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Oubliez le circonflexe, des internautes demandent une langue moins sexiste

le 5 Février 2016 à 15:39

Si on accepte «nénufar» alors pourquoi ne pas dire «autrice»?


Oubliez le circonflexe, des internautes demandent une langue moins sexiste

La réforme orthographique, approuvée en 1990 par l’Académie Française et qui va être appliquée à la rentrée 2016 dans les manuels scolaires, a beaucoup fait réagir les internautes, avec le hashtag #JeSuisCirconflexe.

Mais certain-es ont regretté qu’il y ait une telle mobilisation pour l’accent circonflexe (qui, rappelons-le, ne disparaît pas) alors qu’il y en a généralement peu pour une grammaire française plus égalitaire.

Car quitte à réformer, pourquoi ne pas revoir certaines règles sexistes de notre langue?

C’est en tout cas ce que voudraient certain-es qui se moquent un peu de cette réforme de l’orthographe…

…quand d’autres changements leur semblent plus prioritaires.

Notamment pour la règle du «masculin qui l’emporte que le féminin».

Cette règle a été défendue par l’abbé Bouhours en 1675 de la manière suivante: «Lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte».

Pour le grammairien Nicolas Beauzée, en 1767, «Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle».

Comme l’explique Eliane Viennot, professeure de littérature qui a écrit l’ouvrage Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin!  cette règle a été inventée en France seulement au XVIIe siècle. Dans cette tribune, elle décrit: «D’anciens textes montrent même que jusqu’au milieu du 19e siècle, cette règle n’était pas appliquée. C’est l’école primaire obligatoire qui a fini par l’imposer.»

Comment faisait-on avant? Il était possible d’utiliser la règle «de proximité»  selon laquelle on accorde en genre et en nombre du dernier nom d’une énumération.

Mais cette règle n’est pas la seule trace de sexisme dans la langue française. D’autres voudraient aussi que toutes les déclinaisons féminines des noms de métier entrent enfin dans les mœurs. Comme avec «autrice» par exemple.

Car, oui, le féminin de «auteur» était bien «autrice». Comme pour acteur/actrice, aviateur/aviatrice…

L’association Osez le féminisme a posté un visuel de l’illustratrice Florence Dellerie qui rappelle que c’est l’académie française a voulu supprimer l’usage du mot «autrice» au XVIIe siècle, pour des raisons idéologiques.

Car si l’Académie française a bien approuvé la réforme de l’orthographe en 1990…

…elle a beaucoup plus de mal avec la «féminisation» des noms.

En novembre 2015, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes a publié un guide pour une communication publique sans stéréotype de sexe.

En novembre 2015, le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes a publié un guide pour une communication publique sans stéréotype de sexe.

Il rappelle qu’en 2008 le Conseil de l’Europe a adopté une recommandation pour «l’élimination du sexisme dans le langage»…

Il rappelle qu'en 2008 le Conseil de l'Europe a adopté une recommandation pour «l'élimination du sexisme dans le langage»...

…et donne quelques exemples pour la féminisation des noms de métiers.

...et donne quelques exemples pour la féminisation des noms de métiers.
Oubliez le circonflexe, des internautes demandent une langue moins sexiste
NBC / Via yourreactiongifs.tumblr.com

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