, et dans les actions de déminage des zones occupées par les agresseurs. Et une fois les zones occupées libérées, l’assister pour leur sécurisation.

Le Mali estime qu’avec le « Gouvernement d’Union nationale » de large consensus, il n’y a plus de problème de « sécurisation des Institutions de la Transition », et le seul besoin urgent qu’il a, c’est de remettre son Armée nationale dans des conditions qui lui permettent d’assumer sa mission de défense de l’intégrité territoriale du pays, qui passe nécessairement par la libération du Nord occupé par des envahisseurs.

Devant une feuille de route aussi explicite, pourquoi la CEDEAO continue de tergiverser ? Pourquoi elle maintient le blocage en Guinée des armes dûment achetées par l’Etat Malien ? Pourquoi elle s’obstine à vouloir dépêcher une force de plus de 3000 hommes au Mali, sous prétexte de « sécuriser les institutions de la Transition » et de libérer le Nord du Mali ? Pourquoi elle ne lève pas les sanctions contre les Autorités militaires qui se sont réconciliées avec la « classe politique » et la Société civile, dans le cadre d’un « Gouvernement d’ Union nationale » de large consensus, au tour d’un « programme de libération du Nord, et de préparation de la tenue d’élection présidentielle à la fin de la Transition » ?

Cette attitude inexplicable de la CEDEAO vient d’être éclairée, ce Vendredi 7 Septembre 2012, par le Président de l’Union Africaine, YAYI BONI, Chef de l’Etat du Bénin.

En effet, selon le site Maliweb.net, le Chef de l’Etat béninois, a révélé, lors d’une conférence de presse, Vendredi soir, qui a sanctionné la brève visite de son homologue ghanéen à Cotonou, avoir appelé le Président ivoirien Allassane Ouattara, qui assume actuellement la Présidence de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en ces termes : « Nous demandons expressément à notre Président des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO de convoquer une session extraordinaire de l’institution sous régionale, pour que nous puissions écouter les chefs d’état-major de nos armées qui se sont réunis à maintes reprises sur la crise malienne, pour les conduites à tenir et que nous allons apprécier ». Il ajoute : « Le temps que nous avons mis pour le règlement de la question de la démocratie au Mali nous a beaucoup coûté. Il est temps de créer des conditions d’instauration d’une vraie démocratie à Bamako. Cette démocratie doit nous permettre de trouver une issue à la crise profonde qui affecte le Mali depuis plusieurs mois ».

Pour cela, il a estimé qu’« Il faut que la junte s’écarte de la vie politique, de l’animation des institutions politiques, pour que nous trouvions une issue rapide à cette crise malienne, et que l’on règle cette question préalable à mon avis, parce que, c’est la résolution tardive de cette question qui fait qu’aujourd’hui, nous sommes arrivés à une situation qui vienne aggraver la situation au Mali ».

Il est donc sans équivoque, que pour la CEDEAO et le Président de l’Union Africaine, le problème du Mali n’est pas son agression extérieure et son occupation par des groupes islamistes qui y ont chassé leurs compliques Maliens indépendantistes de l’AZWAD, mais l’absence de « conditions d’instauration d’une vraie démocratie à Bamako » ! Ils oublient ainsi volontairement que l’irruption de la junte dans le champ est consécutive à l’agression dont le Mali est l’objet et à l’occupation de la partie Nord de son territoire.

L’intervention militaire de la CEDEAO devrait servir à « écarter la junte de la vie politique », donc faire la guerre à l’Armée Malienne ! Et l’on comprend mieux les raisons du blocage, en Guinée, par la CEDEAO, de la cargaison d’armes achetées par l’Etat Malien. N’est- ce pas le meilleur moyen de consacrer l’occupation de ce pays par des forces armées étrangères, et sa partition entre le SUD et le NORD sous contrôle de l’AZAWAD, après y avoir chassé les islamistes ?

C’est ce projet initial, parrainé par Sarkozy, que Hollande met en œuvre, après avoir reçu pompeusement le Chef de l’Etat du Bénin pour lui confirmer la position de la France sur la question.

La CEDEAO et le Président de l’Union Africaine ont, avec la constitution d’un « Gouvernement d’Union nationale » de large consensus, perdu leurs marges de manœuvre pour justifier une intervention militaire au Mali. Ils ont espéré écarter la junte dans le cadre d’un Gouvernement, pour pouvoir intervenir militairement, mais ils ont obtenu un Gouvernement de « réconciliation nationale » autour du Président intérimaire, du Premier Ministre de Transition, et des représentants de junte, avec l’exclusion des anciens Ministres des Affaires étrangères et de la Communication, Porte- parole du Gouvernement, soupçonnés d’être proches des Présidents de Côte d’Ivoire et du Burkina.

Ils sont donc obligés de jeter leurs masques et de se préparer, sans états d’âme, avec l’appui de la France, à faire la guerre au Gouvernement légitime du Mali et à son Armée, pour y « créer les conditions d’une vraie démocratie ». BONI, OUATARA, BLAISE s’autoproclament « les garants d’une vraie démocratie au Mali ».

Les patriotes africains ne devraient pas laisser faire ces suppôts de la Françafrique à la sauce socialiste, et devraient se mobiliser pour arrêter ces fossoyeurs de la Démocratie et de nos frontières héritées du colonialisme.

Le Président Macky Sall est appelé, dans ce contexte, à se démarquer de cette entreprise anti africaine et anti démocratique, en gardant ses positions de refus d’envoyer, sous l’égide de la CEDEAO, des forces combattantes au Mali, et devrait aussi, répondre positivement à la demande du Président Diacounda et de son « Gouvernement d’Union nationale » de large consensus, de soutien en formation de l’Armée Malienne. Et cela, dans la pure tradition de coopération en matière de formation entre nos deux armées.




Dakar le 9 Septembre 2012
Ibrahima Séne / BBY